Algérie

Les professionnels dénoncent



Les professionnels dénoncent
Depuis l'avènement de l'actuelle ministre déléguée auprès du ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, chargée de l'Artisanat, Aïcha Tagabou, qu'est devenu ce secteur dont la vulnérabilité a été dénoncée au plan national par les artisans, tous corps de métiers confondus. La question est d'autant plus pertinente quand on sait que ce département n'a jamais bénéficié d'un quelconque ajustement structurel et encore moins d'une politique planificatrice.L'actuelle ministre déléguée a laissé la situation s'envenimer en cédant pratiquement ses prérogatives aux membres de la Chambre nationale de l'artisanat et des métiers (CNAM). Les incompétences dans la gestion des métiers ont saigné à blanc le secteur. Pour la majorité des artisans de tous les corps de métiers, cette orientation a annihilé le rôle de l'Etat entrepreneur et supprimé des rentrées de fonds nécessaires à la politique nationale de développement de l'artisanat et du tourisme.A cela s'ajoute ce libéralisme de façade qui a jeté en pâture des pans entiers de notre économie aux Chinois. En inondant le marché national de leurs produits cédés à très bas prix via le marché informel, ces derniers ont laminé l'artisanat algérien. Le gel du Fonds spécial pour la promotion de l'artisanat (FSPA), induit par la politique d'austérité imposée par le gouvernement, devrait aggraver la situation.A Tamanrasset où elle avait effectué une visite de travail à la fin du mois de mai dernier, la ministre a abordé cette question en filigrane lorsqu'elle a souligné : «L'exploitation des ressources locales dans le domaine de l'artisanat s'avère nécessaire pour relever les défis et les exigences croissantes du développement par la mobilisation des moyens disponibles, qu'ils soient liés au savoir, à la technologie ou à la formation.» Elle s'était exprimée à l'ouverture d'une journée d'étude sur la promotion de l'artisanat par l'exploitation des ressources locales dans cette wilaya où l'artisanat aurait pu jouer le rôle de pétrole.Egalement abordé par la ministre, le développement du savoir-faire de la ressource humaine en matière de production, par la formation dans les divers domaines, techniques de gestion, de conception et de création, conformément à la stratégie du secteur. Mais de quelle stratégie s'agit-il ' Sur le terrain, la routine s'est installée.Le «on fait avec» est le principe qui permet aux 50.000 artisans (chiffre avancé par la ministre) de survivre à l'échelle nationale. A ce niveau, l'on dénonce la gestion de la CNAM générée par la non-fiabilité du fichier et le délaissement à tort des artisans. L'actuelle composante de la CNAM n'a rien fait pour apporter sa contribution au plan du développement de l'artisanat, particulièrement dans les régions traditionnellement dédiées à ce type d'activités : la Kabylie, les oasis, le Tenere, le Hoggar.A ce jour, à l'exception de l'Etat, pas un seul bailleur de fonds, encore moins un partenaire, n'est intervenu pour financer des projets liés à ce plan. Pis, les artisans ne sont pas encadrés, ne bénéficient pas de formation et sont laissés livrés à eux-mêmes. La majorité des artisans algériens ne dispose même pas d'une carte. «Les artisans ne sont pas encadrés pour pouvoir exporter leurs produits. Il nous est difficile d'accéder aux marchés intérieurs. Sans compter que les corps des métiers disparaissent», révèle un de ces artisans.La liste des griefs est loin d'être exhaustive. Pour leur prise en charge, l'on préconise le lancement d'une opération d'audit du fichier du répertoire pour en extraire les non-artisans. Pour, également, en confier la gestion à une entité autonome et qualifiée avec pour mission d'identifier et d'y inscrire les artisans. Tout aussi dénoncée, l'absence d'encadrement des artisans, le renforcement de capacités des chefs d'entreprises artisanales et la recherche de partenaires pour exporter leurs productions.Contactés, nos interlocuteurs, tous des artisans dans divers métiers de longue date, soulignent la nécessité d'asseoir l'égalité des chances en permettant la possibilité de soumissionner aux marchés à tout artisan et de travailler avec la tutelle pour l'amélioration des ?uvres artisanales. Il est aussi question d'arrêter l'importation des meubles et l'attribution de la production du mobilier national aux artisans, aux menuisiers métalliques et bois et d'aider les artisans mécaniciens dans l'acquisition des boîtes diagnostics nécessaires à la réparation des véhicules à équipements électroniques.Les propositions de création de plusieurs milliers de postes à travers les seuls métiers artisanaux sont bien mises en relief. L'urgence de mettre à exécution pareilles idées est soulignée à l'heure où la menace chinoise gagne du terrain en termes de mise sur le marché algérien de produits artisanaux en cuir, de l'habillement, de la bijouterie et autres corps de métier connexes.De même qu'il est suggéré, outre les salons locaux, l'organisation de foires de l'artisanat pour la visibilité et la vente de produits, la création de comptoirs d'achat dans les chambres locales de l'artisanat pour tous les corps de métiers. Rappelons, enfin, qu'annoncée depuis plusieurs jours pour ce samedi 4 juin à Annaba, la visite de la ministre déléguée auprès du ministre de l'Aménagement, du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, chargée de l'Artisanat, Aïcha Tagabou, a été annulée sine die.Cette visite devait intervenir au lendemain de l'ouverture officielle de la saison estivale 2016 annoncée jeudi dernier à partir d'Oran par le ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Amar Ghoul.


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