Algérie

Les Présides Espagnols en Afrique du Nord



Les Présides Espagnols en Afrique du Nord
1 – Les Présides du littoral nord africain :

Les présides sont des places de souveraineté espagnole en Afrique du nord ou "Plazas de soberanía" en langue espagnole.

Ces places sont des îlots, des rochers ou des territoires, situées sur le littoral nord africain et occupés par les espagnols au début du XVIème siècle, dans la continuité de la conquête de Grenade du 2 janvier 1492.

Le préside, point d’ancrage stratégique, doit permettre un regard et une influence sur ce qui se passe autour de sa zone, permettant ainsi à la couronne espagnole la maîtrise des espaces littoraux et maritimes, dans l’optique de la poursuite de sa « Reconquista » vers l’Afrique du nord.

Ainsi, l’Espagne a installé un certain nombre de points d’ancrage sur le littoral nord africain au début du XVIème siècle :

* 1497 : Melilla,
* 1505 : Mers El-Kébir,
* 1508 : Peñon de Vélez de la Gomera (îlot dans le pays des Ghomara dans le Rif),
* 1509 : Oran,
* 1510 : Peñon d’Alger (rocher en face du port d’Alger),
* 1510 : Béjaïa,
* 1510 : Tripoli,
* 1520 : Djerba.
* Etc.

Tous ces points d’ancrage étaient placés sous la domination de l’Espagne avec l’intention de reconquérir l’Afrique du nord.

Les présides abritaient une garnison militaire et un certain nombre de musulmans soumis aux rois d’Espagne. Ces points d'ancrage étaient :

* fermés à l’intérieur de fortifications,
* et isolés dans un environnement hostile.


2 – Le testament d’Isabelle de Castille :

L’idée de l’expansion de la chrétienté en terre d’Islam avait été renforcée par le testament d’Isabelle de Castille qui, à partir de 1504, orientait définitivement la politique extérieure de l’Espagne vers une guerre sainte contre l’Islam en l’Afrique du nord.

La certitude d’un soutien divin à cette démarche a été renforcée par une pénétration espagnole aisée, consécutive à la fragilité même de l’Afrique du nord, du XVIème siècle, qui souffrait d’une faiblesse généralisée dans les trois pays du Maghreb en raison des :

* divisions internes,
* querelles de successions,
* révoltes des tribus berbères, arabes, marabouts,…


3 – L’Afrique du nord est l’ancienne Maurétanie Romaine :

3.1 - Introduction à la Maurétanie Romaine :

La Grande Maurétanie Romaine, pays de Saint Augustin (354-430), était jusqu’au VIIème siècle largement Païenne.

En plus, du Polythéisme divers et varié, on y trouvait aussi dans ce pays la confession de Moïse et celle de Jésus. Ces deux grandes religions monothéistes ont été à l’origine de civilisations et de lumières pour l’humanité bien avant le VIIème siècle et même avant notre ère.

A la fin du VIIème siècle, la Grande Maurétanie Romaine, Juive, Chrétienne et en grande majorité Païenne, était géographiquement composée de la Maurétanie Tingitane (Maroc) et de la Maurétanie Césarienne (Algérie).


3.2 - Saint-Augustin :

Le philosophe, écrivain romain, théologien chrétien et pilier de l'Eglise romaine, Saint Augustin, dit Augustin d'Hippone (Aurelius Augustinus) est Berbère.

Hippone en Numidie est l'actuelle ville d'Annaba en Algérie.

Saint Augustin est l'un des principaux Pères de l'Eglise Latine.

Après Saint Paul, l'évêque d'Hippone est considéré comme le personnage le plus important dans l'établissement et le développement du Christianisme. C'est lui, entre autres, qui a réconcilié la philosophie et les saintes écritures. Il est l'auteur le plus cité du dernier catéchisme universel...

Saint Augustin est né le 13 novembre 354 à Thagaste en Numidie, c'est à dire dans l'actuelle ville de Souk-Ahras en Algérie. C'est une petite ville située à 300 kilomètres au sud du littoral méditerranéen.

