Les raisons d'un succès
L'image d'homme modeste et intègre d'Ismaïl Haniyeh, un des leaders de Hamas qui pourrait se voir confier la direction du gouvernement palestinien, tranche avec la réputation de corruption qui colle à la peau des dirigeants du Fatah. Il réside dans le camp de réfugiés de Chatti, l'une des zones les plus pauvres de Ghaza. Sa maison modeste fait face, de l'autre côté de la ville, aux villas cossues des responsables du Fatah. « Voilà une des raisons qui ont amené les Palestiniens à mettre sur le devant de la scène moyen-orientale le mouvement Hamas », jugent les observateurs. Au lendemain de la victoire du mouvement islamiste aux élections législatives palestiniennes, les analystes se disent « non étonnés » de ce qui est qualifié de « tsunami politique ». D'autres le qualifient de séisme qui a ébranlé des territoires longtemps sous le parapluie du mouvement créé par Yasser Arafat. « Les Palestiniens ont voté contre le Fatah parce qu'ils en ont assez du copinage, de la corruption et de l'incompétence avec lesquels il a gouverné. En ce sens, il s'agit d'un vote-sanction », estime le journal saoudien Arab News, répondant ainsi à la question récurrente « Pourquoi Hamas ' ». En dépit du fait qu'il soit hostile au parti vainqueur, le président américain George Bush, dont l'administration a inscrit Hamas sur la liste des mouvements terroristes, retentit également du même son de cloche. En effet, le chef de la Maison-Blanche a usé d'un discours « réaliste » en faisant porter le chapeau au parti nationaliste. Selon le président américain, le Fatah a failli en négligeant les besoins les plus élémentaires du peuple. « Les Palestiniens ont besoin d'être soignés et d'aller à l'école », a-t-il dit, faisant ainsi allusion à des principes cardinaux sur lesquels l'Autorité palestinienne aurait dû concentrer ses efforts. Tenter de répondre à la question « Pourquoi Hamas ' », c'est essayer de s'imprégner aussi de la réalité d'un terrain « social », quasi monopolisé par le mouvement créé par le défunt cheikh Yassine. En effet, Hamas prend sur son compte une bonne partie des pensions des familles des moudjahidine, des rentes régulières sont versées aux ménages nécessiteux ou encore le financement des mariages. Une organisation ne laissant rien au hasard que les Palestiniens ont fait naturellement peser sur la balance. « Pourquoi Hamas ' » La question devrait être posée également à Israël qui avait « emprisonné » Abou Ammar, chef du Fatah, entre quatre murs à Ramallah et tué de sang-froid le chef spirituel de Hamas, cheikh Yassine. D'aucuns estiment que ces deux faits seraient calculés : un prélude par excellence à neutraliser politiquement Fatah et en deuxième lieu « raviver » le radicalisme des Palestiniens.
Posté Le : 28/01/2006
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Zerrouk
Source : www.elwatan.com