LES PRODUCTEURS A L'ARRET Le lait sur le feu

La pénurie guette le lait en sachet. Les transformateurs privés de laitpasteurisé sont à l'arrêt depuis jeudi, privant le marché d'une productionquotidienne de 4 millions de litres. La situation risque de peser lourdementsur la disponibilité du lait pasteurisé dans le commerce cette semaine. Lesprix risquent également de s'envoler. « Cela fait trois mois que lesproducteurs privés travaillent à perte. La situation est intenable. Nous avonsdécidé d'arrêter », affirme M. Ziani, président de la fédérationagroalimentaire de la CIPA (Confédération des industriels et producteursalgériens) qui regroupe la majorité des fabriques privées de lait en sachet.Les producteurs privés réclament du gouvernement le règlement des indemnitésrelatives aux pertes dues à la différence entre le coût réel du sachet de laitd'un litre et le prix de vente administré de 25 dinars. « La différence est de23 dinars. A la demande du gouvernement, les producteurs ont travaillé à pertedurant trois mois. Aujourd'hui, nous réclamons la subvention promise par le gouvernementpour prendre en charge la différence entre le prix de revient et le prix devente », explique M. Ziani. Pour désamorcer la crise, le gouvernement multiplieles promesses et fait appel au sens de responsabilité des producteurs pouréviter une grave pénurie de lait sur le marché. Jeudi, le secrétaire général duministère du Commerce s'est réuni avec les représentants des producteurs delait pasteurisé conditionné dans les sachets, affiliés à la CIPA. Selon l'APS,la discussion a tourné autour de l'avancement de l'opération d'indemnisation deces producteurs en matière de production et de commercialisation de cettedenrée essentielle, a indiqué un communiqué du ministère. Le secrétaire généraldu département du Commerce a rassuré les représentants des producteurs de laitpasteurisé quant à l'engagement des pouvoirs publics à honorer leurs promessesrelatives à l'indemnisation de la différence résultant des prix de revient etde vente en attendant de les approvisionner en matières premières à des prix conventionnéspar le biais de l'entreprise MilkTrade à compter de juin prochain. S'agissantdu retard accusé dans la prise en charge de l'opération d'indemnisation, leresponsable a précisé que cette dernière nécessite la mise en place demécanismes adéquats, et ce, en coordination avec les parties concernées,d'autant plus qu'il s'agit de puiser dans les fonds publics dans un cadreexceptionnel, a indiqué le communiqué. Le secrétaire général du ministère duCommerce a appelé, par ailleurs, les producteurs « à faire preuve de sens deresponsabilité en vue de garantir la stabilité du marché en assurantl'approvisionnement régulier des citoyens en lait », a ajouté la même source.Les propos du secrétaire général du ministère du Commerce n'ont pas,semble-t-il, convaincu les producteurs.La CIPA organise, aujourd'hui, une assemblée générale avec lesproducteurs pour les informer des mesures prises et décider des actions à menerdans les prochains jours. « La réunion de jeudi a été consacrée à larépartition de la poudre de lait qui arrivera en juin prochain », affirme M.Ziani. Pour juguler la crise du lait, le gouvernement a décidé d'accorder unesubvention de 10,6 milliards de dinars pour l'exercice 2007, en vue decompenser l'écart entre le prix à l'importation et le prix administré etpouvoir maintenir le prix public à 25 dinars le sachet d'un litre de lait. Legouvernement a confié au groupe public Giplait l'importation de la poudre delait et sa distribution aux producteurs privés. L'Algérie importe annuellementen moyenne pour 600 millions de dollars de lait en poudre, pour combler ledéficit de sa production en lait frais, estimé à environ 1 milliard de litrespar an.