Algérie

Les promesses n'engagent que ceux qui y croient



Les promesses n'engagent que ceux qui y croient
A l'exception des menaces contre les anti-4e mandat, aucune autre promesse n'a été tenue par les sept meneurs de campagne du président candidat Abdelaziz Bouteflika. Abdelmalek Sellal, Amar Ghoul et Amara Benyounes en sont l'exemple.On a choisi Tipasa pour construire le plus grand port de la MéditerranéeLe projet a connu beaucoup de rumeurs, mais concrètement, personne ne sait encore où le port sera réellement construit, à Tipasa ou à Chlef. On va en finir avec le problème du logementMadani Safar Zitoun, spécialiste en sociologie urbaine, affirme que «l'embellie financière a permis à l'Etat de faire un effort considérable dans ce domaine, ce qu'on ne nie pas. Mais pour en finir avec ce problème, ce n'est pas demain la veille». Selon les derniers chiffres de l'ONS, la population algérienne est passée à 39,5 millions au 1er janvier 2015, avec un pic de plus? d'un million de naissances en 2014. Concrètement, si le taux de croissance démographique se poursuit, d'ici 2025, plus de 70% de la population sera en âge de travailler et de chercher un logement. Pour faire face à l'explosion de la demande sociale que cette très forte poussée démographique va engendrer, il faudrait construire des centaines de milliers de logements dotés d'équipements collectifs. On va réaliser sur les Hauts-Plateaux un pôle industriel, logistique et scientifique pour désenclaver la région et en finir avec le chômage !«Ceux qui parlent de pôle industriel dans les Hauts-Plateaux sont des ignorants des stratégies industrielles», commente Mourad Goumiri, docteur en économie, président de l'Association des universitaires algériens pour la promotion des études en sécurité nationale. «On n'improvise pas du jour au lendemain une politique industrielle !» Et de rappeler le discours sur l'agriculture saharienne qui devait prendre la relève des riches plaines du Nord ! «Cela procède de la même logique qui consiste faire tourner son moulin à vent, insufflant des mots creux tels que pôle industriel, logistique, scientifique, qu'eux-mêmes ne maîtrisent pas, dès que le pouvoir sent que la rue gronde.» L'économiste rappelle que concernant le domaine industriel, aucune promesse n'a été tenue depuis 1999. Plus de problèmes de billets d'avion ou de bateau. A partir de cette année, nous allons engager des formules incitatives pour la communauté algérienne à l'étranger et lui donner la chance de revoir à maintes reprises le pays et même d'investir son argent comme bon lui semble (?) On va ouvrir des dossiers de logements spéciaux pour les enfants de la communauté à l'étrangerS'il est vrai qu'Air Algérie a mis en place des tarifs moins chers, ils ne correspondent pas aux périodes où les Algériens de l'étranger visitent l'Algérie. «En ce qui concerne le programme politique pour les Algériens de l'étranger, je ne vois pas de vision claire, si on ne définit toujours pas cette communauté, et qu'on ne sait toujours pas quel est le plus qu'elle apportera à l'Algérie, comment peut-on parler de mesures incitatives ou quoi que ce soit '» se demande la députée des Algériens à l'étranger, Chafia Mentalecheta. Concernant la question des dossiers de logement, «il y a beaucoup de confusions autour de cette promesse», poursuit-elle. «Des immigrés algériens à l'étranger ont cru qu'ils allaient bénéficier de logements sociaux !» Pour le logement, je vous promets au nom du candidat, qu'on va créer un nouveau système spécial pour les jeunes diplômés.Aucun nouveau système n'a été créé exclusivement pour les jeunes. Chômeurs de Ouargla. Dormez ! Et laissez-moi bosser. Je vais m'occuper de vous à la fin de ce scrutin, on se rencontrera et on fera les calculs avec SonatrachLe wali, Ali Bouguerra, assure avoir en sa possession une liste de 8000 personnes embauchées par l'Agence nationale de l'emploi l'année dernière. Environ 2000 postes locaux ont pourtant été attribués à des candidats venus d'autres régions. Un an après, la promesse de Abdelmalek Sellal irrite en tout cas Tahar Belabbès, ex-leader de la Coordination nationale militant pour la défense des droits des chômeurs. «Les chômeurs ne dorment pas ! C'est vous qui dormez ! Bouteflika comme tout le reste du gouvernement. On est dans la continuité, c'est toujours le même système de hogra qui règne, rien n'a changé.» Un hôpital à Metlili que le ministre Boudiaf va réaliserLa population de Metlili continue à ce jour de réclamer la réalisation d'un nouvel hôpital répondant aux besoins d'une ville qui, à l'instar de toutes celles