Algérie

Les prédateurs redoublent d'appétit


Les prédateurs redoublent d'appétit
L'opposition aura réussi son pari de manifester non seulement à travers le pays, mais aussi à Alger, sous très haute surveillance et en dépit d'une répression «sophistiquée». Malgré la brutalité policière, elle est parvenue à mobiliser des citoyens aux côtés de chefs de parti, de députés et de représentants de la société civile.Elle a surtout brisé, en ce 24 février, le monopole d'une commémoration patriotique qu'est la nationalisation des hydrocarbures, dévoyée ces dernières années par un régime autoritaire qui l'a transformée outrageusement en une glorification d'un système politique usé, totalement autiste aux doléances des Algériens. Une récupération «historique» au profit exclusif d'un clan du pouvoir et de ses intérêts, depuis l'accession de Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République.En dépit de tous les efforts du régime à interdire l'expression de la contestation et du droit de rassemblement dans la capitale, les Algérois qui ont manifesté mardi, ont réussi, aux prises avec un service d'ordre impressionnant et d'une violence inouïe, à briser ce mur de la peur. Une telle violence atteste que des instructions ont été données d'en haut dans ce sens. Une volonté des plus officielles à faire taire par la force, s'il le faut, toute velléité de contestation.Ceux qui ont manifesté mardi, au-delà du refus de l'exploitation du gaz de schiste vue par Bouteflika comme «un don de Dieu» ont tenu, aussi, et c'est sans doute le plus important, à exprimer leur refus d'assister à une dilapidation des ressources et des richesses par un clan de prédateurs dont les accointances avec le pouvoir sont à peine soupçonnées.Une crainte somme toute justifiée, comme ont tenu à le montrer les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) de Rouiba qui sont sortis, ce 24 février, pour manifester contre l'accaparement depuis trois jours d'un terrain appartenant à l'entreprise par un «opérateur» privé que l'on dit proche du cercle présidentiel.Car si le gaz de schiste ou toute autre ressource naturelle représentent, aux yeux des Algériens, une opportunité de financer un développement harmonieux, il n'en demeure pas moins que dans les conditions actuelles d'un autoritarisme dominant dans le domaine politique comme dans la sphère économique, son exploitation suscite des appétits de rapine dans des «milieux d'affaires» peu scrupuleux mais néanmoins bien introduits quand ils ne sont pas proches du pouvoir politique.Au-delà des inquiétudes somme toute justifiées des citoyens qui ont manifesté, à In Salah et ailleurs, sur les conséquences que pourrait avoir, en l'état actuel des choses, une exploitation du gaz de schiste sur l'environnement, celles de voir cette nouvelle richesse au c?ur de prédations en tous genres et d'actes de prévarication sont dans l'état actuel du pouvoir malheureusement tout aussi justifiées.L'opacité qui entoure les transactions et l'attribution des marchés laisse planer la crainte d'assister à d'autres affaires du genre Sonatrach 1 et 2 et autres rebondissements comme les cavales de Chakib Khelil et Farid Bedjaoui. Et de cela comme de l'impunité dont jouissent tous les prédateurs, les Algériens n'en veulent plus.


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