Algérie

Les prix du baril replongent



Deux mois depuis que le baril de pétrole n'était pas descendu à un prix aussi bas que celui qu'il a marqué vendredi soir. Un niveau de prix qui reflète parfaitement l'état des lieux du monde du pétrole depuis quelques jours, lorsque les mauvaises nouvelles ont commencé à s'empiler.Très pénible séance pour les deux barils de pétrole de référence que fut celle de vendredi. Les prix du pétrole ont, en effet, chuté de plus de 3% vendredi et ont affiché leur plus forte baisse hebdomadaire depuis le mois de juin. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a reculé de 3,20% pour afficher 42,66 dollars, une baisse de 1,41 dollar par rapport à la clôture de la séance précédente, alors qu'à New York, le baril de WTI, livrable en octobre, a fait pire en concédant 3,8%, soit 1,60 dollar en moins que le prix de la veille, et tombe ainsi sous la barre des 40 dollars en affichant 39,77.
Selon Reuters, les craintes de plus en plus fondées quant à une lente reprise économique après la pandémie ont aggravé les inquiétudes concernant la faiblesse de la demande de pétrole. Des inquiétudes qui, déjà, éloignent les perspectives d'un baril de pétrole au-delà des 45 dollars de moyenne durant les trois prochains mois.
Les incertitudes quant à la suite de la pandémie ont, selon des experts, miné le marché ces derniers jours, accentuant l'incertitude qui règne chez des investisseurs pas très joviaux en raison de la réouverture des vannes dans les deux grands pays producteurs que sont l'Arabie Saoudite et la Russie qui, doit-on le rappeler, ont été pour beaucoup dans la remontée des prix. La réactivation de la production en Arabie Saoudite s'explique par le fait que ce pays entend se rattraper après avoir perdu d'importantes parts de marché en Chine au profit des Etats-Unis.
Le premier importateur mondial de pétrole, la Chine, ayant augmenté les importations en provenance d'Amérique et réduit les achats chez les Saoudiens, chez qui ils avaient importé d'importantes quantités pour profiter des prix du brut les plus bas depuis vingt ans, appliqués par l'Arabie Saoudite lors de sa guerre des parts de marché avec la Russie en mars et avril derniers. En conséquence, le mois dernier, l'Arabie Saoudite ne figurait qu'à la troisième place des principaux fournisseurs de pétrole de la Chine, derrière la Russie et l'Irak. En chiffres, les exportations de pétrole de l'Arabie Saoudite vers la Chine en juillet ont diminué de 23,4% à 1,26 million de barils par jour (b/j), alors que d'une année sur l'autre (2019-2020), les importations chinoises de pétrole brut américain ont vertigineusement grimpé de 139%, pour atteindre 864 200 b/j, faisant des Etats-Unis le cinquième fournisseur chinois.
La tendance à la baisse des prix constatée la semaine écoulée s'explique pour un éditorialiste d'un site américain spécialisé des questions de l'énergie. «Après avoir plané près des sommets jusqu'en août, dans l'espoir d'une reprise robuste de l'économie, les prix ont commencé à s'effondrer en milieu de semaine après un rapport selon lequel le volume de brut arrivant en Chine devait ralentir en septembre, et après que des données du gouvernement américain aient montré une forte baisse de la demande d'essence», argumente l'éditorialiste. Il ajoute que : «La fin de la folie des achats de pétrole brut en Chine pourrait nuire à l'optimisme de la demande», expliquant que les Chinois se sont déjà constitué des stocks de pétrole trop importants pour recourir dans l'immédiat au marché, ce qui se répercutera inévitablement sur la demande déjà peu enthousiasmante , en raison de la persistance de la pandémie de Covid-19 et des hésitations de reprise de la machine économique mondiale.
De quoi craindre pour le prix du baril, donc pour les perspectives économiques à court terme pour nombre de pays, à l'instar de l'Algérie qui veut initier un début de réformes économiques.
Azedine Maktour


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