Les promesses invraisemblables des candidats

Eradication du chômage, création de millions d'emplois et de logements, suppression du visa Schengen: les postulants au palais d'El Mouradia redoublent d'audace pour s'attirer les faveurs des électeurs.Qui dit mieux! Le palais d'El Mouradia fait-il perdre la voie de la raison à ceux qui en rêvent' Oui! Surtout lorsque l'on s'intéresse d'un peu plus près à leurs déclarations. Préliminaires d'une campagne présidentielle qui en principe doit être concentrée sur les préoccupations des Algériens. Et seul Dieu sait si elles sont nombreuses à satisfaire. Un terreau qui voile à peine un malaise social qui se fait de plus en plus entendre. Il se traduit actuellement par des grèves en série à l'instar de celle qui touche le secteur de l'éducation ou par des routes barrées qui inaugurent un nouveau mode de protestation. Un fonds de commerce pour les prétendants à l'exercice de la fonction suprême et les hommes politiques de tout bord, de manière générale, lorsqu'ils sont soumis au verdict populaire. Des inquiétudes qui doivent être certes prises à bras le corps mais de façon sérieuse.La question du traitement du chômage, de l'emploi... obéit à des lois économiques strictes si elle veut être crédible: croissance économique forte, secteur productif performant... Deux sérieux critères qui indiquent la bonne santé de toute économie dont est malheureusement privée l'Algérie, dont l'excédent commercial n'est assuré et possible que grâce aux revenus dus aux exportations d'hydrocarbures, plus particulièrement à des niveaux élevés du prix du baril de pétrole. Une conjoncture qui s'est sérieusement détériorée suite à la baisse des exportations d'hydrocarbures qui s'est traduite par un manque à gagner de près de 50%.«L'Algérie a réalisé durant les 11 premiers mois de l'année en cours un excédent commercial de 10,22 milliards de dollars (mds usd), contre 20,42 mds durant la même période de 2012...» avait indiqué le 21 décembre 2013 le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis). Soit une baisse de 49,95%. La course à la magistrature suprême ouvre la voie aux surenchères malgré cette conjoncture économique défavorable. Eradication du chômage, création de millions d'emplois et de logements, suppression du visa Schengen: les postulants au palais d'El Mouradia redoublent d'audace pour s'attirer les faveurs des électeurs. Des promesses invraisemblables. A partir du moment où l'on ignore comment seront financés ces projets puis convaincre les pays européens à nous ouvrir toutes grandes leurs frontières d'un coup de baguette magique, quand ils n'ont fait que durcir leur législation concernant leur politique de l'immigration. Après avoir cultivé cette image qui fait de pratiquement tout Algérien un individu suspect quand on ne le fait pas passer pour un terroriste potentiel.Une image qui nous colle encore à la peau. Et si les frontières s'ouvraient, que resterait-il de toute cette jeunesse qui n'aspire qu'à fuir vers d'autres horizons' Que resterait-il de tous ces harraga en puissance qui défient à longueur d'année vagues en furie, garde-côtes et toutes les lois qui ont été instaurées pour les dissuader de partir pour un ailleurs même incertain'Un phénomène que n'ont pu endiguer ni les 13 milliards de dollars qui ont été consacrés à l'emploi des jeunes ni l'obstacle du visa et qui aurait besoin d'un traitement efficace.Les résultats sont mitigés malgré les sommes colossales qui lui ont été injectées. Le taux de chômage des jeunes de la tranche d'âge (16-24 ans) était de 22,4% en 2011 a indiqué une délégation d'experts du Fonds monétaire international qui a séjourné en Algérie entre le 25 avril et le 2 mai 2013. Comment faire raisonnablement miroiter la création de millions de postes de travail alors que les experts s'accordent pour une croissance d'au moins 6% pour absorber l'arrivée d'à peu près 200 000 demandeurs d'emplois, alors que celle que doit afficher l'Algérie en 2014 doit être à peine supérieure à 3%' Des engagements irréalistes qui passeront certainement à la trappe en même temps que ceux qui ont entretenu ce faux espoir.