La première civilisation venue du dehors qui ait marqué son empreinte en Algérie, comme dans le reste de l'Afrique du Nord, est la civilisation phénicienne, d'abord par l'emprise commerciale des négociants de Tyr, puis, une fois la métropole disparue, par l'emprise politique de Carthage, sa florissante colonie.
Il y a cependant des traces de civilisations préhistoriques, dont les caractéristiques générales sont les mêmes que dans tout le bassin méditerranéen : armes et outils de pierre plus ou moins primitifs, emplacements de stations en plein air, abris sous roches, tumuli, sépultures de pierre brute ou peu travaillée, dolmens, se rencontrent en Algérie. Les sépultures sont attribuées par les Berbères à des peuples plus anciens qu'eux-mêmes, aujourd'hui disparus, qu'ils appellent les Djouhala et les Beni Sfao, ce qui tend à confirmer l'hypothèse suivant laquelle les Berbères ne seraient pas des autochtones.
Ce qui semble certain, c'est que, de très bonne heure, la distinction s'établit entre les populations sédentaires des plaines côtières, et les nomades ayant leurs terrains de parcours plus au sud. De même aussi, on peut démêler des rapports évidents entre l'Algérie primitive et l'Égypte antique : la langue des Berbères est de la même famille que celle des Égyptiens, des Nubiens et des Abyssins; la religion des premiers Algériens, après avoir suivi les cultes naturistes, adopta le Dieu Ammon, personnification égyptienne du soleil.
Les Phéniciens, qui furent les premiers à prendre pied sur la côte, semblent avoir établi leurs comptoirs en Algérie vers le XIIème siècle avant notre ère. Il s'agissait uniquement de places de commerce maritime.
L'effort des Phéniciens fut prolongé par celui des Carthaginois, dont l'activité fut assez grande en Afrique du Nord pour écarter les Grecs, eux-mêmes colonisateurs dans tout le bassin méditerranéen à partir du VIIIème siècle. Mais, contrairement à leurs devanciers, les Carthaginois ne purent s'en tenir à l'activité commerciale.
Leur territoire proprement dit ne dépassa jamais vers l'Ouest les limites occidentales de la Tunisie actuelle. Si réduit que fût ce territoire, le voisinage des Berbères à la périphérie obligea les Carthaginois à pratiquer ce que nous appelons aujourd'hui une politique indigène. Sans reculer leurs frontières, ils travaillèrent activement les tribus et réussirent à s'en concilier un grand nombre, notamment en donnant en mariage des filles de l'aristocratie à des chefs indigènes. Ceux-ci fournirent des contingents auxiliaires. La cavalerie qu'Hannibal emmena contre Rome était en grande partie composée de Numides.
L'influence de Carthage se fit sentir loin de son territoire. La langue punique devint la langue officielle dans les tribus.
Nombreux furent les Maures et les Numides qui prirent des noms carthaginois. Au temps de saint Augustin encore (fin du IVème siècle de notre ère, début du Vème), les paysans des environs de Bône et de Guelma parlaient le punique. Certaines cités de l'intérieur adoptèrent des institutions copiées sur celles de Carthage. Cirta (Constantine) et Calama (Guelma) étaient gouvernées par des Suffètes.
Dans le domaine religieux également, l'emprise de Carthage fut manifeste. L'Ammon égyptien se confondit avec le Baal Hammon phénicien; de même, fut introduit le culte de l'Astarté phénicienne.
Si l'emprise politique des Grecs fut écartée de l'Algérie par Carthage, ce fut par l'intermédiaire de la grande cité punique que l'art grec s'y introduisit, et, avec lui, certains cultes. Des monuments comme le Médracen, le mausolée du Kroub et le " tombeau de la Chrétienne " (qui sont des sépultures de rois indigènes) témoignent de l'influence hellénique. Celle-ci se traduisit encore par l'introduction des cultes de Démèter et de Perséphone, de Dionysos, de Hadès.
Dès cette époque l'Algérie semble avoir connu une grande prospérité. Le Tell était déjà producteur de blé et l'agriculture se développa largement : la vigne, l'olivier étaient florissants. Les richesses minières étaient exploitées.
La nature spéciale de la domination punique n'empêchait pas les indigènes de s'organiser suivant leurs tendances. Carthage entendait seulement assurer sa sécurité : de grands royaumes indigènes se constituèrent, ou plutôt englobèrent des tribus unies en confédérations sous l'autorité d'un souverain commun.
L'histoire des débuts de ces royaumes indigènes est assez mal connue. Ce -qui semble établi, c'est que, au fur et à mesure de l'affaiblissement de Carthage, absorbée par sa lutte contre Rome, ces royaumes devinrent de plus en plus puissants, au point de pouvoir imposer leur autorité à certaines cités phéniciennes englobées dans leur territoire.
A la fin du IIIème siècle avant notre ère, l'Afrique du Nord comprend, en dehors du territoire carthaginois, deux grands royaumes. Celui des Massyles, situé vers l'Est, a comme ville principale Cirta, et comme souverain Massinissa ; celui des Massessyles, à l'Ouest, est gouverné par Syphax. La puissance de celui-ci est montrée par le fait qu'il prit parti contre Rome et entra en campagne contre Scipion l'Africain, à la tête de 60.000 hommes.
La bataille de Zama (202 av. Jésus-Christ) et la ruine de Carthage allaient marquer 1e début d'une période agitée dans l'histoire de l'Algérie.
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Posté Le : 15/06/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : L'ALGÉRIE jusqu'à la pénétration saharienne par M. J. M. BOURGET ; Ancien élève de l'École Normale Supérieure, Agrégé de l'Université, Capitaine d'Infanterie honoraire, Rédacteur militaire au "Journal des Débats"
Source : aj.garcia.free.fr