Algérie

LES RAISONS D'UNE REHABILITATION SURPRISE



LES RAISONS D'UNE REHABILITATION SURPRISE
Abdelaziz Bouteflika aura accompli son dispositif de guerre en procédant à deux nominations surprises, celles de Ahmed Ouyahia et de Abdelaziz Belkhadem. Les deux anciens chefs de gouvernement auront ainsi à affronter la campagne électorale en position dominante.Kamel Amarni - Alger (Le Soir)En procédant à la désignation de Abdelaziz Belkhadem comme ministre d'Etat, conseiller spécial du président de la République et, surtout, de Ahmed Ouyahia comme directeur de cabinet de la présidence de la République avec, lui aussi, rang de ministre d'Etat, Bouteflika aura donc tout fait pour compenser son absence physique lors d'une campagne électorale particulière et inédite.Pour donner du poids à sa candidature propre, celle du pouvoir donc, Bouteflika se fait ainsi représenter par les plus hauts responsables des institutions du pays, regroupés dans une direction de campagne qui compte désormais, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, les présidents des deux Chambres du Parlement Abdelkader Bensalah et Larbi Ould Khelifa, le directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia, un conseiller spécial du Président, Abdelaziz Belkhadem, deux ministres en exercice, Amara Benyounès et Amar Ghoul, un ancien président du Conseil constitutionnel, Boualem Bessaïeh, et deux anciens présidents de l'Assemblée, Abdelaziz Ziari et Amar Saâdani ! La composante même de ce directoire offre déjà un aperçu sur l'issue du rendez-vous du 17 avril prochain, une simple formalité désormais ! Le pouvoir est, lui, en effet, dans l'après-17 avril et c'est sous cet angle-là qu'il convient de faire lecture des deux nominations de Ouyahia et de Belkhadem.Fortement diminué par sa lourde maladie, Bouteflika a dû rétropédaler et revoir ses calculs d'avant le 27 avril 2013. Début septembre 2012, que l'on se rappelle, Bouteflika entamait l'opération de mise à l'écart de ses deux personnalités de haut rang, dans sa stratégie globale de la préparation du terrain pour un quatrième mandat. La stratégie était toute simple : s'imposer comme candidat du fait accompli en éliminant toutes les têtes qui émergeaient. Ainsi, Ouyahia est limogé de la tête du gouvernement le 3 septembre 2012 et Belkhadem du gouvernement le lendemain 4 septembre.Début janvier 2013, Ouyahia est contraint de démissionner de son poste de SG du Rassemblement national démocratique. Idem pour Belkhadem, quelques semaines plus tard, et qui sera renversé lui aussi de son poste de SG du FLN.Les deux hommes s'éclipseront de la scène médiatique, depuis, sans faire de vagues. Une attitude qui s'avérera payante pour l'un et l'autre.Le lourd AVC qui frappera Bouteflika en cours de route chamboulera quelques données au sommet. Seul le Pemier ministre, Abdelmalek Sellal, comblera, pendant des mois, un vide institutionnel d'autant plus manifeste que, depuis la mise à l'écart de feu Larbi Belkheir au lendemain des présidentielles de 2004, il n'y avait plus aucune autorité politique forte au niveau de la première institution du pays, la présidence de la République ! Lorsque Bouteflika s'éclipse, c'est le frère conseiller, Saïd Bouteflika, qui prend les commandes certes, mais son rèle est «officieux». Trop «transparent», n'ayant aucune autorité politique, un fonctionnaire comme Mohamed Moulay Guendil n'avait jamais eu, ni l'envergure, ni d'ailleurs l'ambition de prétendre combler le vide laissé par feu le général Larbi Belkheir à ce poste si stratégique de directeur de cabinet de la présidence de la République. Ce poste est d'abord politique. Il constitue le centre opérationnel d'où partent toutes les décisions et à tous les niveaux. Son titulaire est, de fait, le véritable numéro deux dans la hiérarchie.En bonne santé, Bouteflika se suffisait d'un Guendil dont le rang et le rèle avaient été réduits à leur plus simple expression. Or, le rappel d'une forte personnalité comme Ouyahia pour occuper un tel poste ne signifie qu'une seule chose : Bouteflika a décidé de mettre «un pilote aux commandes de l'avion».Quant à Abdelaziz Belkhadem, il est clair que son nouveau statut a déjà de quoi inquiéter un certain Amar Saâdaniâ€?.




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