3.3 - L'invasion des Vandales, Saint Augustin et Sainte monique :

En mars 429, les Vandales partant de la Péninsule Ibérique, s'étaient lancés par-delà les Colonnes d'Hercule (l'actuel Détroit de Gibraltar) à la conquête de la Maurétanie Romaine et de la Numidie.

L'évêque d'Hippone meurt le 28 Août 430, durant le siège de la ville d'Annaba par les Vandales et leur chef Genséric...

On ne peut pas parler de Saint Augustin sans parler de Sainte Monique, sa mère.

Profondément pieuse, elle tenait aux pratiques traditionnelles de l'Eglise Africaine. Le nom de Monique dérive du nom d'une déesse berbère locale qui s'appelle "Mon".

3.4 - Les Maures habitants de la Maurétanie Romaine :

Les habitants de la Maurétanie Romaine anciennement appelés les « Maures », sont ce qu’on appelle aujourd’hui les Berbères descendants de Brunus (Bernous) et de Madghis Al-Botr (Imedghassen), c'est-à-dire les :

* Senhadja,
* Masmouda,
* Houara,
* Médiouna,
* Zenata,
* Ghomara,
* Zouaoua,
* Oulhaca,
* Zouagha,
* Berghouata,
* Béni Faten,
* Etc.

Une partie non négligeable des ces tribus Maures est d'origine "Celte". on peut citer les Masmouda, les Houara, les Ghomara, les Zouaoua,...


4 - Les Religions Monothéistes et leurs Civilisations :

Depuis l'antiquité et jusqu'à nos jours, les religions monothéistes ont été accompagnées de civilisations.

Et aussi dans ce cadre, on trouve dans l’Occident Européen, depuis le XVIIIème siècle, la présence de la civilisation contemporaine Judéo-chrétienne.

Cette brillante et actuelle civilisation a diffusé sa lumière sur notre planète et il n'y a pas un lieu sur terre où on ne trouve pas actuellement, une radio, voire un téléviseur, ...

Elle a transformé notre environnement externe, mais aussi interne et personnel, c'est à dire nos valeurs, nos croyances, nos capacités, nos comportements, voire notre identité d'homme moderne et pragmatique, orientée toujours vers un futur meilleur...

La civilisation "Judéo-chrétienne" et aussi "Laïque" actuelle, brille sur l'humanité du XXIème siècle pour le bien de l'homme et de l'humanité toute entière, et de ce fait elle devient civilisation de l'humanité et pour l'humanité. Et c'est la raison pour laquelle chaque humain et chaque citoyen, a le droit et le devoir, dans son comportement au quotidien, de contribuer à son développement, son élargissement et sa perpétuité...

L'histoire des civilisations humaines est celle d'un héritage séquentiel et chronologique du savoir, savoir-faire et savoir-être de l’humanité. On trouve dans la civilisation actuelle :

*des traces de la civilisation Romaine,
* mais aussi celles de la civilisation de l'Islam qui l'a précédé

et qui a développé elle aussi l'Astronomie, les Mathématiques, la Physique, la Chimie et l'Alchimie, l'Architecture et l'Urbanisme, la mode de l'habillement et la Gastronomie,... Mais aussi la Philosophie, la Sociologie, l'Histoire, la Géographie, l'Esotérisme,... De Cordoba (Al-Andalous) à Palerme (Sicile) sa rivale en termes de sciences, arts et savoir vivre.

Il faut noter aussi que la civilisation de l'Islam s'est inspirée de la civilisation Romaine, Perse, Indienne,... et en a fait une synthèse des sciences, des connaissances et des arts.

La civilisation de l'Islam, pendant huit siècles, a brillé sur le levant et le couchant, de l'Asie jusqu'aux du pays Maghreb inclus l'Espagne et le sud de l'Italie avec la Sicile et en Afrique,...


5 – La conversion des Maures à la religion de l’Islam :

Dès l’arrivée de Moussa Ibn Nousseïr en Maurétanie Romaine, pays des Maures, en l’an 704, et même dans certaines régions dès la fin du VIIème siècle, les habitants du pays de Saint Augustin, avaient commencé à se convertir à l’Islam, cette nouvelle religion qui :

* reconnaissait la confession de Moïse et de Jésus
* et venait elle aussi du moyen orient, comme les deux premières.