d'Algérie, connaît une explosion démographique. Hormis l'extension du pavillon des urgences du vieil hôpital, la population de la ville de Metlili, à 45 km au sud de Ghardaïa, attend toujours alors qu'aucune assiette ni enveloppe n'ont été dégagées. Je vous promets, qu'inch'Allah, Tizi Ouzou sera durant ce nouveau mandat un pôle touristique qui jouera un rôle dans le développement de ce domaine en AlgérieD'après des statistiques de la direction de tourisme de Tizi Ouzou pour l'année 2014, concernant les projets d'investissement touristique (hôtels, motels, restaurants, bungalows, etc.), sur 36 projets prévus, uniquement 13 sont en cours de réalisation et 23 projets non lancés. Pour une wilaya qui dispose d'un foncier balnéaire de 80 km de côtes totalisant 1973 hectares, seulement «166 ha ont été aménagés, c'est-à-dire à peine 8% de la superficie totale de la côte de la wilaya», précise Djamila Fernan, membre fondatrice de l'association touristique Amnir (guide) de la wilaya de Tizi Ouzou.Selon elle, «le peu qui a été fait ne répond à aucune norme de qualité. Les plages de Tigzirt ou d'Azeffoun ne disposent même pas de douches ou de sanitaires». Concernant le foncier touristique de montagne, il était question de réaliser, en 2010, des zones d'expansion touristiques (ZET), à l'exemple d'Azrou n'Thor (400 ha), Tizi Oudjaouboub (10 ha), Tala Guilef (175 ha) et Yakouren (138 ha). «Aucun de ces projets n'a été réalisé», affirme notre interlocutrice, auteure de L'hôtellerie : le maillon faible du tourisme algérien (edition ENAG). On aidera les jeunes par l'Ansej, la Cnac et l'Angem. Qu'ils se marient avec l'argent de l'Ansej !Les dispositifs d'aide à la création d'entreprise ont été maintenus. Officiellement, l'Ansej s'est félicitée, fin mars, de la création des 300 000 microentreprises depuis 1997, qui ont permis de générer plus de 800 000 emplois. Mais le directeur de l'Ansej, Mourad Zemali, a aussi précisé : «Effacer les dettes, une revendication illégitime, est un danger pour l'économie nationale.» Mourad Ouchichi, professeur d'économie à l'université de Béjaïa, estime qu'«après la baisse des prix du pétrole, il est impossible que l'Etat continue à distribuer l'argent de la manne pétrolière de la manière dont parle le Premier ministre». Normaliser l'utilisation de l'argent des prêts pour financer les mariages des bénéficiaires, comme le préconisait le directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika, n'est plus - pour peu qu'il l'ait été - à l'ordre du jour. Mourad Ouchichi considère ces promesses comme «populistes» et «irresponsables». Ce mandat est spécialement économique, en tant que ministre de l'Industrie, je suis chargé de relancer l'industrie algérienneL'économiste Mourad Goumiri, se demande : «Quelle crédibilité ' Quelle vision à moyen et long termes ' Quelle stratégie de développement ' Quel cadre d'intégration régionale ' Quel projet de croissance durable '» Pour lui, ce sont des questions qui restent sans réponse pour la bonne raison que tout cela est fait dans la plus grande confusion et une précipitation alarmante pour tenter de calmer le front social en général et la fracture régionale qui ne cesse de grandir. «Les déclarations à l'emporte-pièce du pouvoir et de ses représentants temporaires sont typiques d'un grand désarroi en son sein... D'où toutes sortes de promesses qui ne seront pas tenues, comme tout le monde le sait, y compris ceux qui les annoncent», s'indigne-t-il. On s'expliquera après le 17 avril à tous les contestataires du 4e mandatC'est sans doute une des rares promesses que les partisans de Abdelaziz Bouteflika ont su tenir. Pour preuve, les pressions qu'ont subies les quotidiens El Watan et El Khabar pour leur ligne éditoriale critique envers un 4e mandat. Ce mandat sera celui qui va préparer les jeunes à prendre la relèveAdel Chetti, coordinateur du mouvement des jeunes chômeurs à Batna, ironise : «Les jeunes ont reçu le flambeau de l'incrimination. On est peut-être en train de former Rachid Aouine (le militant est incarcéré, il sera jugé la semaine prochaine) et Belkacem Khancha à devenir président de la République dans des prisons '» Le think tank américain, New Research Center, publiait, en septembre dernier, une carte selon laquelle 840 000 Algériens ont quitté le pays sous Bouteflika contre 110 000 dans la décennie 90. Les diplômés sont les plus tentés par l'immigration, à l'image des médecins pneumologues, dont uniquement 10% choisissent de rester, les autres préfèrent déserter le pays qui ne leur offre pas de moyens.




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