Algérie

Les préparatifs de la fête de l'Achoura ont commencé



Les préparatifs de la fête de l'Achoura ont commencé
Entre tradition prophétique et culture, le jour de Achoura revêt différentes significations. Achoura, dérivé de achara, qui signifie dix, correspond au dixième jour du mois de Muharram, premier mois de l'année musulmane. De l'Islam sunnite à l'Islam chiite en passant par le Maghreb, Achoura est vécue différemment.
La fête de l'Achoura coïncidant avec le 10e jour de mois de Muharram est une occasion pour les Tissemsiltis de faire prévaloir les traditions de solidarité et d'entraide sociale. Cette fête religieuse tant attendue par les plus démunis pour recevoir la Zakat de la part des riches comme, il est édicté dans la charia de l'Islam, est vécue d'une manière très particulière par les populations. En effet, dès le premier jour du Muharram 1434, nouvel an de l'Hégire, les artères et rues commerciales de la ville de Tissemsilt sont prises d'assaut par les citoyens, particulièrement les ménagères, qui viennent s'approvisionner en divers articles et produits affichés à des prix réduits. Cet engouement est également observé au niveau des magasins du centre-ville, du Wiam et aux 119 logements où se tiennent les traditionnelles de Achoura. Comme à l'accoutumée, la cité de Tissemsilt se transforme en ce jour en un gigantesque marché où sont exposés tous genres de produits notamment les articles longtemps entassés sur les étales des magasins. Pour la plupart des commerçants, Achoura est le moment idéal pour se débarrasser de l'ancienne marchandise soit en l'offrant à des pauvres, soit en réduisant les prix. Les plus démunis qui ont reçu leur part de la Zakat profitent de cette aubaine pour faire leurs emplettes. La célébration de la fête d'Achoura se distingue également par l'aspect culinaire propre à la région de Tissemsilt. Les ménagères préparent pour cette occasion des plats préférés, comme le couscous, refisse, bagherir et d'autres ingrédients pour concocter de délicieux mets traditionnels. Au plan religieux et spirituel, outre le jeûne observé le jour d'Achoura, les mosquées et les Zaouïas accueillent de nombreux fidèles venus pour accomplir le Dhikr. Pour comprendre le sens d'Achoura, il faut remonter à l'an 622, lorsque Mohammed et ses disciples, ayant quitté La Mecque, arrivent à l'oasis de Yathrib (la future Médine). Une des 3 tribus qui étaient installées dans l'oasis était juive, et le jour de l'arrivée de Mohammed, cette tribu célébrait le Yom Kippour, jour de l'Expiation ou du Grand Pardon. Ce jour-là, les Israélites observent un jeûne absolu et ne travaillent pas car ils font mémoire et demandent pardon à Dieu d'avoir adoré le Veau d'or au cours de l'Exode. Ce jour-là également, le peuple hébreu demande pardon à Dieu pour tous les péchés commis, à l'égard de Dieu et des autres, au cours de l'année écoulée. Mohammed conseille alors à ses compagnons de jeûner : «Dieu remet les péchés d'une année passée à quiconque jeûne le jour d'Achoura». Toutefois, 2 ans plus tard, lorsque le mois du Ramadan est révélé, le jeûne de Achoura devient recommandé mais non obligatoire, à condition de jeûner deux jours, dont Achoura, pour se différencier du judaïsme. Les musulmans considèrent donc Achoura comme un jour de jeûne. Mais dans certains pays, des pratiques culturelles sont venues s'ajouter aux traditions religieuses. Les musulmans les plus avertis vous diront que ces pratiques sont des innovations et qu'elles ne relèvent pas de l'Islam. Mais elles n'en sont pas moins populaires. Il faut savoir qu'en Algérie, le jour de Achoura est un jour férié, c'est dire l'importance que revêt cette fête pour les sunnites aussi et les Algériens en particulier car ce ne sont pas tous les pays musulmans qui accordent une journée de libre pour cette fête. En général, les Algériens aiment jeûner cette journée, et accomplissent donc le jeûne et prennent le repas en famille. En Kabylie on l'appelle Taachourt dans certains villages, c'est une journée de bénédiction,pour le nouveau-né mâle avec de nombreux rites ancestraux mais aussi une journée de bénédiction pour les fiançailles de ceux qui font coïncider cet événement avec Achoura. Dans les régions de l'Ouest, et plus particulièrement à Oran, à Tiaret et à Tissemsilt, c'est l'occasion de se faire un repas en famille, en général on fait le rougag, ce sont des feuilles de msemen cuites sur un tajine en fonte, que l'on découpe grossièrement et que l'on arrose de sauce au poulet et aux légumes pimentée. Pour ceux qui ont les