Algérie

«Les programmes économiques des candidats ne se distinguent que par leur degré de conservatisme»



- Les candidats multiplient les meetings pour expliciter leurs programmes. Concernant le volet économique, quelles pourraient être, selon vous, les similitudes et les points de divergence entre les candidats 'A mon avis, un programme est classé selon sa tendance de gauche ou de droite, peu importe le nombre de candidats à l'élection présidentielle. De cette distinction de fond, sur six candidats, cinq ont des programmes qui se ressemblent (des programmes de gauche) du fait qu'ils ont tendance à être plus égalitaires et prônent une forte régulation (intervention) de l'Etat. Ils se distinguent cependant par l'écart dans le conservatisme et le degré d'ouverture et se distancent par la population visée. La sixième candidate propose un programme qui prône l'antilibéralisme et l'anticapitalistique, soit un programme d'extrême gauche.Sur le plan de la forme, si l'on essaye de faire des comparaisons sur le plan similitude et différence, du point de vue des politiques monétaire, fiscale, budgétaire, de santé, économique, de l'emploi et du logement, etc., certains brillent par l'absence de politiques articulées comme telles, tandis que d'autres les effleurent à peine. - Aussi, les actions dédiées notamment les secteurs à vocation économique tels que l'agriculture et les forêts, l'industrie, le tourisme, les NTIC, la pêche, les finances, l'énergie et les mines, des idées émergent chez les uns, des actions chez les autres et parfois cela est réduit à des mesures dont l'envergure et l'opportunité sont discutables. Tertio, peu de programmes abordent les branches d'activité et filières en prenant en considération la compétitivité des régions ou la nécessaire coordination intersectorielle pour valoriser ou défendre la production et le potentiel national.Cependant, les volets liés au commerce international, à l'abécédaire de la guerre économique telles que les mesures anti-dumping, l'influence et le lobbying ne figurent pas chez la plupart des candidats ou ne sont tout simplement pas connues.Enfin, certains candidats se sont contentés de lancer certaines grandes orientations. - Ne croyez-vous pas que les différents programmes pêchent par leur manque de précision et surtout par l'absence d'objectifs chiffrés définis dans le temps et de mesures concrètes précisant leur objectif et leur impact sur le budget de l'Etat ' Chaque candidat, partant d'une analyse du bilan du mandat 2009-2014, mature son programme avec des objectifs qui doivent intéresser tous les Algériens ; on peut citer l'emploi ou le taux de croissance. Certains annoncent un objectif de taux de croissance de 7% en déphasage avec les prévisions de la Banque mondiale à 3,3%. Il serait intéressant de savoir comment un candidat compte réaliser les objectifs qu'il s'est fixé, et ce, quels que soient les secteurs appelés à tirer la croissance. La politique fiscale est également susceptible de représenter un baromètre intéressant. Par exemple, l'un des candidats propose de réduire le taux d'imposition des entreprises à 20% et de supprimer progressivement la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) mais cet objectif est en contradiction avec la mesure de rehaussement de la fiscalité hors hydrocarbures qui exige à son tour un rehaussement des impôts que devraient subir soit les ménages, soit les entreprises ou les deux.Il y a aussi la politique monétaire et les objectifs de maîtrise de l'inflation sur lesquels aucun des programmes ne s'est penché. Je peux citer enfin le socle de l'actuelle campagne et qui concerne la lutte contre la corruption où tout le monde se prétend champion, mais nul ne propose de solutions pour améliorer la place de l'Algérie dans le classement de Transparency International. - On peut dire que les candidats s'accordent sur un point : la redistribution de la rente. Ne pensez-vous pas que cela reflète surtout la perpétuation de la pensée unique ' Si on arrive à un débat pouvoir-contrepouvoir, nous sortirons facilement de la ligne de la pensée unique. Prenons par exemple la loi des finances pour 2014, via laquelle l'Etat prévoit de dépenser 87 milliards de dollars (budgets de fonctionnement et d'équipement) ; à mon avis, les capacités de dépenses ne sauraient dépasser 70 milliards de dollars. Un montant disponible dans le solde du Fonds de régulation des recettes. Par conséquent, si l'on souhaite un véritable changement dans la conception du budget de l'Etat, on devra emprunter un premier virage, celui du passage au budget réel au lieu du budget prévisionnel. Ce qui voudra dire que le solde 2013 du FFR devra constituer les recettes du budget 2015, le solde de 2014 constituant les recettes du budget de 2016 et ainsi de suite. Nous devrons ensuite nous pencher sur un autre débat, celui du rendement de nos placements. Les réserves en devises sont estimées à 200 milliards de dollars. Si l'on arrive, à travers nos placements, à réaliser le même rendement que le fonds souverain norvégien, l'Algérie devrait s'assurer un rendement de 30 milliards de dollars, soit la moitié des recettes qu'a engrangé l'Algérie en 2013. Tant que ce genre de débat n'est pas lancé, le conservatisme l'emportera et la pensée unique ne changera que si elle est en face d'une crise majeure.




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