Algérie

Les prix de l'immobilier vont baisser de plus de 30% d'ici juin



Les prix de l'immobilier vont baisser de plus de 30% d'ici juin
Concurrence de l'AADL et du LPP, nouvelles règlementations pour canaliser l'informel, prix inadaptés : les professionnels de l'immobilier s'inquiètent du blocage du marché.- Depuis quelques mois, l'obligation d'utiliser le chèque pour payer les transactions de 5 millions de dinars et plus lors de l'achat de biens immobiliers est entrée en vigueur. De nombreux agents immobiliers jugent cette mesure irréaliste. Quel est votre constat 'L'objectif de cette mesure était de bancariser l'argent, mais dans le domaine de l'immobilier, au lieu de faire avancer le marché, ça l'a freiné. Les clients ne font pas confiance aux banques. L'économie parallèle est plus importante que l'économie formelle, donc il y a davantage d'argent qui circule dans l'informel, même si ce n'est pas de l'argent sale.Cela a donc influé sur les prix de l'immobilier dans la mesure où la loi qui oblige à payer en plus, 7% de la totalité de la somme à la banque, est contraignante. Pour le moment, les clients attendent de voir plus clair. Mais je suis inquiet parce que cela bloque complètement le marché. Si les pouvoirs publics avaient pris nos propositions au sérieux, on n'en serait pas là aujourd'hui. Il faut, à mon avis, réévaluer le parc immobilier à sa valeur réelle, car les gens sous-déclarent toutes les transactions.En d'autres termes, si je vends un bien pour un milliard et que je déclare 500 millions, je fais perdre au Trésor public la moitié de la taxe. Il faudrait trouver des solutions fiscales pour amener le client à déclarer la totalité de sa transaction sans pour autant le sanctionner financièrement car il répercute sur le prix de vente ces 7%. Les prix de l'immobilier ont baissé d'environ 15% depuis un an. D'ici juin, on s'attend à une baisse de 30% et plus. Si on arrive à adopter cette solution, l'Algérien déclarera la totalité et le décret ne posera plus de problème à l'acheteur.En tant que professionnels, nous encourageons cette mesure car nous prenons un risque énorme en recevant de l'argent en espèces. J'ai l'intention de faire la proposition écrite au ministère des Finances. Personne n'est contre le fait de bancariser son argent, mais il faudrait que les banques jouent aussi le jeu. Des sommes colossales circulent dans les transactions immobilières, mais je défie quiconque de quantifier le montant, parce que 80% sont informelles. C'est un marché qui n'est pas structuré. Le côté fiscal doit être révisé.- Il faut reconnaître que le secteur immobilier est considéré comme l'un des circuits privilégiés du blanchiment d'argent?Evidemment et de l'argent de toutes provenances. Il faudrait trouver des solutions fiscales pour amener le client à déclarer la totalité du prix donc à bancariser son argent. Le décret, tel qu'il est appliqué, n'a rien réglé. La plupart des transactions se font toujours en espèces.- La moitié des agences immobilières ont disparu depuis la promulgation, en 2009, du décret exécutif réglementant l'exercice de l'activité d'agent immobilier?La FNAI, depuis sa création en 1998, travaille à moraliser et réglementer la profession. C'est nous qui avons proposé ce décret pour mieux gérer le marché. Depuis son application, sur 6600 agences immobilières recensées, 3600 ne se sont pas conformées aux dispositions du décret et ont donc disparu. La moitié a été éliminée, malheureusement cette moitié s'est encore scindée en deux, certains s'étant reconvertis dans l'informel. Aujourd'hui, les agences immobilières ne couvrent que 20% du marché contre 80% pour les intermédiaires qui opèrent dans l'informel. Si cela continue, tous les agents immobiliers vont baisse rideau et choisir l'informel.Il faudrait régulariser ? et non pas sanctionner ? ces intermédiaires informels. Mais les pouvoirs publics ne doivent pas prendre de décisions sans nous consulter. Nous ne sommes pas de simples figurants. Les pertes sont énormes pour nous et pour le Trésor public. Allez voir les tribunaux : ils sont saturés d'affaires relatives à des transactions immobilières frauduleuses. Parce qu'en plus, il existe de l'informel dans l'informel, c'est-à-dire des terrains vendus dans l'indivision, des ventes sans acte et des locations sans contrat.- Vous demandez aussi que les pouvoirs publics réglementent le secteur afin que toutes les transactions passent par des agents immobiliers agréés?Je propose un cadre juridique pour que toutes les transactions passent par un agent immobilier agréé. C'est lui qui confirmera le montant de la vente. L'agent sera aussi responsable pénalement de sa déclaration. Tout cela dans le but de canaliser les transactions, de nettoyer le marché, d'éliminer les intermédiaires et aussi de créer de l'emploi. C'est une solution rapide et si les pouvoirs publics l'appliquent pendant au moins 5 ans, tout l'informel dans l'immobilier sera éradiqué.- Les programmes de l'Etat pour le logement, à savoir l'AADL et le LPP, ont forcément influé sur votre activité et sur les prix de l'immobilier. De quelle manière ' Les prix ont baissé. Pourriez-vous acheter un kilo de pomme de terre à 300 DA ' C'est la même chose pour l'immobilier. C'est la loi de l'offre et de la demande. L'offre ne correspond plus au niveau de vie de demandeur et cette tendance s'est accrue en 2015. Le marché est bloqué : 35% des clients n'ont pas trouvé preneur et demandent la révision des prix à la baisse.Dans les années 1990, il y avait de l'argent en circulation et les importateurs investissaient dans l'immobilier ; les entreprises étrangères qui s'installaient ont également fait grimper les prix, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Depuis la crise financière mondiale de 2008, la situation a changé avec le départ de certaines multinationales et les restrictions de budgets.Les prix ont tellement augmenté qu'il n'y a plus d'acheteur. On ne trouve plus d'acquéreur. Nous conseillons à nos clients de vendre maintenant car bientôt, ils perdront encore plus d'argent. Personne ne pouvant acheter à appartement à 4 milliards de centimes, il n'y a plus de demande. Les logements de l'Etat participent aussi à la baisse des prix des slogements. Depuis 2001, deux millions de demandeurs sont sortis du marché de l'immobilier.




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