Pistacia atlantica est très répandue dans le Sud algérien (régions semi-arides et arides). Elle peut y être cultivée et supporter les vents forts et les longues périodes de sécheresse. Les principaux facteurs qui contribuent à sa dégradation sont l'exploitation forestière, les incendies de forêt et l'action des animaux. Les semences sont appelées El Khodiri par la population locale et sont utilisées à des fins culinaires et médicinales. En Algérie, Pistacia atlantica est trouvée en association avec Ziziphus lotus qui protège ces nouveaux plants contre les animaux et les vents violents. Les pistachiers sont cultivés dans les dayas, ils peuvent atteindre 15 m de hauteur et 5 m de diamètre. Dans les régions arides, nous pouvons trouver des peuplements plus grands avec des arbres sains.
Le pistachier de l'Atlas (Pistacia atlantica Desf.) ; elbetoum, botma, betouma ou btouma en arabe local et iggh en berbère, est un bel arbre, il existe à l'état disséminé dans la région de Djelfa (Senalba, Aïn Oussera, Messaad), Laghouat (partie sud) et Ghardaïa (dans l'oued M'zab) (Monjauze, 1980 ; Seigne, 1985). Les feuilles sont caduques et les fruits sont appelés El Khodiri par les populations locales, appellation due à la prédominance de la couleur vert foncé à maturité.
Ce sont des drupes comestibles de la grosseur d'un pois, légèrement ovales et aplaties, riches en huile dense très énergétique. L'huile est souvent mélangée aux dattes écrasées et peut être consommée à toute heure de la journée avec du petit lait. L'huile a un goût très proche de celui du beurre, elle est très appréciée dans la région. Les graines sont séchées, écrasées ou moulues et ramassées avec de l'eau sucrée et consommées en boulettes ou bien séchées et croquées telles quelles comme des cacahuètes. L'écorce produit une résine-mastic qui exsude naturellement de façon abondante par temps chaud. Les populations locales s'en servent pour usage médical. L'arbre fournit un bois d'artisanat et toutes les espèces du pistachier constituent un apport en fourrage considérable pour l'alimentation du bétail surtout en automne. Cette essence peut entrer dans le cadre de la lutte contre la désertification, utilisée pour la fixation des dunes, comme brise-vent, elle est également source en bois de chauffage dans les régions retranchées. En Algérie, l'utilisation de la culture reste faible malgré son potentiel d'adaptation aux conditions arides du milieu. Les conditions climatiques de la plupart des régions agricoles montagneuses et semi-arides de notre pays sont favorables à son extension.
Répartition géographique
Le but principal de cette étude est de conduire des activités sur les ressources génétiques et les issues économiques du pistachier dans notre pays ainsi que les perspectives de développement. Une étude des biodiversités intra et inter-populations sera conduite en évaluant la variabilité des espèces locales traditionnelles et des sous-espèces spontanées en Algérie par l'étude des marqueurs morphologiques qualitatifs et quantitatifs. Les écotypes spontanés sont soumis à une érosion génétique causée par les incendies, la déforestation, la désertification, la pollution, le changement du climat, l'action du cheptel et, enfin, l'action de l'homme. Une enquête préliminaire a montré que plusieurs espèces endémiques se trouvent réparties comme suit sur le territoire : Pistacia lentiscus, dans le bassin de la Soummam en association avec le pin d'Alep, le chêne vert et le chêne-liège. Pistacia terebinthus, dans le bassin de la Soummam, le versant nord du Djurdjura et dans le bassin d'El Kseur, en association avec le pin d'Alep et le chêne vert. Pistacia atlantica, dans les Hauts Plateaux et l'Atlas saharien en association avec le Ziziphus lotus et le pin d'Alep. Les stations concernées sont celles de Aïn Oussera et Messaad dans la wilaya de Djelfa, celle du sud de Laghouat et celle de la vallée du M'zab dans la wilaya de Ghardaïa. La zone d'étude est située dans un vaste champ climatique englobant différents étages bioclimatiques allant du semi-aride au saharien. Cette étude entre dans le cadre du projet de recherches intitulé «Valorisation et développement des espèces cultivées et spontanées du pistachier : conservation des ressources génétiques natives», menée par l'équipe du laboratoire de recherches agropastoral sise au centre universitaire de Djelfa (CUD). Une collection de germoplasme algérien est en phase de réalisation au CUD. Des échantillons de graines et de rameaux sont conservés dans le but de constituer un herbier.
La prospection de terrain a pour but de déceler et de localiser le matériel végétal, elle consiste à acquérir un maximum d'informations sur la région et à connaître les savoirs et les pratiques des populations locales. Ce présent travail concernera la plaine de Boussedraya située dans la station de Aïn Oussera où l'âge approximatif des individus de Pistacia atlantica approche le demi-siècle. La station est caractérisée par un climat semi-aride avec un hiver froid et un été sec et relativement chaud. Les vents sont caractérisés par leur intensité et leur fréquence, les vents dominants sont d'orientation nord-est et sud-est d'origine désertique, ils peuvent atteindre une vitesse de 90 km/h et peuvent durer de 20 à 30 jours/an. Cette station est située à 100 km du chef-lieu de wilaya (Djelfa), elle reçoit en moyenne 350 mm d'eau de pluie par an. L'arbre s'y trouve à l'état spontané, il peut atteindre 25 m de hauteur totale et la circonférence du tronc peut atteindre 4,5 m et aller jusqu'à 5 m. Le poids moyen des graines est de 97 mg. Il existe à l'état disséminé, il est associé au jujubier (Ziziphus lotus ; cedra en arabe local), famille des Rhamnacées, qui forme une brousse dégradée sous le pistachier de l'Atlas.
Le pistachier de l'Atlas se régénère et pousse toujours à l'intérieur du Ziziphus lotus qui constituerait une bonne protection aux jeunes pousses contre les vents et le pâturage. De plus, le sol où tombent les feuilles du Z. lotus deviendrait acide et faciliterait la germination des graines.
Facteurs ayant contribué à la dégradation du pistachier de l'Atlas
En Algérie, si la régénération de l'espèce avait été protégée depuis longtemps, elle se serait traduite par la constitution de populations plus homogènes, plus nombreuses (Monjauze, 1980) et plus productives. Le déclin du pistachier est dû d'abord à des raisons économiques et à des budgets investis très limités dans la production, la régénération et l'entretien des pistacheraies naturelles des dayas. Parmi les facteurs ayant contribué à la dégradation des pistacheraies? on peut citer l'exploitation anarchique des pistachiers comme fourrage et bois de chauffage par les bergers et la population locale ; le pâturage empêchant la régénération naturelle et le développement des jeunes pousses ; le réseau routier qui traverse la plaine de Oussera (destruction de centaines d'individus) ; le mauvais état sanitaire des arbres (attaque par le puceron doré provoquant des cloques ou des gales au niveau des feuilles).
Conclusion
Dans les régions arides, on peut retrouver des populations plus importantes et dans un meilleur état sanitaire. Elles sont groupées au niveau des dayas (daya d'El Guelb, et daya de Gaou au sud de Djelfa) et les dayas de Ghardaïa. Une meilleure connaissance des problèmes et des facteurs du déclin de ces pistacheraies contribuerait à la protection de la biodiversité et à une meilleure régénération de cette espèce.
S. B.
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Posté Le : 10/04/2017
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : S Belhadj
Source : Publié dans La Tribune le 31 - 05 - 2008