«La politique, fille de la diplomatie et de l'escroquerie courtoise.» Jacques Sternberg
Le citoyen du pays démocratique doit tous les jours bénir le Ciel et honorer la mémoire de ceux qui ont lutté pour qu'il y ait une liberté d'expression dans tous les canaux de communication qui existent. Et quand les chaînes satellitaires mettent des gants ou s'entourent de périphrases pour essayer de mettre le petit doigt sur les petits scandales qui secouent de temps en temps la République, il y a Internet pour dire crument la vérité de chacun. Il est révolu le temps où un Exécutif sourcilleux pouvait mettre le bâillon aux chaînes radios et télés: la pluralité de l'information arrive même par les canaux des chaînes publiques. Je parle évidemment de ce qui se passe actuellement en France qui vient d'être balayée par un tsunami de révélations qui mettent à nu un côté de la diplomatie que tout le monde soupçonnait déjà depuis longtemps, une face qui fut traitée dans beaucoup d'ouvrages ou qui s'invita dans plusieurs procès sans grandes conséquences pour les divers protagonistes, puisqu'ils roulaient tous pour la République ou... pour les partis qui la composent. Tout a débuté par le déballage d'un porteur de valises! Non! rassurez-vous! Il ne s'agit pas ici d'un survivant de l'honorable réseau fondé par Francis Jeanson et qui était animé par des militants soucieux de sauver l'honneur de la France dans une guerre perdue d'avance: ils portaient les fonds et les faux papiers destinés au FLN. Mais, il s'agit ici, de ceux qui exécutent les missions non officielles de la diplomatie française. Dans les années 50, quand le vent de la décolonisation souffla sur l'Afrique, le «père De Gaulle», comme l'appelait affectueusement Bokassa 1er, empereur de Centrafrique, rassembla dans une organisation, tous les chefs d'Etat africains nouvellement promus à l'indépendance, qui voulaient rester dans le giron de la douce France: c'était la fameuse Union française (1958) qui rassemblait la France et ses anciennes colonies, colonies qui accédèrent d'une manière formelle et pacifique à l'indépendance en 1960. Les responsables politiques africains étaient reçus chaque année à l'Elysée par le président de la République qui pouvait ainsi ausculter ses invités et leur prodiguer maints conseils pour rester en bonne santé. Leurs successeurs continueront leur rituel dans l'institution qui fit place à la Communauté française sous le titre plus doux de Francophonie. Ce n'était guère des sociétés philanthropiques, pour la bonne raison que les hommes mis en place par les présidents français (et dont le plus célèbre est Jacques Foccart) vont s'ingénier à trouver les formules idoines, c'est-à-dire à mettre le fil à la patte des dirigeants africains pour continuer le pillage des richesses de ces pays, au grand bénéfice des grandes entreprises capitalistes françaises, des dictateurs africains et des chefs des partis politiques français au pouvoir. Le Parti socialiste, arrivant au pouvoir continuera, dans la bonne tradition gaullienne, les mêmes relations néocoloniales avec ces pays africains. Cela se traduit par une valse de valises remplies de devises entre la métropole et les capitales africaines, dans les deux sens évidemment. O, voici qu'à la veille de l'élection présidentielle, Robert Bourgi, avocat franco-libanais, conseiller officieux Afrique de l'ex-président Jacques Chirac, puis de l'actuel président Nicolas Sarkozy, a accusé les 11 et 12 septembre, dans plusieurs médias, des présidents africains d'ex-colonies françaises d'avoir versé 20 millions de dollars, transportés dans des mallettes, à M. Chirac et à son ex-bras droit et ex-Premier ministre Dominique de Villepin. Il va sans dire que les deux hommes ont décidé de porter plainte pour diffamation, de même que les hommes politiques africains incriminés, dont le président du Sénégal et son fils. Cela n'honore pas la diplomatie de la France qui possède encore des forces militaires dans quelques-uns de ces pays dits indépendants. Et pour une fois, l'Algérie peut, grâce à la politique de Boumediene qui a gardé ses distances avec l'ancienne puissance colonisatrice, ne pas se sentir concernée par cette sordide affaire de porteurs de valises.
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Posté Le : 22/09/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Selim M'SILI
Source : www.lexpressiondz.com