Depuis quelques années, la Kabylie est devenue le théâtre de multiples attentats terroristes. "Résiduels", comme aiment à le répéter les responsables algériens, mais la réalité du terrain est tout autre. Elle contraste totalement avec un discours triomphaliste des responsables politiques sur le retour de la paix et de la stabilité. Neuf ans après l'adoption, par référendum, de la loi portant réconciliation nationale, l'activité terroriste n'a pas connu de répit en Kabylie. Ainsi, il ne se passe pas une semaine sans qu'un attentat soit perpétré par des groupes terroristes qui infestent les maquis d'une région qui, force est de le constater, semble être livrée au terrorisme et au banditisme.Même durant les années 90, la région était plutôt épargnée par l'insécurité. Cela a été rendu possible grâce, notamment, à ses habitants qui, historiquement, n'ont jamais servi de base idéologique ou de relais aux groupes islamistes armés. C'est dans cette région, pour rappel, que les premiers groupes d'autodéfense se sont formés. L'engagement politique de la région était et est toujours l'antithèse du projet islamiste. Mais c'est depuis 2005 que le phénomène des kidnappings est apparu dans cette partie du pays et ce, au grand dam de ses habitants. En effet, plus de 80 personnes ? notamment des entrepreneurs, des commerçants et des hommes d'affaires ? ont été prises en otage. Même si la plupart de ces rapts ont connu un dénouement heureux grâce à la mobilisation citoyenne, d'autres enlèvements, en revanche, ont été suivis d'assassinats.La Chambre de commerce et d'industrie de la wilaya de Tizi Ouzou a fait état, depuis, de plus de 71 cas d'entreprises ayant quitté la wilaya pour des motifs liés à la dégradation de la situation sécuritaire dans la région. À ces rapts, s'ajoutent de multiples attentats perpétrés contre les forces de sécurité. Plusieurs policiers, soldats de l'ANP et gendarmes ont été tués depuis quelques années dans la région.De nombreux attentats ont été commis par des groupes fortement armés, comme celui qui a ciblé, en juin 2012, la caserne de la BMPJ de la ville des Ouacifs, ou celui contre un autobus transportant des soldats chargés de sécuriser le scrutin présidentiel dans un campement à Iboudrarène, au lieu-dit "La carrière", au mois d'avril écoulé. Cet attentat, qui a fait au moins 11 victimes, a été perpétré près de la limite géographique entre les wilayas de Bouira et de Tizi Ouzou, où Hervé Gourdel a été kidnappé dimanche passé.En août dernier, un militaire a été tué et un autre blessé dans une attaque terroriste à Abi Youcef, à 50 km à l'est de Tizi Ouzou, non loin du lieu de ce kidnapping. Même s'il est vrai que plusieurs terroristes ont été éliminés dans les maquis de la région, comme ce fut le cas, dimanche, de l'émir de la phalange de Draâ El-Mizan, le tristement célèbre El-Manchot, il n'en demeure pas moins que la population locale s'interroge sur la réelle force de ces groupes et aussi sur l'efficacité de la lutte contre le terrorisme. Même avec une forte présence des forces de sécurité, la région reste toujours livrée à l'activité terroriste et criminelle.Du coup, les citoyens de Kabylie s'interrogent sur l'existence réelle d'une volonté d'en finir avec le terrorisme. Au moment où l'Algérie est devenue "experte" en matière de lutte antiterroriste, dit-on, une telle interrogation est plus que légitime.
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Posté Le : 24/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Mouloudj
Source : www.liberte-algerie.com