Algérie

Les premiers siècles de l'Islam à Tlemcen (7e - II siècles)




L'histoire de la ville musulmane plonge dans un passé vénérable et fabuleux. Selon Ibn Khaldoun, les Tlemcéniens disaient: Notre ville est d'une Haute Antiquité, car on voit encore dans le quartier d'Agadir la muraille dont il est question dans le chapitre du Koran qui renferme l'histoire d'El-Khidr et de Moïse. Il s'agît d'une légende selon laquelle, El-Khidr, est dépositaire de la science divine. voyageant avec Moïse, il commet sans raison apparente pour son compagnon, de nombreux actes d'injustice qui se révèlent par la suite des plus profitables pour ceux qui les subissent et des plus conformes à la providence divine.
Arrivés dans une ville dont les habitants peu accueillants leur refusent l'hospitalité, il relève un mur qui tombe en ruine sans demander aucun salaire. Ce mur appartenait à deux orphelins qui le démolirent plus tard et y trouvèrent un trésor enfoui jadis par leur père.
Ibn Khaldoun s'insurge contre la prétention des Tlemcéniens à posséder ce fameux mur et explique: il faut regarder ce renseignement comme une fable provenant de l'esprit inné de partialité qui porte ces hommes à exalter leur ville natale, le pays d'où ils tirent leur origine, la science qu'ils cultivent, le métier qu'ils exercent. Toujours est-il que cette prétention donna naissance à de bien jolies légendes et conférait à la ville une grande dignité. El-Bekri raconte qu'on y exhumait des trésors comme celui que le père avait caché pour ses fils.
Le grand historien accorde davantage de crédit à la tradition qui associe Tlemcen an nom d'Abou-Mohajir, le compagnon du prophète, qui avait le premier porté l'Islam jusqu’a cette terre reculée. On dit que les vieux Tlemcéniens montraient naguère au flanc de la montagne une source dite «Aïn-El-Mojir», déformation possible du nom du compagnon du prophète. Près de là, une roche garderait l'empreinte de son cheval.
Plus tard, ce fui au tour du fondateur de Kairouan, Sidi-Okba, clé pas¬ser à Tlemcen. L’Islam triomphant établissait la liaison entre les deux Maghreb, le Maghreb central et le Maghreb extrême. Tlemcen, étape nécessaire de la route qui menait au Maghreb extrême, apparaissait déjà comme la principale ville du Maghreb central. Malgré sa situation un peu excentrique, Tlemcen allait s'affirmer comme l'une des villes les plus importantes, avant de devenir capitale de royaume.
Au VIIIe siècle, la ville participa, sous la conduite d'Abou Quorra, qui commandait la plus puissante tribu zenata, les Béni Ifren, au schisme kharédjite. Mais le siècle était à peine achevé que le Maghreb entrait dans une période d'organisation et de renaissance. Trois royaumes s'y fondaient dont l'action civilisatrice allait s'imposer et se répandre aux alentours de trois villes : Kairouan, Tiaret et Fès. Le fondateur de cette dernière ville, descendant du prophète, conquit, par son seul prestige, Agadir. Le chef des tribus zenata qui commandait la cité n'hésita pas à reconnaître la suzeraineté d'un si auguste personnage. De fait, le premier acte d'Idriss fut de construire une mosquée dont le minaret actuel marque la place. Puis Idriss s'en retourna, confiant la garde de la ville à son frère Souleymane. Ainsi, pendant tout le IXe siècle, Agadir demeura une place forte dépendante des Idrissides de Fès. Le prestige religieux de cette dynastie fit de la ville un centre de diffusion de l'influence religieuse à travers les campagnes du Maghreb central, En 973, après la défaite des Idrissides, la ville fut assiégée et prise par les Sanhadja, vassaux de la dynastie fatimide. Mais elle se repeupla rapidement et redevint florissante.



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