Ils n'acceptent
pas notre différence par rapport à eux et ils nous demandent de leur
ressembler. Nous vivons mal l'écart qui nous sépare d'eux et nous faisons tout
pour... leur ressembler ! Plus nous les imitons, moins ils nous supportent et
autant nous souhaitons nous rapprocher d'eux, autant ils nous fuient. Qui ils
sont ? C'est clair, nous le savons, mais ce que nous ignorons par contre c'est
qui nous sommes. Oui, qui sommes-nous enfin pour nous imposer cette démarche
qui nous humilie et qui, le plus souvent, nous dénature ?
Ils viennent à peine de voter, en Suisse,
l'interdiction de construire de nouveaux minarets qu'ils frappent déjà sur la
table, en France, pour interdire le port de la «burqa» dans les lieux publics.
Bien sûr, pour l'anecdote et, surtout, pour l'accompagnement de la chose, ils
font semblant de se justifier bien qu'ils ne tentent de justification que pour
pousser l'insulte plus loin et le mépris plus haut. Entendons-nous d'entrée:
nous considérons que la «burqa» n'a rien à voir avec l'Islam et nous ne la
défendrons donc pas en tant que repère religieux mais ceci n'empêche que nous exprimions
notre désaccord total et profond quant à la manière injuste et inacceptable
dont sont traités, en Occident, les signes distinctifs des différentes
communautés qui y vivent.
La kippa, le
voile et la croix
Sans que personne
trouve quelque chose à dire, pendant au cou telle l'étoile de David, couvrant
la tête comme la kippa, ou entourant le poignet comme ces fils de couleur
lancés par Madonna, les signes distinctifs des juifs se promène dans les rues
de Paris, de Londres, d'Amsterdam, de Baden-Baden, de Berne... parce que le
juif a le droit de porte ce qu'il veut, là où il veut et quant il veut sans que
personne ne lui demande quoi que ce soit. Accrochée aux cous ou aux oreilles ou
occupant toute la poitrine parfois, la croix remplit tous les espaces visuels.
Dans la rue, à l'école, dans les administrations, partout, le chrétien est
libre de porter ce qu'il veut, comme il veut et où il veut. Cela ne semble
gêner personne.
Mais dès qu'un voile sur une tête est en vue,
c'est la pagaille, c'est le branle-bas de combat. Radios, télévisions,
journaux, institutions politiques et administratives, tous se jettent sur le
voile et sur celui qui le porte. «C'est un choix personnel ou bien est-ce qu'on
vous l'impose au nom de quelque chose ?». A cette question, ils ont la réponse
toute faite. Vous pouvez dire ce que vous voulez, vous pourrez jurer, hurler,
pleurer, casser les murs, brûler les arbres, mordre les montagnes... ils ne
vous croient que si vous dites exactement ce qu'ils veulent entendre. Sinon, ce
n'est même pas la peine d'essayer. Combien sont-elles à avoir tenté de
convaincre des animateurs ou des journalistes que ces choses sont personnelles.
Qu'il n'y a personne derrière. Tu parles ! Alors pour celles qui veulent aller
plus loin et tenter de démontrer que c'est là une manière autant qu'une autre,
sinon plus, d'aborder la liberté, c'est vraiment l'inutilité des choses. On
retire les micros, on ferme le stylo, on éteint la caméra, on remet le protège
tampon, on referme les yeux... Passez votre chemin, y a rien à voir ! On n'a
jamais vu un journaliste interroger un chrétien pourquoi il met la croix,
pourquoi la croix sur la poitrine est si grande, ou bien pourquoi est-elle si
visible. On n'a jamais vu un journaliste ou un animateur oser demander à un juif
pourquoi il porte la kippa en lieu public, dans l'administration, dans la rue,
lors des cérémonies civiles... Jamais ! et cela ne risque jamais de se produire
! Toutes ces choses, nous les connaissons, et nous en avons vues. Aujourd'hui,
et après avoir obligé les musulmanes - avec la bénédiction du cheikh d'El Azhar
- à retirer leur voile au travail et à l'école, et après avoir amuï les
minarets puis après en avoir interdit la construction chez eux, ils se mettent
en charge contre la... «burqa». «Interdiction de port de la «burqa» dans les
administrations publiques» proposent quelques ministres français, «interdiction
de couvrir toute la tête dans la rue» renchérit Jean François Copé, le
président du groupe parlementaire de l'UMP à l'Assemblée nationale française et
d'une manière qui laisse même stupéfait le président de cette assemblée. Il ne
fait pas de doute que cette histoire honteuse, encore une, ira grossir les
poubelles d'une certaine république. Mais ce qui est sujet à doute, cependant,
c'est que nous continuions - du moins pour certains d'entre nous - à les
regarder comme un exemple de l'évolution humaine, de la modernité et de la
santé d'esprit. On y puise nos exemples, on y trouve nos repères, on y trouve
même notre miroir... c'est-à-dire notre âme !
Une certaine idée
du progrès et de la liberté
«Dans la très
conservatrice Amérique latine, la libérale ville de Mexico vient d'autoriser le
mariage homosexuel !». C'est ainsi que certains médias de l'Occident ont
annoncé la nouvelle. La joie dans le ton, et la main sur le coeur. Parce
qu'autoriser des mariages homosexuels c'est faire preuve de liberté, de
libéralisme, de progrès, de modernité alors que s'y opposer c'est faire montre
de conservatisme, de retard (mental ?), de sous-développement social et
politique, bref c'est reconnaître avoir tous les maux du monde. En Occident de
ce 21ème siècle, il ne fait plus bon de garder les valeurs de grand-mère. Il
faut avancer, quitte pour cela à déchirer ses vêtements, à se crever les yeux,
à brûler sa propre demeure ou... à autoriser les mariages entre femmes ou entre
hommes. Même si, pour cela, il faut autoriser par la suite les deux femmes ou
les deux hommes mariés à jouer, pour l'un, le rôle du père et, pour l'autre, le
rôle de la mère pour des enfants dont on leur accorde l'adoption. Au nom de
quoi, au nom de quelle norme, de quelle logique, de quelle modernité, de quelle
évolution peut-on enfin autoriser des choses que même les animaux ne se sont
pas permis de faire ? Au nom de quoi une femme peut-elle être un père ? Au nom
de quoi un homme peut-il être une mère ? Au nom de quoi, enfin, peut-on donner
en adoption un enfant innocent à un couple anormal ? Mais, modernité et
libéralisme obligent, certains des nôtres sont même émerveillés par ce...
progrès. Et c'est pour cette raison d'ailleurs que les autres peuvent, à leur
aise, se permettre de stopper la construction des minarets, en attendant
d'arrêter celle des mosquées ou en attendant leur destruction. C'est pour cette
raison aussi qu'ils peuvent, en toute quiétude, se permettre d'interdire le
port du voile, de la burqa ou même de vous interdire, un jour prochain, de
parler votre langue chez eux. Après tout, pourquoi pas, s'ils sont tellement
évolués et enviables au nom... de la modernité et du progrès ?!!
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Posté Le : 24/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Aissa Hireche
Source : www.lequotidien-oran.com