Les pour - Maître Farouk Ksentini : «L'islam appelle à l'Ijtihad»

Je suis totalement opposé à  ce châtiment inutilement cruel. à”ter la vie à  quelqu'un qui a commis un crime ne rachôte en rien celle de la victime. C'est en restant en détention perpétuelle qu'il paye davantage. Certes, notre pays a gelé les exécutions depuis 1993. C'est un pas dans la bonne voie, signe de modernisation et d'adaptation de notre système judiciaire. Mais nous devons aller dans le sens de l'évolution mondiale, procéder à  son abolition avant qu'une telle décision ne nous soit imposée de l'extérieur. Voyez le cas de la Turquie qui a été amenée sous des pressions de l'UE à  y renoncer. La mondialisation est aussi celle des lois et on ne peut indéfiniment tourner le dos à  nos partenaires étrangers. La résistance vient surtout des milieux religieux. Je ne pense pas vraiment que l'islam porteur de hautes et généreuses valeurs morales soit totalement opposé aux adaptations du droit. Dans le Coran, la peine de mort ne concerne déjà que l'homicide volontaire alors que dans la loi en vigueur elle concerne plus d'une dizaine de cas où elle doit s'appliquer. Dans une première étape, on peut déjà abolir les cas non expressément prévus dans le texte religieux. La religion musulmane a besoin de l'Ijtihad, cet effort de réflexion. Au niveau de la CNCPDH que j'ai l'honneur de présider, nous avons d'ailleurs organisé en janvier 2009 une journée d'étude où nous avons échangé nos points de vue sur cette question très sensible. Voyez, le Coran évoque l'esclavage. Doit-on maintenir une telle institution ' Il faut signaler par ailleurs un autre paradoxe. Ceux qui militent pour le maintien de la peine de mort étrangement ne semblent nullement gênés de ne pas la voir s'appliquer. Se contenter de son maintien dans la loi sans se traduire dans la réalité parait pour le moins une attitude peu logique. L'Algérie doit enfin abolir cette pratique barbare ne serait-ce que par respect de la mémoire des militants comme Zabana et tant d 'autres patriotes qui ont été guillotinés dans les geôles coloniales.