Les planches'de salut de Mascara

Le décor est planté, minimaliste et aseptisé d’un hôpital psychiatrique. Le médecin, Youssouf, ayant exercé à Ghaza et Baghdad, témoin oculaire d’une tragédie humaine, est de retour dans un asile d’aliénés en son pays. Il est tout de suite confronté à l’âpre réalité dépassant tout entendement humain. Dans un aller-retour incessant entre réalité et fiction, le psychiatre est en quête de la vérité vraie jurant avec le mensonge ambiant, et ce, dans un huis clos dialectique et philosophique avec trois comparses. Son infirmier, et surtout deux patients aliénés lui donnent la réplique et par voie de conséquence, réfléchir une image d’un miroir sans fard ni tain pour ne pas dire «teint».
UNE CRéATION PLURIDISCIPLINAIRE
Dans un jeu de rôles inversés, le médecin devient le «dérangé», et les aliénés les sains au verbe sage. Les quatre personnages sont à la recherche de leur pierre de touche en nous renvoyant à notre propre miroir et qu’ils font voler en éclats… de rire névrotique. «Je n’ai pas adapté le texte (Le Miroir). Je l’ai pris tel quel. Le médecin qui aspire à une vérité vraie découvre une «fausse vérité», un mensonge dans son hôpital. J’ai essayé de travailler sur cette vérité reflétée par le miroir. Si on veut changer le monde, on doit commencer par soi-même. Le système est là, mais il ne change pas. Le montage de la pièce a pris deux mois et demi. Les comédiens, je les ai choisis parce que je les connaissais déjà. Je savais où les placer. L’initiative et la confiance du directeur du TR Mascara m’ont beaucoup encouragé...», expliquera le metteur en scène, Mohamed Frimahdi, en avouant avoir eu le trac avant la représentation. Samir Meftah, l’auteur du texte Le Miroir, affichera sa satisfaction : «C’est une réussite ! Pour moi en tant qu’auteur, et pour le Théâtre régional de Mascara qui m’a accordé une totale confiance. Ils ont été fidèles au texte. Mais je n’ai pas aimé les cinq premières minutes. Les comédiens ont prouvé qu’il existe des talents en Algérie. Ils ont vraiment maîtrisé le texte. Ainsi que le beau travail en matière de scénographie et lumières. Et puis, Le Miroir, est un texte d’actualité, bien qu’il ait été écrit en ... 2008».
ATTENTION, TALENTS !
Les comédiens Slimane Ben Ouari, Fethi Kafi, Faouzi Benbrahim et Abdelkader Djriou ont démontré une justesse, une énergie et une fluidité dans le jeu. Attention, talents ! «Mon personnage (d’aliéné) m’a plu. C’est une idée que j’avais déjà auparavant sur l’anachronisme : le passé est toujours le présent et l’avenir. Le personnage est triste mais dynamique», commentera le comédien Faouzi Ben Brahim, qui a été le récipiendaire des 1ers Prix de mise en scène pour la pièce Le Marais des loups en 2011, notamment celui de Ali Maâchi (Prix du président de la République).