Elle proposait aux Maures, comme aux Coptes, aux Perses,… une nouvelle manière de s’organiser socialement et surtout de nouvelles valeurs, à savoir :

* La science et la connaissance,
* La justice,
* La raison,
* Etc.

Mais aussi, ce qu’on appelle aujourd’hui les valeurs humanistes :

* La tolérance,
* L’amour de l’autre,
* Le respect de l’autre,
* L’aide à l’autre,
* Le bien pour soi et pour l’autre,
* Etc.

Et encore des valeurs spirituelles :

* La Méditation : approfondir et saisir un sujet par l’être et le ressenti et non pas par la pensée,
* L’Introspection : apprendre à occuper son espace interne et à se connaître de l’intérieur – la connaissance de soi par soi,
* La Prière : la relation à soi par l’ablution avant de passer à la relation au créateur par la prière, celle-ci bien appliquée permet le développement de la concentration dès la jeune enfance,
* Le Dhikr : l’influence sur l’état de soi par la parole sur le plan spirituel,
* Le Jeûne : connaître la souffrance des pauvres,...
* Le Zakat : le Don aux pauvres pour les aider à s’en sortir des difficultés de la vie,...
* Etc.

Et surtout, les valeurs qui manquent le plus dans les sociétés où le désordre et le chaos règnent. C’est savoir percevoir le monde avec une "identité de soi" au sens social large «le moi-nous » :

* La cohésion sociale,
* Et la notion de « Oumma »: « Nation de l’Islam ».

Séduits par la grandeur de ces valeurs à la fois humaines, spirituelles, sociales… les Maures sont tombés sous le charme et la beauté de cette religion qui leur a montré une nouvelle façon d'être, de vivre le présent et de percevoir :

* La relation à soi,
* La relation à l’autre,
* La relation à la société,
* La relation au créateur.

Sous l'influence conjugée de la raison et du charme, ils n’avaient d’autres choix que d’embrasser volontairement cette nouvelle religion appelée « Islam ».

Bien sûr, un Islam d’ouverture, de tolérance, de science et de connaissance, d’écoute de l’autre et respectueux des religions, des hommes et des lois de tous pays.

Depuis la conversion des enfants de la Kahina, chez les Zenata avant la fin du VIIème siècle, jusqu’au milieu du VIIIème siècle, pour la tribu des Ghomara, grâce à Saleh Ibn Mansour, le fondateur du Royaume de Nekour dans le Rif au nord du Maroc, voire jusqu’au Xème et XIIème siècle, les Maures, les Wisigoths, les Espagnols, les Italiens..... de souche n’avaient pas cessé de se convertir à cette nouvelle religion, dans les pays suivants :

* Maurétanie Tingitane,
* Maurétanie Césarienne,
* Numidie,
* Al-Andalous,
* Les îles Baléares,
* La Corse,
* La Sardaigne,
* La Sicile,
* Malte,
* L'Italie,
* Etc.


6 – L'idée de la Reconquista Espagnole de l’Afrique du nord du XVIème siècle :

6.1 - La Réconquista en afrique du nord :

A la suite de la reconquête du Royaume de Grenade en 1492, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, rois catholiques d’Espagne, ont décidé de continuer :

* la Reconquista Castillane et sa vague d’expansion chrétienne vers l’Afrique du nord, cette fois ci, dans l’optique d’une christianisation des pays du Maghreb jusqu’à Jérusalem.

* et la politique d’expansion méditerranéenne de l’Aragon.

6.2 - Le Pape Roderigo de Borja dit "Alexandre VI" :

En 1494, Alexandre VI avait donné sa bénédiction pontificale à une croisade africaine et pour la financer, il avait accordé le subside appelé précisément de la croisade aux Espagnoles.

En outre, il avait décerné à Isabelle de Castille et à Ferdinand d’Aragon le titre de Rois Catholiques.

6.3 - Le Pape Giuliano della Rovere dit "Jules II" :

En 1510, Jules II attribua à Ferdinand d’Aragon, même si c’est tout à fait théorique, le titre prestigieux de « Roi de Jérusalem ».

