Algérie

Les prières de rue interdites: Paris muscle le ton contre les musulmans


Un accord conclu mercredi qui règle le problème posé par le débordement des fidèles musulmans sur la voie publique dans deux mosquées du 18ème à Paris. Une partie d'une caserne de pompiers désaffectée devrait les accueillir. Les prières de rue sont désormais interdites. Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, en course derrière le Front National, a saisi l'occasion pour «muscler» son discours contre les musulmans.

Un accord raisonnable et concret a été conclu mercredi dernier, entre les responsables de deux mosquées du 18ème arrondissement de Paris et l'Etat français et permet de résoudre la question des prières dans la rue qui sont devenues un abcès de fixation des islamophobes en France. Les fidèles qui en raison de l'exiguïté de deux mosquées dans le 18ème arrondissement de Paris (rue Myrha et rue Polonceau) accomplissaient leurs prières dans la rue, ont désormais à leur disposition un nouveau lieu de culte dans une ancienne caserne du nord de Paris, boulevard Ney. Le nouvel espace de 2.000 m², loué pour une durée de 3 ans à 30.000 euros par an, va pouvoir les accueillir en attendant la construction d'un institut des cultures d'Islam, dont l'ouverture est prévue en 2013.

À Marseille, la préfecture des Bouches-du-Rhône a également annoncé, jeudi, la mise à disposition provisoire d'un espace de 1.000 m², près de la porte d'Aix. Ces mises à disposition d'espaces sont intervenues à la veille d'une interdiction officielle des prières de rue qui est entrée en vigueur jeudi. La Mosquée de Paris qui a annoncé l'accord mercredi s'est réjouie de «l'aboutissement de cette solution qui permettra aux musulmans du 18ème arrondissement de Paris de remplir leurs obligations religieuses dans des conditions de dignité, dans le respect de l'ordre public en évitant les prières dans la rue». Afin d'inciter les fidèles à aller vers le nouvel espace, les responsables des associations des deux mosquées ont décidé de fermer les lieux du culte, ce vendredi et à l'occasion de l'Aïd El Adha.

Le ministre «sombre dans la xénophobie»

L'accord montre que le dialogue pour chercher des solutions concrètes est possible sans excès de langage. Mais M. Claude Guéant, ministre de l'Intérieur - qui s'est fait une religion de devoir pointer son index et sa langue au moins une fois par semaine sur les musulmans ou les immigrés – n'a pas résisté à son péché mignon. Dimanche, il avait, à la surprise générale, mis en cause une «immigration comorienne» à Marseille à qui il a imputé «beaucoup de violence» qu'il ne peut «quantifier».

Tout le monde a observé que cette sortie intervenait au moment où le Front national tenait son université d'été à Nice. Le sociologue Laurent Mucchielli a accusé dans son blog le ministre de l'Intérieur de «sombrer dans la xénophobie» en essayant, une fois de plus, de chasser sur les terres du FN «en vue de l'élection présidentielle de 2012". Devant les réactions indignées suscitées par ces propos, Claude Guéant a exprimé, des «regrets». «On a un problème récent de violence de personnes comoriennes, pas de Français d'origine comorienne. J'ai répété ce qu'on m'avait dit, mais si cela a pu blesser des Français d'origine comorienne et des Comoriens tout court, je le regrette». L'explication est courte. Mais pour faire un peu oublier le fait d'être contraint à exprimer des regrets, le ministre de l'Intérieur a trouvé matière à relancer un discours «musclé» au sujet de l'accord sur l'octroi d'un espace de prière annoncé par la Mosquée de Paris. Et pour cause, Marine Le Pen qui est devenue l'aiguillon de l'action et des propos de M. Guéant, pourfend, avec sa mauvaise foi raciste habituelle, l'accord conclu pour l'octroi d'un espace de prière aux musulmans.

«Nous pourrions aller jusqu'à l'emploi de la force si nécessaire…»

Dans un entretien publié par «Le Figaro», Claude Guéant a affirmé que sa «vigilance sera sans faille pour que la loi soit appliquée» car «prier dans la rue n'est pas digne d'une pratique religieuse et contrevient au principe de laïcité». Tout en affirmant avoir privilégié la concertation, il a indiqué que «la pratique des prières dans la rue devait cesser et elle cessera à la date prévue». «Nous pourrions aller jusqu'à l'emploi de la force si nécessaire, mais c'est une hypothèse que j'écarte car le dialogue qui a été conduit porte ses fruits. Le service de la grande prière de vendredi aura donc lieu dans les locaux de l'ancienne caserne et nulle part ailleurs. Cette affaire est résolue». Tant mieux. Mais parions que pour ne pas paraître «mou», Claude Guéant continuera à trouver d'autres «motifs» de propos vexatoires contre les «autres» qui le plus souvent sont des Français.


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