2019 est désormais inscrite dans l'Histoire comme étant l'année de la chute brutale de tous les symboles du régime ayant précipité le pays dans une crise profonde.Tout commence en mai dernier, lorsque des rumeurs insistantes annoncent l'arrestation d'un des hommes forts du pays. Même mis à la retraite, Mohamed Médiène, dit Toufik, gardait en effet à ce moment toute son aura, celle d'un personnage doté d'une certaine puissance, une influence agissante dans l'ombre, particularité de toujours d'un général que l'on disait déjà aux arrêts en cette matinée du 4 mai. Presque au même moment, d'autres informations font savoir que le général Tartag, coordinateur des services de sécurité au niveau de la présidence, et Saïd Bouteflika se trouvent déjà en interrogatoire au niveau des services de la DSI, Direction de la sécurité intérieure. Les faits se confirment en fin de journée. Le lendemain, un communiqué du tribunal militaire de Blida informe l'opinion que les trois mis en cause sont poursuivis pour complot contre l'autorité militaire. Quatre mois plus tard, en septembre, ils sont condamnés à quinze années de prison.
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) écope de la même peine. Louisa Hanoune a pourtant été condamnée «en l'absence de preuves matérielles, de témoignages l'impliquant d'une quelconque manière, ou d'enregistrements audio», ont dénoncé ses avocats à l'issue du procès. Son incarcération avait également été condamnée par dix partis politiques algériens et soulevé une vague d'indignation.
La porte des arrestations d'anciens hauts responsables du régime ne faisait alors que s'ouvrir. Les enquêtes ouvertes pour corruption commencent dès la fin mai. Les tribunaux d'Alger se transforment alors en lieux où défilent jour et nuit chefs de gouvernement, anciens ministres, de l'Industrie, de la Solidarité nationale, hommes d'affaires réputés très proches des cercles de décision, du frère conseiller de Abdelaziz Bouteflika en particulier. Il y a là aussi l'ancien directeur de la Sûreté nationale. Leurs épouses et leurs enfants ne sont pas épargnés. Il y a là aussi près de quinze anciens walis, dont celui d'Alger, trois directeurs de banque, des cadres des entreprises, des fonctionnaires des œuvres universitaires?
La justice enchaîne les instructions jusque tard dans la nuit. Parfois, elle travaille jusqu'à l'aube. Mahieddine Tahkout, ses deux frères, Abdelghani Hamel et ses deux fils sont placés sous mandat de dépôt à six heures du matin. Avant eux, deux emprisonnements spectaculaires ont eu lieu : ceux des deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. Ils ont comparu récemment dans le procès de l'automobile qui s'est déroulé au tribunal de Sidi-M'hamed. Ouyahia et Sellal ont été condamnés respectivement à quinze ans et douze ans de prison.
Assis non loin de ces deux prévenus, Ali Haddad comparaissait lui aussi. 2019 est synonyme de la chute de cet homme qui avait connu une ascension fulgurante que l'on dit due, en grande partie, à sa proximité avec les Bouteflika. Haddad est d'ailleurs apparu être un élément central dans l'enquête non achevée sur la connexion entre l'argent sale et la politique.
D'autres hommes d'affaires sont poursuivis pour le même chef d'accusation. Ils se trouvent également en prison pour avoir bénéficié d'indus avantages octroyés par 14 ministres qui se trouvent actuellement incarcérés à El-Harrach. L'un de ces ministres a été placé sous mandat de dépôt pour des raisons différentes : Tayeb Louh, ancien garde des Sceaux, fait exception y compris dans la manière dont a été diligentée l'enquête déclenchée à son sujet puisqu'elle a été attribuée à l'Office de lutte contre la corruption. Tayeb Louh est poursuivi pour corruption, abus de fonction, entrave au bon fonctionnement de la justice. On le soupçonne d'avoir mis en place des réseaux ayant 'uvré pour dissimuler des preuves ou changer le cours des enquêtes ciblant d'anciens hauts responsables. Des magistrats ont été relevés de leurs fonctions pour cette raison, d'autres incarcérés (l'épouse de Mohamed Djemaï, ancien SG du FLN) et d'autres encore toujours entre les mains de la justice. 2020 ne sera, de ce point de vue, qu'un prolongement de l'année qui vient de s'écouler.
A. C.
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Posté Le : 31/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abla Chérif
Source : www.lesoirdalgerie.com