Algérie

«Les preuves avancées par l'Algérie constituent la plateforme de l'extradition»



«Les preuves avancées par l'Algérie constituent la plateforme de l'extradition»
- La justice britannique vient d'ordonner l'extradition de Abdelmoumen Khalifa. Quelles répercussions cette décision aura-t-elle sur le dossier 'La plus importantes des répercussions, c'est de permettre aux autorités d'organiser un dossier judiciaire solide et éviter ainsi de s'attarder sur des broutilles, comme les cartes de thalassothérapie ou les billets d'avion. Il sera question de reprendre le gros dossier relatif aux transferts de devises, pendant depuis près de dix ans au niveau du tribunal de Chéraga et de le traiter sérieusement. L'affaire de Khalifa Bank, examinée par le tribunal criminel près la cour de Blida, est vraiment dérisoire par rapport à celle qui attend au niveau de la cour de Chéraga. - Est-il normal qu'une affaire reste pendante pendant presque dix ans au niveau d'un tribunal ' Je ne sais pas, ce qui est certain, c'est que le dossier n'a pas été géré de manière sérieuse. Je ne sais pas s'il a été fermé ou mis au vert en attendant l'extradition de Moumen. Ce qui est important, il faut le préciser, c'est que le juge est maintenant dans l'obligation de le reprendre, mais d'une manière plus sérieuse et plus solide. - Pensez-vous que l'extradition de Khalifa soit le résultat d'un accord politique entre l'Algérie et la Grande-Bretagne ou s'agit-il tout simplement d'une décision liée à une affaire purement délictuelle ' La décision démontre que Abdelmoumen Khalifa n'a aucun argument politique pour se défendre des faits délictuels qui lui sont reprochés. Elle prouve que le dossier présenté et défendu par l'Algérie ne contient que des faits en relation avec une opération d'escroquerie. Si les Britanniques ont décidé de l'extrader, c'est que les pièces présentées sont solides et ne prêtent à aucune confusion. Les arguments politiques qu'il met en avant n'ont pas été retenus. Les preuves avancées par la partie algérienne constituent la plateforme de cette décision d'extradition. Les seules négociations, qui peuvent avoir lieu autour de ce dossier, concernent les garanties données par l'Algérie pour assurer à Moumen un procès équitable. Mais je pense que la meilleure des garanties a été le procès de Blida, qui s'est tenu publiquement dans de bonnes conditions, où tous les accusés se sont exprimés librement et leur défense également. - Mais au tout début du lancement du mandat d'arrêt, les autorités britanniques avaient refusé l'exécution de cette extradition. Pourquoi selon vous ' En fait, au tout début il y a eu un cafouillage. Des vices de forme sont apparus donnant l'impression de faire dans la précipitation. Le dossier n'était pas sérieux du tout. Il a fallu mettre en action la liquidation, en tant que partie civile, puisqu'elle défend l'intérêt des déposants, qu'ils soient grands ou petits. Les pièces envoyées aux autorités judiciaires britanniques étaient irréfutables et démontraient clairement les faits délictuels reprochés à Abdelmoumen. Nous avions gagné l'affaire dans le fond, et Moumen a été défait. Il ne restait que le terrain de la forme, sur lequel Khalifa a joué toutes ses cartes et a réussi à gagner du temps. - Certains restent convaincus que Abdelmoumen est une sorte de boîte de Pandore que les autorités algériennes ne veulent pas ouvrir et ont donc intérêt à ce qu'il ne parle pas. Qu'en pensez-vous ' Je reste convaincu qu'il n'a aucun argument politique pour se défendre. Il sera obligé d'affronter les faits précis et prouvés d'escroquerie qui lui sont reprochés. Il doit expliquer au juge tous les mouvements de fonds opérés par sa banque vers des comptes à l'étranger, le trou laissé au niveau de la caisse principale et toutes les opérations douteuses ayant entraîné le désastre financier constaté. Dans le cadre de ma mission de liquidateur, j'ai eu à rencontrer Abdelmoumen à Londres, dans l'espoir qu'il m'aide à retrouver la traçabilité de certaines opérations de transfert de fonds, en vain. A chaque fois, il me raconte des histoires, me promet le remboursement d'une importante partie des créances, mais à la fin, il revient sur ses engagements. Au fond, je pense qu'il n'a aucun argument solide pour se défendre. - Pourquoi, d'après vous, la justice française s'est-elle désistée de sa demande d'extradition de Abdelmoumen Khalifa vers la France au profit de l'Algérie ' Je pense que c'est à cause de l'affaire Raghed Echamaâ (le conseiller franco-libanais de Khalifa, ndlr), que nous poursuivons en tant que partie civile, pour avoir vendu clandestinement 12 avions-taxis achetés par Abdelmoumen Khalifa à EADS. Je n'ai pas une idée nette sur le degré de complicité de Abdelmoumen. Ce dont je suis certain, c'est que le maître d'œuvre est Raghed Echamaâ. Il a contribué à démanteler ces appareils et à les vendre en pièces détachées à l'extérieur de la France. Tout le monde avait peur de cette affaire et des répercussions qu'elle pouvait avoir, notamment sur les cadres dirigeants d'EADS, dont le directeur général avait été inculpé. Peut être que la peur était liée aux révélations que pouvait faire Abdelmoumen sur ce géant de l'aéronautique, une fois extradé vers la France. Il est important de rappeler que Raghed Echamaâ avait introduit une requête pour récuser la constitution de la liquidation en tant que partie civile. Tout comme d'ailleurs l'avait fait Mme Khalifa, dans le procès qui nous oppose à elle, mais elle a été déboutée.


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