Algérie

Les prévenus lèvent le voile sur la connexion argent-politique



Ce sont donc deux affaires différentes que le tribunal de Sidi-M'hamed étudie actuellement en procédant à l'audition d'hommes d'affaires versés dans le montage automobile, mais aussi deux anciens Premiers ministres ainsi que deux anciens ministres de l'Industrie, le troisième (Abdeslam Bouchouareb) ayant été déclaré en fuite. Le second dossier traité concerne le financement occulte de la campagne présidentielle de Abdelaziz Bouteflika.La manière dont ont été menées les auditions, les questions posées, mais aussi le contexte dans lequel se sont produits les faits reprochés aux prévenus ont, cependant, démontré l'existence de liens évidents entre les deux dossiers.
Le résumé de toutes les réponses apportées par les hommes d'affaires interrogés, hier, a laissé éclater au grand jour cette réalité terrible qui a très longtemps prévalu dans le pays.
Le schéma s'est dressé de lui-même : les opérateurs économiques bénéficiant d'un statut très spécial grâce à leur proximité avec les dirigeants de l'époque ont été privilégiés pour l'obtention de contrats juteux, les deux Premiers ministres incarcérés ont usé de leur position pour prolonger des décrets permettant d'exonérer ces hommes qu'ils avaient choisis, et ces derniers étaient à leur tour tenus de renvoyer l'ascenseur en finançant les campagnes électorales et en faisant preuve de largesses matérielles qui ont été révélées durant ce procès.
Un pan du voile de la connexion entre le monde de l'argent et du politique a été levé hier au tribunal de Sidi-M'hamed dans toute sa laideur, souvent choquante au vu des chiffres dévoilés. Durant ce troisième jour de procès, il est apparu que Ali Haddad était doté d'une puissance beaucoup plus importante que celle que lui prêtait la rumeur puisque c'est lui qui avait été chargé de récolter l'argent destiné à financer la campagne pour le cinquième mandat.
Abdelmalek Sellal et Amara Benyounès étaient, quant à eux, chargés de le réceptionner dans des comptes ouverts au nom de l'ancien Premier ministre et directeur de campagne. Le rôle de Saïd Bouteflika est lui aussi apparu de manière évidente. Son nom a été cité à plusieurs fois par l'ancien patron de l'ETRHB.
Des détails incroyables sur la manière dont a été récolté cet argent, révélés devant des accusés tendus et incapables de se défendre. Durant les auditions qui se sont déroulées hier, on a pu aussi écouter des témoignages édifiants sur le rôle joué par l'ancien ministre de l'Industrie en fuite, Abdeslam Bouchouareb, dans les privilèges octroyés aux hommes d'affaires versés dans le montage automobile.
Des noms bien connus dans le monde des affaires ont témoigné en tant que partie civile, Abderrahmane Achaïbou et Omar Rebrab ont enfoncé de manière spectaculaire Bouchouareb et Sellal. Ils ont tenu à démontrer avec force détails à quel point l'ancien ministre de l'Industrie en fuite avait agi pour «casser l'économie du pays» et fragiliser le secteur de la construction automobile en l'octroyant à des «hommes de main».
L'ANDI, maintes fois citée depuis l'ouverture de ce procès, était également représentée hier. Les éléments révélés ont démontré, là aussi, toutes les irrégularités constatées dans le traitement de certains dossiers.
D'autres témoins qui occupaient de hauts postes au sein du ministère de l'Industrie ou de la fameuse commission technique par laquelle devaient absolument passer tous les dossiers des opérateurs ont évoqué les «instructions» de Bouchouareb pour écarter certains dossiers. Des révélations en série?
A. C.


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