Algérie

Les raisons de l'acharnement des narcotrafiquants



Les raisons de l'acharnement des narcotrafiquants
La saisie, le 11 du mois en cours, de plus de 8 tonnes de résine de cannabis par les gardes-frontières (GGF) de Aâricha et Bab-Aassa, respectivement 25e et 19e GGF de Tlemcen relevant de la Gendarmerie nationale, alourdit le poids des drogues saisies depuis le début de l'année en cours.
Selon la gendarmerie, 59 tonnes de drogue ont été saisies en cinq mois aux frontières nord-ouest et sud-ouest du pays. Un «record» qui illustre l'acharnement des narcotrafiquants à inonder le pays en stupéfiants. Trente tonnes de résine de cannabis ont été saisies durant la même période dans la seule wilaya de Tlemcen, frontalière avec le Maroc.
Solidement implantés en Europe et au Maroc, des réseaux de trafic de drogue pour lesquels l'Algérie est une cible de choix, utilisent parfois des véhicules de luxe volés en Espagne et en Belgique pour le transport des stupéfiants vers l'Algérie à partir du Maroc.
L'étroite collaboration conclue entre la Gendarmerie nationale et Interpol a pu remonter des filières et permettre un échange de renseignements précieux ayant permis d'identifier des barons tapis dans l'ombre à l'étranger, et ayant amassé des fortunes colossales blanchies dans l'immobilier dans des endroits paradisiaques à travers le monde.
Pourquoi la recrudescence ces derniers temps du trafic de stupéfiants en direction de l'Algérie ' Quoi qu'elle ne constitue pas l'unique raison, l'actuelle situation sécuritaire prévalant en Egypte, en Libye, en Tunisie et au Mali favorise le trafic puisque les narcotrafiquants exploitent la donne pour acheminer des quantités de plus en plus importantes de stupéfiants. C'est ce qu'expliquent des enquêteurs.
Les quantités astronomiques de stupéfiants acheminées vers l'Algérie sont destinées par les trafiquants à être transportées vers la Libye, le Mali et le Liban. Pis, les tonnes de cannabis qui transitent par l'Algérie sont destinées à Israël, à la Libye, au Mali, au Liban, à la Jordanie et à l'Europe, selon des enquêtes menées par la Gendarmerie nationale.
Le capitaine Hellal témoigne
C'est ainsi que l'Algérie, par les nombreuses saisies opérées dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants, constitue un rempart à ce trafic international de la drogue. Quelques heures après les deux opérations réussies du 11 juin en cours, les éléments de la 25e GGF d'Aâricha à Tlemcen exprimaient leur satisfaction quant à la saisie de 69 quintaux de kif traité interceptés à 100 mètres seulement du tracé frontalier algéro-marocain. Le capitaine Hellal, chef par intérim de la section de recherches, témoigne :
«C'était vers 1h du matin. Nous étions embusqués et prêts à agir au cas où des narcotrafiquants utiliseraient la bande frontalière pour tenter, comme à l'accoutumée, d'acheminer de la drogue en territoire national», dira-t-il. «Nous étions sur nos gardes, d'autant qu'il y avait ce jour-là le match de football entre l'Algérie et le Mali (joué quelques heures auparavant).
Un genre d'évènement que les narcotrafiquants tentent d'exploiter pour introduire des quantités de stupéfiants via les frontières algériennes, croyant que la vigilance des GGF allait se relâcher. Quelques dizaines de minutes après, soit à 1h30 du matin, deux véhicules de marque Mercedes Benz (Sprinter) avaient franchi la frontière, venant du Maroc et se dirigeant vers l'Algérie.
«Les narcotrafiquants pourraient piéger des véhicules bourrés de stupéfiants»
«Les narcotrafiquants roulaient à faible vitesse pour éviter de faire du bruit qui pourrait alerter les GGF, mais nous les avions déjà repérés. Dix minutes après, nous avons lancé l'assaut contre les deux fourgons. Les occupants des deux véhicules ont vite quitté les deux véhicules, fuyant vers le Maroc à la faveur de la nuit, et profitant du caractère accidenté du terrain. Lorsque nous avons passé les deux fourgons au peigne fin, les artificiers avaient déjà fait leur travail, c'est-à-dire vérifié si les deux fourgons n'étaient pas piégés.
