Algérie

Les propositions des patrons



La Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) a présenté, hier, un "Livre blanc" sur l'entreprise et le développement économique. Ce document série les obstacles auxquels sont confrontés les opérateurs et propose des solutions à mettre en ?uvre pour dynamiser la croissance.L'Algérie est à la croisée des chemins pour son développement. C'est, du moins, ce qu'a souligné la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) dans l'introduction d'un "Livre blanc" sur l'entreprise et le développement économique présenté, hier, à l'hôtel El-Aurassi.
"Notre initiative de rédiger un Livre blanc sur l'entreprise et le développement économique procède d'une évaluation du contexte actuel et de la conjoncture qui entoure la vie des entreprises pour sortir au plus vite de la crise sanitaire et de se projeter dans un avenir de croissance dans une sérénité et un esprit de collaboration et de partage", explique le président de la CAPC, Sami Agli.
Le président de la République, rappelle-t-il, a donné le cap pour l'année 2022, qui doit être "une année d'économie par excellence, de renouveau économique et de changement de modèle économique". Sami Agli a fait part d'"un consensus national pour que la question économique reprenne sa place de question centrale dans les débats".
Le président de la CAPC précise que le "Livre blanc n'est pas un catalogue de revendications, ni le plaidoyer d'une corporation et encore moins une recherche d'un positionnement pour un accès à une ressource ou un avantage de la sortie de crise".
L'organisation patronale a voulu, à travers cette initiative, mettre à plat tous les problèmes que rencontre l'entreprise, mais aussi la situation des comptes publics, la conjoncture des marchés financiers et des matières premières et in fine les perspectives de sortie de crise.
Le "Livre blanc" s'articule autour de sept parties. Evoquant le contexte de crise et ses impacts sur l'entreprise privée, la CAPC estime que "la crise de l'économie algérienne n'est ni récente, ni conjoncturelle, ni imprévisible. Elle est permanente, structurelle et régénérative".
Le fonctionnement de l'économie nationale est devenu "autodestructeur", c'est-à-dire que "les ressources employées ne produisent pas suffisamment d'effets sur la croissance économique et encore moins sur le développement".
Pour la CAPC, le problème est à la fois structurel et de gouvernance. Chiffre à l'appui, le document pointe, entre autres, le durcissement de la contrainte extérieure, la fragilité structurelle des finances publiques et la vulnérabilité de l'économie algérienne.
"L'Algérie se désindustrialise surtout ces dernières années. Les secteurs du BTPH dépendent de la commande publique principalement. Les services restent élémentaires, alors que l'agriculture demeure tributaire de la pluviométrie dont les précipitations sont de moins en moins fréquentes et insuffisantes", relève Sami Agli.
Pour la CAPC, "la transformation structurelle est un enjeu majeur". L'Etat doit préparer le consensus et trancher certaines questions liées au consensus social, à la compétitivité et la justice sociale et à la relation Etat et marché.
"Pas de développement sans des entreprises fortes"
La CAPC affiche une grande ambition pour l'économie nationale, une ambition articulée, évidemment, au développement de l'entreprise privée. "Pas de développement sans des entreprises fortes et compétitives", tranche Sami Agli. Aucun pays au monde ne s'est développé sans la promotion de l'entreprise privée.
L'ambition de la CAPC vise, "grâce aux transformations structurelles, à construire les ressorts d'une croissance robuste qui ne fléchit pas aux premiers signes d'une crise sur tel ou tel marché de matières ou de de produits finis".
La réindustrialisation du pays, souligne le président de la CAPC, "est un besoin impérieux". Porter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut (PIB) à 10% à l'horizon 2030 est une option réaliste, estime l'organisation patronale.
La CAPC insiste sur la nécessité d'allumer de nouveaux moteurs de croissance animée par des entreprises libres de la commande publique et d'un environnement contraignant.
L'organisation patronale plaide pour l'émergence d'entreprises nationales (publiques et privées) sur la scène économique internationale, ainsi que la création de 300 000 entreprises par an pour porter le nombre d'entreprises à 50 pour 1 000 habitants à l'horizon 2050, au lieu de 28 actuellement.
Tous les secteurs d'activité doivent être ouverts à l'investissement privé, à charge pour l'Etat de définir le cadre de la régulation, des incitations et des règles particulières régissant certains secteurs dits "stratégiques".
L'organisation patronale a formulé 15 propositions "tirées d'un diagnostic approfondi et d'une vision réaliste". La première proposition porte sur les mesures d'urgence pour la sauvegarde des entreprises, notamment le traitement de l'endettement et la question de financement.
La CAPC souligne l'urgence à redynamiser l'investissement productif, estimant que "la désindustrialisation représente un réel danger pour l'avenir". Les propositions de l'organisation patronale portent, également, sur la transition énergétique, la promotion de l'économie numérique et les activités innovantes, ainsi que sur la promotion du tourisme et du thermalisme.
Elles ont trait, également, au secteur du logement, à la gestion transparente de la commande publique, à l'autorisation de l'investissement à l'étranger pour l'achat d'actifs et à la création d'entreprises. Les propositions de la CAPC concernent, par ailleurs, la promotion de l'entrepreneuriat et des exportations.
L'organisation patronale plaide, en outre, pour la révision du dispositif d'allocation de la ressource foncière. Elle milite pour la conversion de la concession en cession dès achèvement du projet d'investissement et/ou lors du constat d'entrée en exploitation.
"À l'investissement et à la réalisation d'investissement, nous avons demandé clairement que la seule et unique règle qui doit être appliquée, c'est la pleine propriété, une fois le projet réalisé", a indiqué Sami Agli.
La CAPC a, également, formulé des propositions sur le développement des instruments de financement et sur la régulation économique.
L'organisation patronale souligne l'urgence de la réforme de l'administration économique. Au-delà du diagnostic et des propositions, le "Livre blanc" pointe trois défis qui doivent être pris en charge pour garantir la sécurité du pays et sa souveraineté économique. Il s'agit de la sécurité alimentaire, de la transition énergétique et de la transformation numérique.

Meziane RABHI


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