Algérie

Les prétendants aux législatives toujours ignorés par les électeurs


Les prétendants aux législatives toujours ignorés par les électeurs
La campagne électorale bat son plein mais les électeurs sont toujours aux abonnés absents. Les meetings, quant ils ne sont pas annulés faute de spectateurs, se déroulent dans des salles clairsemées. Et ce n'est pas que de l'indifférence. Des officiels de la scène politique se font apostropher. Certains ont même été contraints de prendre la tangente.
L'inflation de partis n'a pas arrangé les choses avec des formations composées par des cocktails de prétendants, propres à entretenir la confusion entre nationalistes, islamistes, affairistes et sans couleur. À l'analyse, hormis le FFS dont par ailleurs, 'la stratégie participative' reste une énigme même pour ses militants, tous les autres ont entonné la même chansonnette. Des promesses qui rebutent même ceux qui avaient pour habitude de faire semblant d'y croire, des châteaux de cartes tellement loufoques qu'ils provoquent des rires hystériques, comme ces primes de mariage pour célibataires, la légalisation du trabendo transfrontalier, la profusion de logements, une santé qui ferait pâlir les Français, la voiture algérienne' La quarantaine de partis régurgite des programmes similaires qui ne sont en fait que des déclinaisons de la matrice du pouvoir. Des programmes le plus souvent généraux et généreux, peu distinctifs et très peu lisibles, quand ils ne sont pas fourrés de démagogie outrancière. Cinquante années de dressage certainement mais aussi et surtout un demi-siècle de mise à l'écart de toute voix dissonante, contrariante ou, tout simplement, différente. À croire que les futurs nouveaux députés ont assimilé leur rôle, qui ne s'éloignera pas de celui joué par leurs prédécesseurs. 'À quoi bon ce type de députés '' se demandent des abstentionnistes. Et voilà pourquoi durant ces deux semaines de campagne, nul n'a dérogé à la règle, pas la moindre allusion aux changements en 'uvre chez nos voisins avec ce grand débat sur le régime présidentiel et le pouvoir parlementaire. Le pays est immunisé contre les révoltes de ce genre, affirment-ils, au diapason avec le pouvoir et ses deux béquilles que sont le FLN et le RND. Mais, et ce n'est certainement pas que pour être dans l'air du temps, ces législatives constituent, pour le pouvoir, le 'printemps de l'Algérie' ! Oui, les élections préoccupent au plus haut point le premier magistrat qui ne cesse d'exhorter le corps électoral à participer massivement. Pour Abdelaziz Bouteflika, ces élections du 10 mai constituent un acte fondateur tout comme le 1er Novembre 1954 ! On l'aura compris, cette votation est un test de confiance dans lequel le régime s'est pleinement engagé. La presse publique, sa télé et sa radio, tout est mis en branle pour inciter au vote. Après les SMS, les affiches et autres panneaux électoraux, les discours, la mobilisation des artistes, les prêches dans les mosquées, juridiquement interdits' pour éviter une abstention qui pourrait s'avérer d'une ampleur sans précédent. Selon les reportages de la presse indépendante, les abstentionnistes seraient de loin les plus nombreux. Les politologues pensent, eux aussi, que l'abstention sera particulièrement élevée. Dans la rue, les élections ne constituent pas le sujet favori. Et puis en remontant le fil de l'histoire récente des élections, on découvre que l'abstention n'a pas cessé de progresser au fil des scrutins et concerne tous les types d'élections. Mais les scrutins législatifs sont encore plus touchés que les autres. En 1991, le taux d'abstention était de 40,99%. Si on ajoute les bulletins nuls pour obtenir le taux de défiance, le pourcentage atteint est de 52,81%. Progression aux législatives suivantes de 2002 : abstention proprement dite, 53,82% ; défiance : 64,28%. En 2007, ce fut carrément la bérézina : 69,46% pour l'abstention et 83,87% pour la défiance. Au point où des officiels ont lâché au démarrage de la législature 2012 que la précédente était frappée d'illégitimité ! Un mea-culpa lourd de sens qui n'a néanmoins pas fait bouger le curseur chez les jeunes. Or, le challenge du président Bouteflika est justement de montrer notamment aux partenaires occidentaux que la tendance serait plutôt à la réhabilitation de ses réformes qu'il a affinées en 2011. À commencer justement dans l'institution qu'est le Parlement dont il n'est cependant pas dit si ses prérogatives seront ou non améliorées.
D. B


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