moyens et les très croyants, c'est l'occasion de sacrifier un mouton et de distribuer la viande aux plus pauvres. C'est l'occasion de faire l'aumône aussi. A Constantine, Achoura est très importantes. La ville des Ponts suspendus célèbre cette fête depuis des décennies, autrefois les petits chantaient «Heddi dar sidna koul aam edzidna». Certaines traditions ont disparu d'autres ont fait leur apparition, mais ce qui est sûr, c'est qu'on y tient toujours parce que comme l'Aïd ou le Mawlid, Achoura est surtout une occasion pour réunir toute la famille autour d'un repas. Le plat est en général la chakhchoukha et on sert du thé avec la kechkeche (sachet rempli d'amandes, de pistaches, de noix, d'arachides, de dattes, de bombons, etc.) A Tipasa, les préparatifs de la célébration d'Achoura commencent pour les mères de famille de l'ex-Marceau, dès l'Aïd El Adha. «Après avoir sacrifié le mouton, on réserve une partie de la viande pour l'Achoura. Les femmes recouvrent celle-ci de sel en vue de la conserver pour l'évènement. Car cette partie de viande séchée constitue l'ingrédient principal dans la préparation du festin de la fête qui est généralement à la base de berkoukess (gros grains de couscous), de légumes en sauce agrémentés de parts de poulet qu'on égorge souvent le jour même. Partage et dons au plus démunis sont les mots d'ordre : la zakat y est importante et le Dhikr d'Allah. L'autre tradition qui revient à chaque Achoura ici, comme ailleurs aussi, est d'«offrir» sa première coupe de cheveux aux enfants. «Un nombre non négligeable de parents, si ce n'est pas tous, attend toujours la fête de Achoura afin de couper, pour la première fois, les cheveux de leurs enfants cadets. Ceci confère à l'événement une touche de joie, dans la mesure où l'enfant devient le centre d'intérêt de tout le voisinage.» Alger : pareil : repas en famille, autour d'un bon tlitli (plat a base de pâtes en forme de langue d'oiseau, accompagné d'une sauce épicée) ou d'une bonne rechta au poulet et aux boulettes de viandes. En Tunisie, l'Achoura commémore aussi le martyre des petits-fils du prophète, Hassan et Hussein, morts assassinés en 61 de l'Hégire, le 10 Muharram, selon la tradition. C'est un jour où l'on se souvient des morts : il est de coutume d'aller rendre visite aux défunts et d'allumer des bougies autour de la tombe du saint patron du cimetière. Dans certains endroits, la veille au soir, les enfants font de grands feux (le feu, signe de purification) par-dessus lesquels ils sautent en chantant. Dans la région de Gabès, ils font la visite des maisons avec un petit roseau, appelé achoura, que les adultes remplissent de bonbons et de monnaie. Au Maroc, l'Achoura est perçue, depuis des siècles, comme la fête de l'enfance, de la famille et des traditions. Cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable. C'est aussi un jour de partage et de charité. Elle rappelle l'obligation de faire l'aumône, de s'acquitter d'une contribution matérielle, la Zakat, destinée à assister les plus démunis. Habillés de neuf, les enfants reçoivent des cadeaux, des trompettes, des tambours, des pétards et d'autres jouets. Le lendemain de l'Achoura, c'est Zem-Zem (allusion au puits du même nom à La Mecque). Son eau est traditionnellement purificatrice. Les enfants disposent d'une totale liberté pour asperger voisins, amis et passants. Garçons et filles, dont l'âge n'excède pas 12 ans, trottent dans les rues à la recherche d'une proie ou d'un point d'eau pour s'approvisionner. L'Achoura, qui n'est pas mentionnée dans le Coran, est considérée comme une fête mineure par les Sunnites. Quant aux Chites, ils lui accordent une extrême importance. C'est le jour de la commémoration de la mort d'Hussein, petit-fils du Prophète et fils d'Ali Ibn Abi Taleb. En Irak et en Iran, c'est le grand jour de deuil marqué par la représentation de la Passion d'al-Hussayn. Dans les rues, les hommes se flagellent et s'infligent des coups jusqu'au sang. Les gens se lamentent sur la mort d'Hussein. En effet, en 680, 61 de l'Hégire, Hussein lève une armée à La Mecque et marche sur l'Irak pour faire valoir ses droits à la succession califale ouverte après l'assassinat de son père Ali, gendre de Mohammed et quatrième calife de l'Islam. Après un siège de dix jours de la ville de Koufa, Hussein et son armée sont défaits par les troupes du calife Yazid 1er. La tradition rapporte qu'Hussein fut décapité et son corps mutilé à Karbala, où se trouve son tombeau, lieu saint des Chites.


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