Algérie

Les pharmaciens dénoncent les «marchands de médicaments»



Les pharmaciens dénoncent les «marchands de médicaments»
Après sa réélection pour un mandat supplémentaire de 4 ans à la tête du conseil de l'ordre des pharmaciens de la région de Constantine, M. Kamel Baghloul nous a contactés hier pour nous faire part des préoccupations profondes qui ont été exprimées par ses collègues pharmaciens de la région «qui ne cessent de dénoncer les pratiques malsaines d'une faune, de plus en plus nombreuse, de ‘'marchands de médicaments'', qui ont investi le domaine de la distribution du médicament au détail pour pervertir la profession et mettre en danger la santé du citoyen».«D'où la prolifération des produits psychotropes au milieu de nos jeunes et des toxicomanes», affirme notre interlocuteur. Et de se mettre à expliquer que ce phénomène provient de la nouvelle pratique que son organisme ne cesse en réalité de dénoncer: celui concernant la location du diplôme de pharmacie. Cette activité, pour le moins illégale, est devenue l'apanage de gens qui détiennent beaucoup d'argent et cherchent à l'investir dans des affaires juteuses. Et de ce fait, ils guettent les étudiants en pharmacie qui sont sur le point de terminer leurs études. Une fois que ces derniers obtiennent le diplôme, ces commerçants leur proposent de le louer pour pouvoir obtenir l'agrément et ouvrir une officine pharmaceutique pour la vente de médicaments au détail. «Et ils font cela comme pour n'importe quel commerce, sans se soucier des dangers que cela comporte sur la santé des citoyens», s'indigne M. Baghloul. Et c'est pour cela, poursuit-il, qu'il ne faut pas s'étonner de voir de temps en temps, dans les journaux des «pharmaciens dealers», alors qu'en réalité il ne s'agit pas de véritables gens de la profession. «Nous, note le président du conseil de l'ordre, nous avons encore alerté les pouvoirs publics pour leur demander de se pencher sur ce phénomène et l'empêcher de provoquer des dégâts sur la santé du citoyen. Et nous sommes là pour aider et suggérer des solutions si on nous fait appel». A propos des relations, souvent tendues, entre le Conseil de déontologie des pharmaciens et le secteur du commerce, M. Baghloul a signalé que le problème des produits agissant comme compléments alimentaires est loin d'être réglé. «Aujourd'hui, a-t-il indiqué, nous voyons sur le marché que ces produits sont en abondance car il est maintenant à la portée de n'importe quel commerçant de ramener de l'étranger des compléments alimentaires qui sont conditionnés sous forme de médicament. Et quand nous voyons la définition légale ‘'OMS'' (Organisation mondiale de la santé), cela suppose que celui-ci est passé par la filière officielle. Ce qui est tout à fait inexact. Le procédé est fait pour cacher un produit ramené par la filière informelle et par conteneurs entiers. Ce qui représente un réel danger pour le consommateur. Aussi, nous ne cesserons jamais de demander aux pouvoirs publics de veiller à ce que ces produits passent par le circuit légal, c'est-à-dire par le contrôle du Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques, et réservés à la vente exclusive en pharmacie, comme nous le faisions, dans un temps pas lointain, avec la tenue d'un registre de santé publique». Et de déplorer à la fin que les produits incriminés s'écoulent sans la moindre traçabilité: «que sont ces produits ' D'où viennent-ils ' Où vont-ils ' Et l'absence de traçabilité, donc de contrôle, peut causer beaucoup de dégâts», estime notre interlocuteur.




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