Algérie

Les programmes économiques des partis politiques



Les programmes économiques des partis politiques
Au moment où certaines formations politiques versent dans les généralités, le populisme et souvent dans la démagogie, par tactique politicienne, ou par déficit de démarche économique claire, en vue de séduire l'électorat, le chef du RND, fort d'une longue expérience managériale de l'économie nationale, a dévoilé face à un FCE exigeant et critique vis-à-vis de l'approche économique des pouvoirs publics les grands axes du programme économique de son parti.
En homme aguerri, trempé et forgé par ses responsabilités de gestion de l'économie nationale depuis plusieurs années, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) et néanmoins premier ministre, comme à son accoutumée, a d'emblée annoncé la couleur devant le FCE réuni à l'hôtel El-Aurassi dans son cycle d'auditions des leaders des partis politiques : 'Nous avons, sans aucun doute, quelques points communs et quelques points de divergence, et cela est bon pour la démocratie.'
Se réclamant de la continuité de l'action politique et de la démarche économique qu'il a fortement imprégnée depuis plusieurs années à la tête de l'exécutif, il a lancé un appel à un véritable 'djihad' contre l'informel : 'Je suis ici devant l'élite des opérateurs économiques de mon pays dont je suis fier, à l'allure où nous allons, vous disparaîtrez.' Cette interpellation résume la matrice de fond qui sous-tend politiquement le programme économique du RND : les lignes de clivage se situent au confluent des contradictions et de l'affrontement entre les forces de la production et celles de l'informel et de la spéculation.
C'est pour cette raison, et comme en 2010, lors de la présentation de sa déclaration de politique générale devant le sénat, il a reitéré son appel à la constitution d'un 'front national contre l'informel'. 'Ensemble confortons la cohésion nationale et bâtissons en commun un avenir prospère.' Tel est l'intitulé du programme économique du RND en prévision des législatives du 10 mai prochain. En fait, cet intitulé outrepasse les seuls aspects économiques, pour se poser comme un 'slogan politique' d'union et de rassemblement des forces patriotiques, soucieuses de l'intérêt national et de la prospérité des générations futures. Ainsi, le programme économique du RND s'articule autour de 7 grands axes et se décline en 14 volets.
Pour résumer cette démarche qui intéresse les chefs d'entreprise, trois avancées majeures peuvent être relevées. En premier lieu, la volonté politique de transcender les réticences idéologiques à l'égard du secteur privé national.
'Il s'agit de l'entreprise algérienne moteur du développent économique national', a affirmé Ouyahia en direction du FCE. Dans cet esprit, il a reconnu que s'agissant de la règle des 51/49%, obligeant les entreprises privées nationales à prendre 51% des entreprises publiques dans leurs projets d'investissement, 'fut un glissement et que cette mesure est désormais retirée'. En second lieu, la détermination de lutter contre la logique du bazar et de la fraude fiscale. En troisième lieu, la priorité dans l'accès aux commandes publiques sera accordée à l'entreprise algérienne (selon le concept de préférence nationale). Les autres volets du programme sont connus, puisqu'il ne s'agit pas de 'rupture avec ce qui se fait maintenant, car cela serait malhonnête de la part d'un parti qui est fortement impliqué dans la gestion des affaires du pays'.
Un point particulier retient l'attention des observateurs, il s'agit de la poursuite de l'effort d'investissement, y compris en sollicitant les ressources publiques. Comme il préconise la mobilisation des capitaux publics, sans pour autant retourner à l'étatisation de l'économie. Aussi, explique-t-il, 'pour des raisons liées au passé, à la conjoncture, mais aussi à la recherche de son modèle de développement économique, notre pays n'a pas atteint, jusqu'à présent, tous les résultats qu'il est en droit d'attendre de ses potentialités réelles'. En vérité, sans rien diminuer des qualités d'homme d'état qu'il est, et qui, courageusement, avoue son impuissance devant les lobbyes de l'informel, mais, aussi, sans douter de la sincérité de ses engagements politiques envers son pays et la nation algérienne, il ne demeure pas moins otage d'un système désuet et adossé à la rente pétrolière.
S'il s'est montré sensible aux doléances du FCE dans ses revendications d'amélioration du climat des affaires, il reste que sa responsabilité de se hisser au niveau des exigences de rupture avec le système rentier, pour aller vers un nouveau paradigme économique est entièrement engagée. Cela dépendra, pour beaucoup, de la configuration de la prochaine majorité parlementaire.
Les principales propositions
Nous retenons ici quelques propositions saillantes du programme électoral du RND :
- aide publique au loyer pour les revenus modestes ;
- nous maintiendrons le programme public de plus de 500 000 logements sociaux et plus de 800 000 logements ruraux ;
- retour au crédit à la consommation mais pour les biens produits localement ;
- pour favoriser les recrutements, l'Etat assure 50% du salaire des diplômés de l'enseignement supérieur et des techniciens ;
- nous maintiendrons une enveloppe de 200 milliards de dinars par an sur le budget de l'Etat pour l'aide publique à l'agriculture. Nous soutiendrons la mise en valeur de 200 000 hectares de nouvelles terres par an dans le Sud et les Hauts-Plateaux ;
- consensus national pour lutter contre l'argent sale, la fraude, la contrebande économique, les lobbies maffieux.
A. H.




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