Algérie

Les professionnels relèvent les défaillances



Les professionnels relèvent les défaillances
La conférence sera animée par le journaliste franco-algérien et ancien membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel français, Rachid Arhab. Elle verra la participation des acteurs du secteur de la presse. Les journalistes et responsables des organes de presse sont directement concernés par l'application de la charte de l'éthique et de déontologie qui trace « les lignes rouges » à ne pas franchir et définit « les règles d'exercice de ce métier », où la responsabilité morale est fortement engagée. « La première responsabilité sur le respect de l'éthique journalistique incombe aux journalistes et à la corporation. Or, cette autorégulation n'existe pas en Algérie », estime le journaliste El Kadi Ihcène, créateur du site Maghreb émergent. « Le secteur vit une anarchie sans précédent qui fait qu'il n'est régi par aucune règle ni institution. Des journalistes nouvellement diplômés ne bénéficient d'aucune formation ou orientation sur l'existence des règles fondamentales de l'exercice de ce métier. S'ajoute à cela le gel du conseil de déontologie. Depuis des années, on n'a jamais assisté à une formation ou un séminaire sur l'éthique journalistique, ce qui a rendu complètement méconnu cet aspect important dans la presse », soutient Lyès Boumelta, journaliste à Ennasr. « Le manque de formation chez les journalistes et de professionnalisme chez certains éditeurs qui ne se soucient que des recettes sont les causes des dérapages auxquels nous assistons quotidiennement », note Fatima Arab, journaliste à El Watan. En outre, l'absence d'encadrement et de formation sur l'éthique est « à l'origine des fautes professionnelles » et à « la consécration de la médiocrité devenue la règle qui gère le métier », précise Boumelta. Pour El Kadi Ihcène, la dérive ne date pas d'aujourd'hui. « Depuis 20 ans, la scène médiatique a vu l'arrivée du journalisme populiste dans lequel se sont multipliés les actes de racisme, de machisme, de sexisme, de régionalisme, d'insultes sans preuves et autres », constate-t-il. « Nous avons assisté à maintes reprises, ces derniers temps surtout, à des dépassements qui n'honorent pas la profession. Ces dérapages ne se seraient jamais produits si les journalistes concernés étaient soucieux de respecter les règles d'éthique et de déontologie. Le racisme s'est banalisé au niveau de certaines rédactions, au point de se soucier des dangers que pourrait induire la présence de réfugiés subsahariens, au lieu de se pencher sur le drame qu'ils vivent chez nous », souligne Fatima Arab. Ces critiques sont nuancées par S. B., journaliste. « En Algérie, il est difficile de parler d'éthique et à plus forte raison de l'observer scrupuleusement. C'est un v?u pieu car il est souvent impossible pour un journaliste de vérifier l'information en raison de la rétention de celle-ci par les institutions ou autres sources », rappelle-t-il.Face à cette situation, Fatima Arab signale que la mise en place d'un conseil de l'ordre est une nécessité. « Si un conseil de l'ordre existait, les journalistes auraient été plus regardants sur le contenu de leurs écrits », affirme-t-elle, précisant qu'il ne faut pas confondre conseil de l'ordre et comité de censure. « Une fois installé, le conseil de l'éthique aura du pain sur la planche », soutient Lyès Boumelta. La première mission est de lancer une campagne d'information sur l'éthique pour tous les journalistes et correspondants. El Kadi Ihcène remonte à 2000, date de l'élaboration de la charte d'éthique et de déontologie par des journalistes. « Le code était correct. Néanmoins, nous avons commis une erreur dans la composition du comité où siégeaient également des éditeurs. Or, ils ne peuvent pas être juge et partie », soutient-il. Selon lui, le conseil de déontologie « doit être géré par des journalistes indépendants ». Il insiste sur la formation des journalistes et la sanction contre tout dépassement. Il suggère d'introduire « un engagement écrit que tout journaliste doit signer lors de l'attribution de la carte professionnelle ».




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