Par la suite, Charles Quint se situa dans cette même lignée de rois croisés, c’est ce qu’il a précisé lors de la diète de Worms en 1521.

6.4 - Les descendants des Rois Catholiques d'Espagne :

Pour les descendants d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon :

* Charles Quint,
* Philippe II,
* Philippe III : le roi qui a expulsé entre 1609 et 1614 la majorité des Morisques Andalous d’Espagne vers l’Europe, l’Afrique du nord et l’Amérique du sud.

Il était question de reprendre, avec l’aide du Vatican, des territoires autrefois Romains, récupérés par l’Islam depuis le début du VIIIème siècle.


7 - L’Expansion de la Couronne Espagnole en Méditerranée Occidentale :

7.1 - Les considérations des Rois Catholiques d'Espagne :

En plus des considérations historiques et religieuses, s’ajoutaient des préoccupations :

* politiques et militaires,
* ainsi que des intérêts d’ordre économique.

C'est-à-dire la recherche d’une augmentation du pouvoir temporel et des richesses financières : l’un complète l’autre.

En résumé, le roi d’Espagne qui a gouverné à la fin du XVème siècle et ses descendants du XVIème siècle vont répondre :

1/ aux exigences religieuses, en raison de leur foi religieuse et aussi pour obtenir l’appui de l’Eglise Romaine : c’est Isabelle de Castille qui représente le moteur de cette démarche.

2/ Mais, ils ne vont pas oublier leurs propres exigences concernant l’élargissement de leur pouvoir temporel et de leurs ressources financières et c’est tout à fait normal : C’est Ferdinand d’Aragon qui donne l’impulsion pour cette considération.

On peut constater que le couple royal se complète parfaitement jusqu'à atteindre l’équilibre stratégique.

7.2 - Les considérations politiques et financières de Ferdinand d'Aragon :

La politique méditerranéenne de Ferdinand d’Aragon, s’inscrivait dans la traditionnelle expansion méditerranéenne des Aragonais, s’opposant en cela aux Français :

* En 1282, les Catalano-aragonais avaient conquis la Sicile Franco-normande,

* En 1323, ils avaient conquis la Sardaigne,

* En 1442, Alphonse V d’Aragon avait terminé la conquête du Royaume de Naples au détriment des Angevins, sans l’intégrer au Royaume d’Aragon. En 1494, à la mort de Ferdinand de Calabre, fils bâtard d’Alphonse V d’Aragon, chargé de la gouvernance du Royaume de Naples depuis 1458, Français et Espagnoles cherchèrent à se repositionner en Italie du sud. Après un premier échec en 1495, les troupes du grand capitaine Gonzalve Fernandez de Cordoba s’imposèrent sur les forces françaises à Naples en 1504.

* En 1493, L’Espagne a récupéré le Roussillon et la Cerdagne, occupés par le roi de France, pour le principat de Catalogne.

7.3 - La pénétration Espagnole à l'aube du XVIème siècle :

A l’aube du XVIème siècle, la pénétration espagnole en Méditerranée occidentale sous l’impulsion de la Reconquista était donc déjà bien avancée.

La conquête d’enclaves dans le littoral Maghrébin, et de territoires le long des littoraux chrétiens avaient représenté pour les ibériques un enjeu militaire et idéologique destiné :

* d'une part à lutter au nom d’une ancienne croisade contre les musulmans,
* et d’autre part à contrer les visées politiques et territoriales des puissances chrétiennes concurrentes.

Ces deux ambitions allaient contribuer à accroitre la dimension stratégique des présides.


8 – L’intérêt stratégique des Présides :

L’installation des Espagnoles en Italie du sud avait subitement augmenté l’importance des présides. Il s’agissait pour eux de :

* faciliter le lien politique et commercial entre le royaume de la couronne d’Aragon et ses dépendances.
* Protéger les riches royaumes de Naples et de Sicile (grenier à blé)
* Contrôler le trafic entre les deux bassins de la méditerranée occidentale : commerce, ravitaillement des ports barbaresques depuis Alexandrie, la route des pèlerins vers la Mecque,…


9 – Le renforcement de l’activité Corsaire :

9.1 - L'activité corsaire en pleine expansion :

Le développement de l’activité corsaire barbaresque s’est accentué au début du XVIème siècle :

* 1516 : Baba Arudj s’est installé à Alger à la demande des habitants d’Alger.
* 1517 : L’Egypte des Mamelouks passe sous domination Ottomane.
* 1518 : Kheir-Eddine Barberousse se plaça sous la protection des Ottomans en installant la Régence d’Alger. Plus tard, il refit le port d’Alger et y installa un point de stabilité pour les corsaires méditerranéens.

