Même si elle ne jouit pas d'une bonne... presse auprès des autorités algériennes, l'organisation Reporters sans frontières (RSF) n'a pas manqué l'occasion de la nomination du nouveau Premier ministre pour le saisir et lui soumettre une série de recommandations en faveur de la liberté de la presse en Algérie.Dans une lettre adressée à Abdelmadjid Tebboune et rendue publique hier, RSF recommande au gouvernement algérien "d'encourager une régulation du secteur qui passerait par l'Autorité de régulation de l'Audiovisuel (Arav), instance dont l'autonomie financière et l'indépendance morale doivent être préservées, notamment pour ce qui relève de l'octroi des licences aux chaînes télévisuelles". Cette recommandation s'appuie sur le constat des déboires vécus par les deux chaînes Atlas-TV et El Watan-TV, fermées par les autorités en 2015, et par l'empêchement de la transaction entre le groupe El Khabar et Nesprod. "RSF s'inquiète (également) du sort réservé aux médias audiovisuels privés qui, lorsqu'ils sont critiques, se voient quasi systématiquement harcelés, voire fermés, sans aucune consultation de l'instance de régulation. Ainsi en 2015, le gouvernement algérien a donné l'ordre de fermer deux chaînes de télévision (El Atlas TV et El Watan TV). En 2016, une action en justice intentée par le ministère de la Communication a mené à l'annulation de la revente du média arabophone El Khabar au groupe NessProd, filiale de l'entreprise Cevital", rappelle RSF. Autres recommandations : révision des critères de distribution de la publicité, considérée comme moyen de pression sur les médias, et levée des pressions sur les journalistes et la censure sur internet. "Ces établissements publics (Anep et imprimeries) devraient revoir les critères de distribution de la publicité publique et les échéanciers imposés de manière soudaine par les imprimeries aux titres de presse", note le texte signé par Christophe Deloire, SG de RSF. "Nous considérons essentiel que soit respectée la liberté d'informer des journalistes et médias sur internet, en accord avec l'article 50 de la Constitution de mars 2016, qui prévoit que la liberté de la presse écrite, audiovisuelle et sur les réseaux d'information est garantie, sans aucune forme de censure préalable", ajoute-t-il. Aussi recommande-t-il l'amendement du code pénal, texte sur la base duquel ont été engagées des poursuites contre Mehdi Benaïssa et Riad Hartouf. "Un amendement de ce texte est nécessaire afin que soient définitivement dépénalisées les infractions de presse, en conformité avec la Constitution algérienne et les engagements internationaux de l'Algérie en matière de liberté d'information et de presse." RSF ne manque pas, enfin, de rappeler que l'année 2016 a été tragique pour la presse algérienne notamment après la mort en prison, le 11 décembre dernier, du journaliste Mohamed Tamalt condamné pour "outrage à corps constitués" pour des propos publiés sur Facebook. "Aucune enquête n'a été ouverte sur les circonstances de sa mort, la famille reste ainsi sans aucun élément d'explications de la part des autorités pénitentiaires", rappelle RSF.Karim Kebir
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Posté Le : 24/06/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Kebir
Source : www.liberte-algerie.com