Algérie

Les raisons absurdes d'un verrouillage



Intervenant, mercredi dernier, lors de l'émission « Tahaoulat » de la radio Chaîne I, le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, a exclu l'hypothèse de voir, à moyen terme, les pouvoirs publics libéraliser le champ audiovisuel. Bien entendu, comme ses nombreux prédécesseurs, M. Mihoubi a justifié le maintien sous état d'urgence ou sous contrôle du secteur audiovisuel en parlant de « spécificités » de l'Algérie. Des spécificités qui font que l'Algérie est le seul pays, avec la Corée du Nord et l'Erythrée, à n'avoir qu'une seule chaîne de télévision. Que l'opinion se détrompe ! La démarche des tenants du pouvoir ne participe pas d'une volonté de protéger les médias publics de la concurrence mais plus de mettre particulièrement la télévision et la radio à son service exclusif. A l'exception des grands rendez-vous électoraux, les hommes politiques de l'opposition sont pour ainsi dire interdits d'antenne.Cela vaut également pour les responsables des syndicats autonomes, dont les organisations sont pourtant majoritaires dans le secteur de la Fonction publique. Il n'est sans doute pas faux de dire que la télévision algérienne n'a pas abrité un seul débat contradictoire ces quinze dernières années. Seul le discours officiel trône en maître absolu à la télévision algérienne. Le verrouillage imposé par les autorités est cependant ridicule dans la mesure où les voix discordantes ont la possibilité de s'exprimer librement sur les plateaux des chaînes de télévision étrangères. Des chaînes, qui plus est, réalisent souvent des records d'audimat en Algérie. C'est le cas, par exemple, des chaînes arabes et françaises qui ont réussi la prouesse, en l'espace de quelques années, de fidéliser des millions de téléspectateurs.Dès lors, une question toute simple se pose : pourquoi refuser d'« ouvrir » et de continuer à interdire aux gens de s'exprimer librement chez eux et sur les plateaux de l'ENTV puisqu'ils ont toute latitude de crier « pouvoir assassin » ou tout simplement de donner leur opinion sur un simple fait d'actualité sur de grandes chaînes satellitaires, et cela tout en ayant aussi la certitude qu'ils seront regardés par leurs concitoyens ' La tentative du Pouvoir d'isoler les téléspectateurs du monde extérieur et de mener son entreprise d'endoctrinement à grande échelle aurait sans doute réussi à l'époque où les paraboles n'existaient pas encore. Or, il y a bien longtemps que la conduite de projets aussi cyniques sont voués à l'échec. En réalité, en coupant la télévision nationale de la société et en interdisant à des Algériens d'investir dans le secteur de l'audiovisuel, les décideurs ne font rien d'autre qu'offrir sur un plateau d'argent le marché algérien aux chaînes de télévision étrangères. Il n'est pas faux de dire aussi qu'en agissant de la sorte, ils tuent pratiquement à bout portant l'ENTV. Car il faut bien reconnaître que cela fait bien longtemps qu'une grande partie des Algériens s'est détournée d'elle.


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