Algérie

Les propositions convergent vers la solution politique



Des partis et personnalités regroupés au sein des "forces du changement" proposent une "rencontre nationale pour étudier les solutions à la crise politique à même de répondre aux revendications pacifiques du peuple".Même si les conceptions de l'idée et les vocables utilisés diffèrent d'une composante du mouvement populaire à une autre, toutes les propositions de solutions à la crise politique que vit actuellement l'Algérie convergent globalement vers l'impérative transition démocratique. Le mouvement populaire revendique, principalement, une transition démocratique réelle, un Etat de droit et un nouveau système de gouvernance. Cela passe impérativement, toutefois, par le départ du pouvoir en place. Les acquis arrachés par le mouvement citoyen, dont l'annulation du 5e mandat et la démission de Bouteflika qui s'est ensuivie, ainsi que le report à deux reprises de la présidentielle et l'incarcération de quelques symboles du régime de Bouteflika, prouvent de manière claire que la transition est en train de s'imposer d'elle-même, lentement, mais sûrement. La transition à laquelle aspire le peuple est celle que mèneraient les hommes et les femmes qui agissent dans le sillage de la révolte pacifique inédite dont peut s'enorgueillir aujourd'hui le pays. Il est indispensable, cependant, de ne pas rater ce virage décisif de l'histoire de l'Algérie, en offrant sur un plateau d'argent cette chance inouïe aux détenteurs du pouvoir. Ne pas donner surtout l'occasion aux dirigeants de l'actuel système de se refaire une légitimité populaire dont ils n'ont jamais bénéficié d'ailleurs depuis l'indépendance. Une chose est certaine, leurs multiples man?uvres et autres stratagèmes pour se maintenir au pouvoir sont des signes avant-coureurs d'un régime aux abois. Le pouvoir doit comprendre de manière définitive que toute offre de sortie de crise émanant de lui est systématiquement rejetée par le peuple. D'aucuns avouent que la transition démocratique est un processus de changement effectué à travers une rupture politique avec un régime antérieur de nature autoritaire. De nombreux collectifs citoyens et coordinations estudiantines ont été créés à la faveur du mouvement du 22 février et proposent des solutions pour transcender la crise. Les partis d'opposition estiment, eux aussi, que le temps est venu pour qu'une période de transition démocratique soit enclenchée, afin de juguler la crise politique qui secoue le pays depuis quatre mois.
Etant donné qu'il n'existe pas de modèle de transition universel, chaque partie antisystème propose sa feuille de route. Un appel a été lancé le 30 avril dernier pour la création d'une "instance nationale de médiation" qui aurait pour mission de "proposer au pays, après consultation des différentes parties concernées, les modalités concrètes de la transition démocratique". Cette instance, est-il expliqué, "devra être composée de personnalités intègres qui jouissent de qualités morales et politiques, et affichent une volonté nécessaire à l'accomplissement d'une telle mission qui engagera le pays dans la voie de la construction résolue de l'Etat de droit et de la démocratie". De son côté, le collectif Libérons l'Algérie, un groupement d'organisations associatives et politiques composé de membres de la communauté nationale établie à l'étranger, plaide pour la mise en place d'une "véritable transition démocratique en respectant le principe de la primauté du politique sur le militaire". Des partis et personnalités regroupés au sein des "forces du changement" proposent, quant à eux, une "rencontre nationale pour étudier les solutions à la crise politique à même de répondre aux revendications pacifiques du peuple". Ils favorisent même la solution du dialogue avec l'armée. Une proposition (le dialogue, ndlr) partagée par Ali Benflis.
Le dialogue, l'autre issue
Une autre organisation d'universitaires pense qu'il est impératif de lancer les jalons d'un "renouveau et d'assurer une transition démocratique portée par la voix de la sagesse et de la jeunesse dans un processus pacifique et inclusif". Des personnalités très au fait de la chose politique suggèrent également de nommer une "instance de transition qui exerce les fonctions de chef d'Etat". Celle-ci peut être dirigée par trois figures de proue du mouvement, pour "exercer les prérogatives d'une présidence collégiale qui nommera un gouvernement provisoire, gérera les affaires courantes et préparera les élections présidentielle et législatives dans un délai de 6 à 12 mois". À un détail près, c'est la suggestion du RCD, qui prône l'élection d'une haute instance présidentielle composée de trois personnalités désignées parmi les syndicats autonomes et les corps de la magistrature et de l'enseignement supérieur. Pour Saïd Sadi, "l'Algérie réelle qui s'affirme à longueur de semaine doit maintenant se prendre en charge". Il est impérieux, affirme-t-il, de "bien s'entendre sur ce que transition veut dire dans l'Algérie d'aujourd'hui".
Cette phase, qui doit être gérée par des personnalités ayant gardé un minimum de crédibilité, est "déterminante pour la naissance d'un ordre républicain démocratique", relève-t-il. Les organes et mécanismes dédiés à la transition font, selon lui, "largement consensus : la présidence collégiale, directoire de la conférence de transition, commission indépendante d'organisation des élections, assemblée chargée d'élaborer la Constitution précédée de la prescription des préalables démocratiques".
B. K.


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