Algérie

Les propositions algériennes face aux oppositions russe et qatarie



L'Algérie va proposer une réduction de la production pour rééquilibrer le marché, car à 4 dollars le M/BTU, le prix n'est pas viable. A la veille de la réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), le débat sur le marché gazier a déjà commencé, un débat surtout axé sur la baisse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL) sur le marché spot et ses répercussions sur les pays exportateurs. En effet, si le prix du gaz naturel dans les contrats à long terme est situé autour de 7-8 dollars le million de BTU (environ 27 m3), sur le marché spot du GNL, le million de BTU est autour des 4 dollars, un rapport qui va du simple au double. Ce qui inquiète sérieusement les pays exportateurs de gaz. Le débat avait été lancé par l'Algérie qui, par la voix de son ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait proposé de réduire la production de gaz pour rééquilibrer le marché afin que les prix soient meilleurs.Selon ce ministre, l'Algérie va proposer une réduction de la production pour rééquilibrer le marché, car à 4 dollars le M/BTU, le prix n'est pas viable.« Nous ferons cette recommandation à Oran, le 19 avril, au Forum des pays exportateurs de gaz », avait-il déclaré le 30 mars dernier à Cancun, au Mexique, avant l'ouverture des travaux du Forum international de l'énergie.La baisse des prix du gaz sur le marché spot est due au développement de la production américaine des gisements de gaz shale. L'annonce de la proposition algérienne qui sera faite à Oran a fait réagir deux pays gaziers importants membres du Fpeg, sollicités il est vrai par la presse. Il y a quelques jours, le ministre de l'Energie du Qatar, Abdallah Ben Hamad Al Attiya, a indiqué : « La question n'est pas de réduire ou non la production de gaz », ajoutant que « seule la question des ventes sur le marché spot pourrait être évoquée lors de la prochaine réunion du FPEG » à Oran. Il a aussi indiqué que le Qatar n'envisageait pas de réviser ses accords d'exportation. « Au Qatar, nous avons des contrats à long terme avec des obligations pour le vendeur et l'acheteur », a-t-il indiqué.Ce point de vue est aussi partagé par la Russie. Le ministre russe de l'Energie avait déclaré, quelques jours plus tôt, qu'il n'était pas possible de réduire la production de gaz, estimant que la baisse actuelle des prix sur le marché spot ne nuira pas aux contrats à long terme. Mais toujours est-il que pour rééquilibrer le marché, la production de gaz peut être modulée selon plusieurs méthodes. Et les experts sont mieux habilités que quiconque pour trouver des solutions, notamment dans la programmation des projets. Sur un autre plan, la baisse des prix sur le marché spot pourrait amener les pays consommateurs à demander d'indexer les prix du gaz sur ceux du marché spot et non plus sur ceux du pétrole, ce qui pourrait nuire gravement aux pays producteurs et même à l'industrie gazière.Toujours est-il que même si une baisse de la production n'est pas possible maintenant, les pays exportateurs de gaz ne peuvent pas ignorer les dangers qui pèsent sur leurs intérêts dans la situation actuelle. Et c'est peut-être le moment pour eux de parler directement d'« organisation des pays exportateurs de gaz ». Un autre phénomène peut être induit par la situation actuelle. Le fait que les gisements de gaz non conventionnels se trouvent dans plusieurs parties du monde peut bouleverser l'industrie gazière. En effet, si le GNL s'est développé pour rapprocher les gisements de gaz des marchés avec la construction d'unités GNL, de terminaux, d'unités de regazéification, de tankers, la présence de gaz shale dans certaines parties du monde qui sont approvisionnées en Gnl peut rendre inutiles certains investissements.Déjà, les Etats-Unis n'ont plus besoin de Gnl pour leur marché et sont devenus autosuffisants, en attendant de devenir exportateurs.La hausse des prix du gaz naturel depuis le début des années 2000, le financement facile et les innovations technologiques comme le forage horizontal et la fracture hydraulique ont encouragé les entreprises à investir dans les puits. Les USA pourraient avoir des ressources de 51 200 milliards de mètres cubes de gaz naturel, ce qui ferait passer la durée de vie de leurs réserves gazières de 10 à 90 ans. Ce qui a permis aux USA de devenir, en 2009, le premier pays producteur de gaz naturel dans le monde avec 624 milliards de mètres cubes, devant la Russie avec 582 milliards de mètres cubes.Les réserves de gaz naturel non conventionnelles se trouvent sur plusieurs continents et elles seraient 5 fois supérieures aux réserves conventionnelles, selon l'Agence internationale de l'énergie. Un dialogue entre pays producteurs et pays consommateurs peut permettre de sauvegarder les intérêts des deux parties en faisant en sorte que le prix du gaz soit « bon » et qu'il permette les investissements nécessaires pour garantir la sécurité des approvisionnements et développer l'industrie gazière.


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