L'Expression: Quelles sont les raisons qui font qu'à chaque fin de Ramadhan, on observe une flambée des prix d'articles d'habillement'El Hadj Tahar Boulenouar: Par rapport à l'année écoulée, la hausse des prix est moins importante, et cela s'explique d'une part, par le fait que le stock actuel des produits vestimentaires est celui des deux dernières années, où il y a eu une grande baisse des ventes à cause de la crise sanitaire. À cela s'ajoute un recul de l'offre qui découle de la rupture d'approvisionnement avec la Chine durant la pandémie de Covid-19, ou beaucoup de commerçants se sont rabattus sur la Turquie. D'autre part, il faut savoir que le fonds du problème réside dans l'absence de production nationale en matière de vêtements, alors que le marché est très important. Au demeurant, plus de 80% des marchandises sont importées. Cela étant, nous avons constaté une légère reprise des ateliers de confection durant la crise sanitaire, essentiellement destinée au secteur de la santé. Par ailleurs, les achats de l'Aïd qui concerne généralement les vêtements d'enfants, ne sont plus motivés uniquement par cette fête. Les familles accablées par le recul du pouvoir d'achat, s'organisent désormais, pour que les vêtements de l'Aïd servent également pour la rentrée scolaire.
Que pensez-vous de l'attitude des commerçants qui profitent de la situation pour augmenter les prix'
Le phénomène existe depuis des années, mais il est en train de se résorber, notamment dans les grandes villes, ou il y a beaucoup de boutiques et de centres commerciaux et donc beaucoup de concurrence, qui empêche les commerçants d'augmenter les prix au risque de perdre de la clientèle. Mais c'est vrai que certains commerçants voient dans cette effervescence de l'Aïd, l'opportunité de rattraper les manques à gagner occasionnés par la crise sanitaire, et se disent, qu'après la fête de l'Aïd, les ventes vont encore chuter. Une situation qui a contraint un grand nombre de commerçants d'habillement à changer d'activité, ce qui induit un recul important des ventes ces dernières années.
Quelles sont les solutions, que l'Anca préconise pour réguler le marché, et prévenir ou éviter ces hausses de prix'
En premier lieu il s'agit d'intervenir pour relever la production nationale. Pour ce faire, il est impératif de solutionner les deux problèmes qui minent les producteurs, en l'occurrence, la disponibilité de la matière première, et la distribution. Dans ce sens, il faut encourager l'activité de transformation, de façon à se diriger vers l'organisation du tissu des entreprises qui exercent dans ce domaine, et qui se comptent à plus de 3 000 ateliers de confection, qui gagneraient à se regrouper en coopérative. Car c'est la seule alternative pour remédier aux manques de capacités de production dont souffrent certaines entreprises. C'est à travers ces regroupements que la force de frappe de l'activité serait plus importante, et pourra prétendre relever les défis de production. Il y va de même pour l'activité de fabrication de chaussures, qui a connu un grand recul, alors qu'il existe plus de 4 000 ateliers sur les territoires nationaux. Autant dire que le potentiel pour répondre à la demande nationale existe, il faut encourager l'investissement dans ce domaine, et réguler le marché. Par ailleurs, il est important de créer des espaces de gros pour les vêtements, car ils sont le baromètre des prix et un moyen efficace de régulation. C'est dans ces paramètres que résident les vraies solutions aux problèmes actuels. En somme, l'Algérie à les moyens de porter la production des produits vestimentaires à des niveaux qui lui permettraient d'exporter, comme cela était le cas dans les années 1970.
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Posté Le : 28/04/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali AMZAL
Source : www.lexpressiondz.com