L’activité Corsaire s’est considérablement renforcée en méditerranée en raison de la politique de conversion forcée pratiquée par les Rois Catholiques d’Espagne envers les Musulmans d’Al-Andalous (Mudéjars) à Grenade.

9.2 - Le non respect du traité signé à Grenade le 2 janvier 1492 :

En 1499 de nombreux Mudéjars de Grenade, musulmans vivant sous autorité chrétienne, furent baptisés de force et rassemblés dans les mosquées transformées en églises, sous ordre du cardinal Jiménez de Cisneros, malgré que le traité signé entre le dernier roi nasride Boabdil et Ferdinand le Catholique à Grenade stipulait que les habitants de Grenade pouvaient continuer à pratiquer librement leur religion.

9.3 - La révolte des habitants d'Albaicin et les conversions forcées :

Le non respect de cet accord a provoqué un soulèvement armé, en 1499, dans un quartier de Grenade nommé Albaicin.

Les révoltés furent durement matés par les troupes de Ferdinand le Catholique et débouchèrent sur une conversion forcée :

* 20 juin 1501 : Conversion forcée des Mudéjars de Grenade.
* 12 février 1502 : Conversion forcée des Mudéjars de Castille.

De nombreux Morisques Andalous, ayant refusés la conversion forcée :

* étaient venus nourrir les rangs des corsaires d’Afrique du nord
* ou aider les corsaires dans leurs incursions en Espagne.


10 – La récupération d'un nombre de Présides Espagnols par les Musulmans :

Les présides sur le littoral maghrébin sont devenus inévitablement un enjeu de reconquête de la part des musulmans d’Afrique du nord, pour :

* faire reculer l’envahisseur espagnol qui faisait souffrir leurs coreligionnaires en Espagne.

* Et arrêter la Reconquista contre une religion que leurs ancêtres ont embrassé depuis des siécles et à laquelle ils ont adhéré eux-même volontairement.

En plus des Rois du Maroc, de Tunisie et des Turcs de la Régence d'Alger, un certain nombre de marabouts, chefs religieux soufis, a mobilisé les populations du Maghreb pour mettre fin à la présence espagnole sur le littoral nord africain.

Côté Espagnol, le maintien et la protection de ces points d’ancrage, revendiqués et menacés en permanence par les musulmans, s’avéraient être un souci crucial et un gouffre financier pour la couronne d’Espagne.


11 – Le financement des présides s’avère une lourde charge financière pour la couronne d'Espagne :

11.1 - La dispersion de Charles Quint :

Le schéma de la conquête des présides élaboré par Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, a connu des difficultés dès les premières années du règne de Charles Quint, compte tenu de la dispersion des forces et des finances de celui-ci :

* L’Espagne (Comunidades de Castille et Germanias de Valence),
* l’Allemagne (problèmes religieux et politiques),
* la France,
* le Pape,
* les Ottomans, …

Il s’avérait difficile de maintenir les prédises du littoral nord africain, compte tenu qu’il fallait les entretenir en permanence :

* en garnison en hommes,
* en armes et munitions
* et en nourriture.

Mais, quand l’attention de Charles Quint n’était pas retenue ailleurs, il procédait à :

* reprendre les présides qu’il avait perdus.
* ou à lancer des opérations pour prendre de nouveaux points d’ancrage,

11.2 - Malte et Tripoli :

En 1521, Hugo de Moncada, entra en guerre contre François 1er. Soliman le magnifique en profita pour :

* prendre Belgrade en 1521
* et l’île Grecque de Rhodes, en face d’Alexandrie, en 1522,

chassant ainsi de l’île les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Ces derniers qui pendant plus de 200 ans avaient lutté contre les avancés de l’Islam en méditerranée.

