Algérie

Les PNA se payent-ils de mots'


Les PNA se payent-ils de mots'
Le mouvement des pays non alignés (PNA) est né un jour de printemps 1955 dans la ville indonésienne de Bandoeng. Que reste-t-il de cet esprit en 2014, à la veille de la célébration du 60e anniversaire du Non-alignement' En fait, l'esprit de Bandoeng est-il encore présent quand il n'est plus évoqué que par ceux qui croient encore en sa vitalité ou ont la nostalgie des luttes pour un «tiers-monde» (notez que le vocable «tiers-monde» a disparu des lexiques diplomatiques et politiques internationaux) libéré de ses chaînes, capable de défendre ses intérêts et ceux de ses peuples. Aussi, est-il pertinent de se demander ce que les PNA sont devenus' En réalité, si le Non-alignement a amplement contribué aux indépendances et à la mise au banc de la communauté internationale de la colonisation, il a été aussi construit sur un malentendu - qui persiste encore de nos jours - qui a vu se côtoyer le loup et l'agneau, le dictateur au long cours, le libéral à tout crin que le monarque absolu. Compagnonnage, le moins qui puisse en être dit, douteux et peu susceptible de travailler pour l'intérêt général des nations «non alignées». En fait, l'intitulé même de l'organisation - forte aujourd'hui de plus de 120 membres - le «Non-alignement» est une dérision tant il est peu probable, antinomique même, qu'un Royaume absolutiste comme l'Arabie Saoudite puisse avoir les mêmes objectifs stratégiques que Cuba ou l'Iran. C'est juste un exemple qui peut être multiplié à l'infini par le seul parcours de la liste des pays membres du Non-alignement. Ces disparités expliquent en fait pourquoi cette organisation n'a pu traverser sans dommage un début de troisième millénaire qui lui a été difficile, voire fatal, tant le poids politique, diplomatique et stratégique du Non-alignement est nul, à tout le moins en deçà de la dimension réelle de certaines de ses figures de proue que sont des pays émergents tels que l'Inde, l'Indonésie, l'Afrique du Sud ou le Brésil... Si effectivement, le Non-alignement est parti d'une idée saine - donner une voix aux laissés-pour-compte africains, asiatiques et latino-américains - il n'en reste pas moins qu'il n'est plus représentatif des doléances émises en leur temps par ses pères fondateurs, tant certains pays des PNA, n'ont jamais été aussi «alignés» qu'ils le sont en 2014. Ce qui peut être vérifié à travers les prises de position de certains membres du «Non-alignement» à l'ONU et singulièrement au Conseil de sécurité. En effet, les votes des pays «non alignés» n'obéissent pas toujours aux principes édictés par le Non-alignement. Nombre de ces pays (africains, asiatiques ou latino-américains) plient sous le diktat et les pressions qu'exercent sur eux des grandes puissances - membres permanents du Conseil de sécurité, notamment les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne - dénaturant leur raison d'être en acceptant d'être une force d'appoint dans les luttes géostratégiques que livrent ces puissances à la Russie et à la Chine. Les uns et les autres cherchant à asseoir leur hégémonie politique et économique sur le monde au détriment des pays de l'hémisphère Sud, noyau du Non-alignement. C'est là un combat qui n'est pas celui des Non-alignés, d'autant plus qu'aujourd'hui, des organisations plus réduites ou des organisations régionales (Union africaine, l'Organisation de la Coopération islamique - OCI - Mercosur -Marché commun latino-américain) ont plus d'impact que le Non-alignement désavantagé par la dissymétrie de ses Etats membres plus proches économiquement, politiquement, voire idéologiquement, de certaines grandes puissances qu'ils ne le sont des principes du Non-alignement. Ce qui explique aussi, en grande partie, le retrait, voire la marginalisation du Non-alignement qui ne parvient plus à faire entendre sa voix. En fait, l'urgence du Non-alignement est désormais de se remettre en cause, de faire son vrai bilan dans un monde qui s'est transformé aux cours du dernier quart de siècle. Aussi, il est patent que l'esprit de Bandoeng ne souffle plus car il n'a plus cours, d'autant plus que d'autres préoccupations ont pris le relais des indépendances, à savoir le développement économique, le progrès social, la sécurité et les droits de l'homme ayant pris des retards pénalisants dans un grand nombre de pays du Non-alignement. Partie ou tout de ces inquiétudes sont déjà pris en charge par des regroupements plus en phase avec les réalités géopolitiques mondiales (Groupe des 77, G20 et autre G15). D'où l'exigence pour le Non-alignement de reconsidérer sa place dans les luttes qui se mènent pour un monde meilleur avec la perspective de redonner à l'hémisphère Sud sa réelle force dans la communauté des Nations. Aussi, les PNA peuvent-ils encore se payer de mots'


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