Algérie

Les putschistes s'enfoncent dans leur logique


Les putschistes s'enfoncent dans leur logique
Ses anciens dirigeants incarcérés, ses institutions dissoutes, la Guinée-Bissau fait la sourde oreille à la communauté internationale. La junte a fermé les frontières. Le Portugal, ancienne puissance coloniale, a envoyé deux navires militaires. Une délégation de l'Ouest africain se rend dans le pays pour plaider un retour à l'ordre constitutionnel, mais, apparemment, pour rien.
La junte militaire a installé son Conseil national de transition pour désigner les nouvelles autorités qui président aux destinées de la Guinée-Bissau. L'opposition au président destitué, en accord avec la junte, est partie prenante dans ce CNT qui devait lundi formuler ses propositions aux putschistes : la composition de l'organe de transition copié sur les exemples libyens et syriens, la durée de son mandat et ses objectifs. Toutes les institutions du pays ont pour leur part été dissoutes. En effet, la dissolution des institutions et la création du CNT ont été décidées lors d'une longue réunion entre les putschistes et les dirigeants de 22 partis, sur les 35 du pays.
Dans l'attente de la mise en place effective du CNT, deux commissions ont été créées, l'une chargée des affaires diplomatiques et l'autre des affaires sociales qui va gérer les affaires courantes. La commission diplomatique devait rencontrer lundi la délégation de la Cédéao, chargée de demander un retour à l'ordre constitutionnel. Il n'est pas dit que la junte de Guinée-Bissau cédera comme l'a fait auparavant son homologue malien en restituant sa constitutionnalité au Mali, sous la pression internationale, de la Cédéao particulièrement qui joue un rôle déterminant dans l'Afrique de l'Ouest. La Guinée-Bissau n'est ni la Mali ni la Côte d'Ivoire. L'attitude irrédentiste de sa junte inquiète les voisins de la Guinée-Bissau et l'ancienne puissance coloniale, le Portugal.
La Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) a ainsi défendu dimanche la création d'une force sous l'égide des Nations unies. Et Lisbonne, sans attendre, a dépêché vers Bissau deux navires et un avion militaires afin d'organiser l'évacuation de ses ressortissants. La réplique de la junte n'a pas tardé : elle a annoncé la fermeture jusqu'à nouvel ordre des frontières maritimes et aériennes. Le coup d'Etat du 12 avril illustre une nouvelle fois le rôle majeur et déstabilisateur de l'armée en Guinée-Bissau. Un petit pays qui a obtenu son indépendance du Portugal en 1974, après une longue et meurtrière guerre de libération menée par le PAIGC d'Amilcar Cabral, un mouvement révolutionnaire. Bissau devait, plus tard, sombrer jusqu'à devenir une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe ! Cela dit, le coup d'Etat n'est pas largement partagé dans le pays. Officiellement, le chef d'état-major de l'armée, le général Antonio Indjai, a lui aussi été mis aux arrêts, selon la junte. Mais à Lisbonne, l'ex-ministre bissau-guinéen des AE, Mamadou Djalo Pires, l'a accusé d'être à l'origine du coup d'Etat, affirmant que l'annonce de son arrestation était une farce. Un sentiment largement partagé à Bissau, où journalistes et observateurs jugent que le général Indjai était derrière ces nouvelles convulsions.
D. B.


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