Mais Charles Quint va les rapprocher de son territoire et les installer à Malte et à Tripoli en 1530 pour leur permettre de poursuivre leurs luttes.

11.3 - Le Peñon de Velez de la Gomera :

Le 20 décembre 1522, un jour avant la capitulation de Rhodes, les espagnoles perdaient un préside situé dans le pays des Ghomara, dans le Rif : « Le Peñon de Velez de la Gomera »... Il fût récupéré plus tard.

11.4 - Le Peñon d’Alger :

La perte la plus grave pour les espagnols eut lieu le 21 mai 1529, quand Kheir-Eddine Barberousse récupéra le « Peñon d’Alger », point stratégique en face du port d’Alger.

Cette perte eu de lourdes conséquences pour les espagnols, puisque Alger allait devenir le port corsaire le plus important d’Afrique du nord et celui qui causerait le plus de pertes à Charles Quint sur les côtes espagnoles et italiennes.


12 – Charles Quint et Soliman le Magnifique :

En 1532, l’Empereur Ottoman, Soliman le magnifique, était devenu le cauchemar de Charles Quint, quand il se dirigeait vers la Hongrie et voulait conquérir Vienne.

A cet égard, Charles Quint demanda :

* aux princes Allemands de s’unir,
* à Andrea Doria d’envoyer ses galères pour s’opposer à la flotte Ottomane,
* à Clément VII une aide financière. Celui-ci manquait d’argent compte tenu qu’il venait d’achever la guerre de Florence. Mais, Charles Quint comptait surtout sur l’or qui affluait du Pérou.


13 – La proposition de Kheir-Eddine Barberousse à Soliman le Magnifique :

En 1534, Kheir-Eddine Barberousse, se rendit à Istanbul pour proposer à Soliman le Magnifique, un vaste plan de conquête de la méditerranée occidentale visant à s’emparer de :

* Tunis, considérée comme protectorat espagnol,
* Mers El-Kébir, Oran, Béjaïa,…: Tous les présides espagnols du littoral nord africain
* La Corse,
* La Sardaigne,
* Les Baléares,
* Et la Sicile.

A ce titre, le 11 mars 1534 a eut lieu la réunion du conseil d’état à la demande de Charles Quint pour prendre les mesures qui s’imposent afin de renforcer les frontières et de protéger les îles et les côtes de l’Empire Espagnol.

Ainsi, il demanda :

* Au vice-roi de Valence de s’occuper de l’approvisionnement de la forteresse de Peñíscola, située au nord de Valence.

* Au vice-roi de Catalogne de convaincre la ville de Tarragone de la nécessité de verser une contribution pour la défense de l’île d’Ibiza.

* Au vice-roi de Sardaigne de s’informer, auprès de son prédécesseur, sur ce qu’il convenait de faire.

* Au maître de Rhodes, d’être près pour faire face à toutes les éventualités.

* A faire provision d’artillerie, de munitions et d’armes de toutes sortes pour les îles de Majorque et d’Ibiza afin de défendre les frontières de ce royaume.

* La fortification et la surveillance à la frontière de Perpignan.

* La fortification, en hommes et en armements, des présides espagnols de l’Afrique du nord :

- on devait envoyer à Béjaïa 100 hommes valides, rapatrier les malades et les invalides et l’approvisionner en nourriture pour une période de 6 mois, au lieu d’un mois habituellement.
- De même pour Oran et Mers El-Kébir. Il fallait pour cette dernière terminer au plus vite la construction de réservoirs d’eau.

Ainsi, l’entretien et la protection des points d’ancrage de l’Afrique du nord (Mers El-Kébir, Oran, Alger, Béjaïa, la goulette à Tunis, Tripoli,…) représentaient bien souvent une somme d’argent très importante à prélever dans les finances royales.

A ce titre, l’Espagne à décidé de concéder deux présides à des vassaux de confiance qui prendraient en charge le destin des présides et c’est la raison pour laquelle elle a donné "Tripoli" et "Malte" aux chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.



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