Algérie

Les problèmes du problème



Les problèmes du problème
Quelque part en basse Kabylie, sur la route reliant Tamda à Tizi Rached, un homme de 37 ans meurt dans un accident de la route.En la matière, ce n'est pas vraiment ce qui manque, malheureusement. Tous les jours, la route livre son lot de drames, d'une telle ampleur et d'une telle régularité que ça a valu à l'Algérie un très peu glorieux classement parmi les pays où on meurt le plus dans les accidents de la route.Le sujet est même d'actualité ces derniers jours avec une énième «campagne de sensibilisation», et il y a même eu une journée avec fil rouge à la radio. N'était le caractère dramatique de la situation, ça aurait encore fait rire comme on a ri de toutes les «campagnes». On a alors soupiré de désolation, puisqu'il fallait bien une réaction. Parce que dans ces actions, systématiquement velléitaires, on fait tout, sauf l'essentiel : la sanction, pourtant souvent à portée de main, puisqu'il s'agit tout simplement d'appliquer la loi.Entre Tizi-Rached et Tamda, donc, un homme de 37 ans a perdu la vie, certainement fauché par un véhicule. La colère des citoyens de la localité a été telle qu'ils ont procédé à la fermeture de la route vers le chef-lieu de wilaya. Leur «revendication» ' Ouvrir une enquête sur les circonstances de la mort du jeune homme, déterminer les responsabilités dans le drame et sanctionner - éventuellement - ceux qui en ont été à l'origine.On pensait que c'était la moindre des choses, apparemment, ce n'est pas le cas. On le savait, dans ce genre de situation, on fait tout, sauf l'essentiel. Surtout pas sanctionner, ça pourrait être efficace ! Alors, on sensibilise. Ça ne fait pas rire mais on en a l'habitude.Pas très loin des routes, plus exactement dans le transport aérien, il paraît que l'audit à Air Algérie a donné lieu à de nouvelles? «mesures strictes» qui seront «prochainement au menu d'un conseil interministériel», selon le ministre des Transports. Lors d'une séance de questions orales à l'Assemblée nationale, Amar Ghoul a déclaré que le «dossier» de cet audit se trouvait au niveau du Premier ministère et «sera examiné par le conseil interministériel qui décidera de mesures strictes !Dans cette intervention, on aura d'abord remarqué le formidable sens de l'anticipation du ministre des Transports qui «confie» un dossier - à moins qu'on ne le lui ait? confisqué - au Premier ministère qui le fera examiner par un conseil interministériel, qui prendra des mesures? strictes !C'était essoufflant d'en arriver là mais nous y sommes quand même. Et de se faire plus précis encore : l'audit effectué avait touché le volet recrutement au sein de la compagnie au niveau national et dans ses bureaux à l'étranger? et le gouvernement va trancher très prochainement afin d'améliorer les services offerts par Air Algérie. M. Ghoul «reconnaît» même des «dysfonctionnements» dans le recrutement, et désormais, une «évaluation annuelle» sera soumise à la «direction de l'aviation civile» du ministère en la matière.Là aussi, on pensait que c'était la moindre des choses, et voilà qu'on découvre que ce n'est pas du tout évident. On (re) découvre également que c'est toujours plus bas que les problèmes se posent. La preuve ' Il y a des «dysfonctionnements dans le recrutement» à Air Algérie, on confie la solution à un conseil interministériel qui va le confier à une direction du ministère.«Quand il y a un problème, il faut créer un problème dans le problème, puis un troisième problème dans le problème du problème et ainsi de suite jusqu'à ce que personne n'y comprenne rien», disait Charles Pasqua. Surtout ne pas sanctionner, ça pourrait être efficace.




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