Algérie

Les pigeons se sont envolés : les Irakiens veulent la paix (Folio)



Prise dans son ensemble, la construction structurée du premier roman de Hamid El-Karami(1) est une sorte de chronique compatissante et vigoureuse à  la fois fière et «rebelle», pleine de vénération  pour les gens simples et de fiel à  l'égard des «ennemis de l'Irak». Les personnages de ce roman, intitulé Les pigeons se sont envolés, sont tous animés du désir de se sacrifier pour la liberté. Il n'y a que «l'âge» qui différencie Abou-Mesbah, le meneur de la résistance, du petit garçon à  la recherche de son père, disparu sans laisser de traces. Hamid El-Karami s'est longtemps arrêté sur la description de l'esprit de sacrifice conscient du peuple. L'esprit de l'épique est bien mis en évidence. Abou-Mesbah est tué «avec la fourberie des temps modernes». Ce grand résistant est enterré et ne fait plus qu'un avec la terre, comme de ce germe qui engendrera la fierté et l'immortalité irakiennes. La figure du petit garçon (Abdou) présente un intérêt particulier.  Elle a servi à  «passer en douce» d'un événement à  l'autre, d'épisode en épisode. D'autre part, la description de l'idée, parfois fantastique, que cet enfant se fait du monde a aidé le romancier à  tracer la réalité, à  trancher entre le rêve et le réel. «La figure de l'enfant» occupe une place importante, dotée d'un caractère qui évolue rapidement tout au long de la situation dramatique, où se trouve le pays (l'Irak). Désormais, les jeux d'enfants sont du domaine du passé pour cette jeune créature (il ouvre lui-même la porte de la cage des pigeons), il comprend intuitivement que l'on attend autre chose de lui et à  force de réflexion, il acquiert une maturité d'esprit précoce. Assurément, son cerveau n'est pas à  même d'élaborer toutes les impressions enregistrées pendant «les jours de guerre», mais le principal s'est ancré au fond de lui : «la paix doit revenir» ! Pour le moment, son champ d'action est bien petit, comme son jeune âge ; néanmoins, il sent que l'avenir lui appartient. A l'antithèse de ces héros, le romancier met l'accent sur l'impudence de ceux qui «amenèrent l'occupation». Il nie les «vrais noms», mais il souligne, entre autres, la dégénérescence morale des «traîtres». De plus, Hamid El-Karami a souvent fait usage du symbole dans le but de rendre accessibles la tension et le sens profond des événements. Le roman a une structure classique, claire. Les lignes se rassemblent harmonieusement autour de l'intrigue. Les pigeons se sont envolés est sans doute un premier pas sûr que l'écrivain a fait dans le roman. J'ai trouvé son œuvre parmi les meilleurs ouvrages publiés sur «la tragédie irakienne».
  Note : 1) Publié certainement à  compte d'auteur (l'éditeur n'est pas  mentionné dans le livre), le roman ne comporte aucune biographie de l'auteur. Seul un petit résumé agrémente la 4e page de couverture.        


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