Algérie

Les «rassureurs»



Ils n'arrêtent pas de « rassurer » les algériens : il n'y a aucun danger dans les rangs du mouvement populaire... condamné à garder le caractère pacifique qui l'a caractérisé jusque-là. Personne ne peut soutenir le contraire, cette force apaisée et déterminée constitue la vertu cardinale par laquelle la contestation a brassé large dans la société et au-delà des frontières séduit le monde. Peut-être que la question ne se pose même pas, en tout cas pas dans ces termes et dans le sens qu'ils suggèrent. On veut bien croire que les jacqueries violentes et allant droit dans le mur, ce n'est plus de notre temps, elles n'offrent aucune perspective sérieuse d'émancipation et de toutes façons, elles ne mobiliseront pas grand-monde pour les réaliser. Le problème est qu'en l'occurrence, on est déjà dans la révolte-fiction. Personne ne passe de nuits blanches à l'idée que ce scénario se précise. Pourquoi ' Parce qu'il y en a un autre, bien réel parce que visible, lisible et audible. Celui-ci fournit chaque jour plus d'indices, formule de plus grandes ambitions et esquisse les modes opératoires. En la matière, il n'y a rien de vraiment nouveau. « Même pas original », pour être dans le langage tendance, le verbe à la mode, quoi. Les moins jeunes, de l'intérieur du pavé ou en dehors connaissent la musique. Il n'y a que ceux qui en nient l'air, en jouent sur d'autres tons ou dirigent carrément l'orchestre qui l'évacuent. Tout ce beau monde se retrouve pour servir la même sornette à un public rassemblé autour d'une autre mélodie et pour l'essentiel guettant un autre tutti quanti, l'instant promis où s'accordent tous les violons. En tout état de cause, ce n'est pas d'un concert qu'il s'agit, il faut donc revenir au verbe simple en remettant les pieds sur terre. Pour plein de choses mais d'abord celle-là : en même temps que les rassureurs... rassurent, ils jouent aux lanceurs d'alerte. Ça leur arrive même de le faire sur un ton de vierges effarouchées ! Ce n'est pas vraiment leur vocation, ils n'ont pas comme on dit « la gueule de l'emploi » mais ils y vont quand même : le Hirak restera pacifique. Et pourquoi il cesserait donc de l'être ' Parce qu'il y a des gens qui attirent l'attention sur des slogans, sur des comportements, sur des discours, sur des états de service et enfin sur une trajectoire qui se dessine pour une insurrection qui promettait tant ! Astucieux et commode, non ' Ce ne sont pas les soldats, résidus d'une horreur passée ou tirés d'un nouveau cru qui font peser la menace d'une nouvelle horreur. Ce sont ceux qui ne veulent pas foncer la tête baissée, ceux qui veulent comprendre, ceux qui veulent en parler ! Les rassureurs, eux, rassurent ou alertent, selon les situations. Et ils ne se recrutent pas toujours là où on les attend.S. L.


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