Algérie

«Les prix du pétrole resteront durablement bas»



L'Algérie devra se préparer à une crise qui va s'installer dans la durée et revoir sa copie en matière de gestion des finances publiques. Mercredi, le gouverneur de la Banque d'Algérie parlait d'un choc persistant.Et ce n'est pas peu de le dire, si l'on se réfère aux propos tenus vendredi par la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. C'est lors d'une rencontre avec les ministres des Finances de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac) que la patronne du Fonds monétaire international (FMI) dépeint un tableau empreint de pessimisme des perspectives du marché pétrolier, estimant qu'à «la différence des cycles précédents, les prix devraient cette fois-ci rester durablement bas».Se faisant plus précise, Mme Lagarde estime, selon les propos relayés par l'APS, que «les marchés à terme ne laissent entrevoir qu'un léger redressement des cours à environ 60 dollars le baril en 2019». Elle explique que les cours du brut resteront pénalisés par plusieurs facteurs qui contribuent à une surabondance de l'offre. La directrice générale du FMI cite, dans ce sens, l'avènement du pétrole de schiste, l'évolution du comportement stratégique de l'Opep qui a décidé d'axer sa politique sur la préservation des parts de marché au lieu des prix ainsi que l'augmentation des exportations iraniennes, à la faveur de la levée des sanctions dans le cadre des négociations sur le nucléaire.Pour rester sur les fondamentaux du marché, Mme Lagarde évoque aussi plusieurs facteurs ayant des effets sur la demande, à l'image du repli de la consommation de pétrole aux Etats-Unis et la faiblesse générale de l'activité économique, notamment dans les pays émergents.Elle explique aussi que la Chine, principal partenaire commercial de l'Afrique, a entrepris un rééquilibrage historique de son modèle de croissance et est devenue «le théâtre d'une deuxième transition» qui s'est traduite par une baisse de la demande en matières premières, le pétrole en tête.C'est dans ce contexte que la patronne du FMI a recommandé aux pays membres de la Cemac la prudence, estimant que «l'effondrement des prix du pétrole s'impose à la Cemac comme une nouvelle réalité». Elle insiste sur la nécessité d'ajuster à court terme leurs ambitieux plans d'investissement afin de préserver la viabilité des finances publiques. C'est d'ailleurs la seconde fois, en l'espace de quelques mois, que Mme Lagarde prescrit une cure de rigueur budgétaire aux pays vulnérables face au contrecoup de la baisse des cours des matières premières, du pétrole en particulier.A Doha, Mme Lagarde prédisait, en novembre dernier, un faible cours du baril pour des années.Elle avait dans ce sens recommandé aux pays pétroliers de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, l'Algérie et les monarchies du Golfe en tête, de procéder à des ajustements budgétaires. Il est vrai que rien ne semble arrêter la chute inexorable des cours du pétrole.Ainsi et malgré les tensions géopolitiques et l'escalade du conflit entre les deux géants pétroliers du Golfe, à savoir l'Iran et l'Arabie Saoudite, les cours pétroliers ont fini la semaine en forte baisse. Le cours du baril de WTI, coté à New York, a perdu 11 cents à 33,16 dollars. Il reste à un plus bas depuis février 2004 et cumule une baisse de 10,48% sur la semaine.A Londres, le baril de brent de la mer du Nord a perdu 20 cents à 33,55 dollars, accusant un recul de 10,01% sur la semaine.Melissa Roumadi




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