Le ministre de l'agriculture était peut-être sincère quand il a exprimé son étonnement devant la subite augmentation de «certains» produits à deux jours du début du Ramadhan.M. Rachid Benaïssa devait quand même savoir à quoi s'en tenir. Chaque année à la même période, le marché remettait de leurs illusions les Algériens.
Enfin, les quelques Algériens à qui il restait quelque dose de naïveté suffisante pour oser croire que cette fois-ci est peut-être la bonne. Dans la foulée, revenaient systématiquement et le discours et la méthode.
Le discours consiste à se dédouaner de la responsabilité : l'Etat n'a-t-il pas tout fait pour que le citoyen passe un bon Ramadhan avec disponibilité des produits alimentaires et stabilité des prix '
N'a-t-il pas importé de la viande et des pommes de terre pour diminuer la pression sur le produit local forcément sujet à la spéculation '
N'a-t-il pas mobilisé une armée de contrôleurs des prix, ouvert des marchés de «proximité» et suscité des vocations en CDD pour que tout se passe bien pendant ce mois commandé par la foi et donc plus légitimement exigeant '
Voilà pour le discours. Il se termine sur un tacite aveu d'impuissance, puisque restait toujours l'argument passe-montagne : la spéculation. Face à un Etat aussi' déterminé, on aurait pu croire que ce n'est pas une fatalité, mais on a fini par s'accommoder de ce qu'on nous sert comme explication.
Et puis, un mois, ça passe très vite. Tellement vite que la «méthode», elle, est d'une étonnante simplicité. Elle tient dans une ultime promesse que passée la première semaine où clients et marchands partagent une soudaine gloutonnerie, tout allait rentrer dans l'ordre.
Très peu de choses rentrent dans l'ordre mais l'Aïd n'est jamais très loin pour faire tout oublier, dans la ferveur et le pardon ! L'année prochaine, ça recommencera. Et ça a recommencé encore cette année.
Seule la surprise du ministre de l'agriculture a des relents de nouveauté. C'est d'abord une «première» qu'un ministre reconnaisse avec autant de franchise que les prix ont augmenté' malgré le fait que l'Etat ait (encore une fois) pris «toutes les dispositions». Qu'il en soit «choqué» est un' bonus.
Et M. Benaissa nous rappelle qu'en plus des facteurs objectifs qui déterminent les prix, il y a la' morale ! Comme en filigrane, il semblait suggérer qu'on ne peut pas agir sur la moralité des marchands, on aura tout de suite compris qu'on est une fois de plus mal barrés.
Sauf que le citoyen, lui, est loin d'être surpris. Pas plus surpris d'ailleurs par la déclaration du ministre du Commerce comme venu à la rescousse pour boucler la symphonie : «Les prix vont reculer pour se stabiliser à partir de la deuxième semaine du mois sacré».
On aurait pu lui rétorquer qu'une semaine de flambée des prix sur un mois, c'est déjà beaucoup. Mais ce serait croire que ça va vraiment changer à partir de mercredi prochain. D'ailleurs, il n'a même pas pris la peine de nous dire comment. A moins que les prix ne se stabilisent à' leur niveau actuel ! Auquel cas on est tenté de le croire. Mais même pour «ça», ce n'est pas évident.
Posté Le : 10/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com