C'est une éventualité que nous prenons au sérieux puisque les narcotrafiquants sont classés, en termes de lutte contre la criminalité organisée, au même titre que les terroristes, ce qu'il ne faut pas oublier, car ils peuvent laisser des engins explosifs à l'intérieur de leurs véhicules bourrés de kif. C'est pourquoi nous intervenons toujours après le travail des artificiers qui vérifient si les véhicules sont piégés ou non», ajoute l'officier de gendarmerie. «Pour revenir à notre sujet, nous avons saisi à l'intérieur des deux fourgons 6,9 tonnes de cannabis», dit-il.
La 19e GGF de Bab Aâssa, toujours à Tlemcen, a réussi une opération similaire presque simultanément, qui s'est soldée par la récupération de plus de 1,1 tonne de kif traité. A Bab Aâssa, une montagne de drogue était exhibée avant-hier par les gardes-frontières en signe de victoire contre les narcotrafiquants. Le colonel Boukhbiza Nourredine, commandant de la compagnie de Gendarmerie nationale de Tlemcen, se félicite du travail mené par les GGF dans le cadre de la lutte contre les trafiquants de drogue :
«Ici, les narcotrafiquants ont tenté de faire passer plus d'une tonne de kif en utilisant un véhicule de luxe de marque Volkswagen Sharan, volé en Belgique. C'était vers 3h45mn du matin, quelques heures après le coup réalisé à Aâricha'; les narcotrafiquants ont réédité leur coup en prenant le chemin de Bab Aâssa pour essayer d'acheminer la drogue. Nos éléments en embuscade ont repéré le véhicule et procédé à l'interception de la drogue, mais les trafiquants ont pu s'échapper en direction du Maroc», regrette-t-il.
C'est à une véritable toile d'araignée que fait face la gendarmerie dans sa lutte contre le trafic de stupéfiants au niveau des frontières ouest. Différentes enquêtes faites par ce corps des forces de sécurité ont permis de lever le voile sur une bonne partie de ce trafic. C'est ainsi qu'il a été établi que les narcotrafiquants marocains sont en train de renforcer leur organisation en bénéficiant de l'aide précieuse de leurs acolytes établis en Europe.
Ces derniers sont établis généralement en Espagne et en Belgique, là où de fortes communautés marocaines sont implantées. Les réseaux choisissent les villes à forte communauté marocaine pour tenter de passer inaperçus. C'est là que des voitures de différentes marques, entre autres des Range Rover, Mercedes Benz, Volkswagen et Audi A5 sont volées en Europe puis envoyées au Maroc pour être aménagées de façon à être bourrées de kif et acheminées vers l'Algérie.
Ce sont en tout cas des éléments d'enquêtes menées par les gendarmes qui, au fil des saisies de drogue, ont pu élucider les techniques des réseaux de trafic de cannabis. «Il s'agit de crime organisé. La Gendarmerie nationale s'adapte selon la spécificité du crime dans chaque région du pays.
Pour ce qui est de Tlemcen, nos éléments ont acquis une expérience dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants et le crime organisé. Grâce à cette expérience, nos éléments ont pu s'organiser rapidement et efficacement contre les criminels», dira le colonel Abdelhamid Kerroud, responsable de la communication à la cellule de communication de la Gendarmerie nationale.
Libye, Tunisie et Mali, de nouveaux marchés
La quantité de drogue saisie jusqu'au 11 juin depuis le début de l'année en cours s'élève à 60 tonnes, alors que pour les années précédentes, durant la même période, elle était de moitié. La réponse se trouverait dans le fait que l'Algérie est devenue aujourd'hui une voie privilégiée pour les narcotrafiquants, car l'étau s'est resserré en Espagne dont la piste a été abandonnée par les barons de la drogue. Ajouté à cela, l'insécurité en Libye et une certaine tension en Tunisie et en Egypte, et également la situation explosive
au Mali, pays que les narcotrafiquants croient, avec ces situations, pouvoir transformer en grands consommateurs de stupéfiants. «De nouveaux marchés en perspective, selon les narcotrafiquants», explique un enquêteur. Il existe une autre explication à cette montée du trafic, celle liée au fait que les stocks de drogue se trouvant dans les dépôts au Maroc affichent complet.
Il s'agit de la drogue de l'année passée dont les narcotrafiquants comptent se «débarrasser» à tout prix en les acheminant vers l'Algérie. La drogue produite cette année remplacera ainsi celle de l'année dernière se trouvant dans les dépôts.




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