Algérie

« Les prémices de la crise remontent à fin janvier »



« Les prémices de la crise remontent à fin janvier »
Les prix du poulet ont connu ces derniers temps des augmentations vertigineuses affichant jusqu'à 380, voire 400 DA chez le détaillant. Bien que les pertes subies par les éleveurs dans certaines wilayas, à cause de l'apparition de maladies provoquant une forte mortalité chez la volaille, soient une cause directe de la contraction de l'offre, il n'en demeure pas moins que certains professionnels de la filière avaient prédit, dès février dernier, un fort dérèglement des cours de ce produit de large consommation, à l'image de Nordine Aïd, éleveur de volailles (dinde et poulet de chair) à Tipasa et membre du bureau national de l'interprofessionnel. Selon cet éleveur, les prémices de la crise actuelle qui se traduit par une tendance baissière de l'offre par rapport aux besoins du marché remontent à la deuxième moitié de l'année 2015. « Eu égard aux prix attractifs du poulet en octobre, novembre décembre et début janvier derniers, la filière de l'aviculture, notamment l'élevage de poulet, s'est renforcée au point que la corporation des éleveurs avait augmenté en l'espace de quelques mois de 40% », souligne-t-il.Comme il fallait s'y attendre, les conséquences de l'abondance de l'offre qui dépasse de loin les besoins du marché avaient commencé à se ressentir fin janvier dernier. « Le prix du poulet de chair sur pied se négociait alors, dans le meilleur des cas, à un peu plus de 100 DA. Un montant largement inférieur par rapport au prix de revient qui était de 160 DA », dira-t-il. Vendre à perte fut pour les éleveurs l'option la plus probable pour amortir une partie des investissements engagés. Au final, les nouveaux éleveurs qui représentaient presque 40% de la corporation ont mis la clé sous le paillasson. « Les conséquences de cet épisode ont laissé des séquelles difficiles à juguler.Dépôt de bilans« Avant la chute des prix, fin janvier 2016, les producteurs de l'aliment approvisionnaient à crédit des éleveurs qui, une fois après avoir procédé à la vente de leur volaille, remboursaient leurs dettes. Mais avec les pertes subies, nombreux sont les éleveurs qui n'ont pas pu honorer leurs engagements », confie-t-il. Ainsi, il est actuellement difficile de trouver un fournisseur qui accepte de vendre l'aliment et les intrants à crédit.« L'autre séquelle a trait au dépôt de bilan par une bonne partie d'éleveurs, contraints par manque de moyens financiers d'abandonner la filière », regrette-t-il. Par implication, la sphère de l'offre s'est fortement contractée. « Outre ce dérèglement structurel et l'augmentation du coût de l'élevage, l'apparition de maladies à forte mortalité qui ont touché certaines wilayas a concouru à maintenir le cours des prix de la volaille à des seuils inabordables pour une bonne frange des consommateurs », constate-t-il. La flambée des prix touche tous les segments de la chaîne commerciale du poulet et de la dinde, puisque le kilo de poulet sur pied se négocie à Tipasa et ailleurs, ces jours-ci, à 260, voire 265 DA. Pour Nordine Aïd, On peut facilement sortir du creux de la vague pour peu qu'on arrive à réguler le marcher de sorte à ce que le consommateur, l'éleveur et le commerçant ne soient pas lésés. « La solution est de mettre en place un outil régulateur pour maintenir les prix dans une fourchette de prix abordables, sans pour autant priver les éleveurs et les autres intervenants dans la filière de leur marge bénéficiaire », préconise-t-il. A l'en croire, la solution réside en la réalisation d'abattoirs industriels. « Les abattoirs industriels assurent, d'une part, aux éleveurs des débouchés sûrs, puisqu'ils peuvent directement établir des conventions de vente et, d'autre part, le marché sera régulièrement et en quantités suffisantes alimenté », explique-t-il. En cas de surproduction, la volaille sera automatiquement stockée dans des chambres froides. « Il existe actuellement de nombreux opérateurs qui désirent investir dans ce créneau, mais faute d'assiettes foncières, ils ne peuvent donner corps à leur projet », regrette-t-il.


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