Algérie

Les pharmaciens demandent "une tolérance fiscale"


Ils ont formulé un nombre de propositions pour atténuer les effets induits par les mesures de prévention et de lutte contre le coronavirus.La pandémie de Covid-19 a durement impacté le marché officinal. En effet, les 10 986 pharmaciens d'officine en activité à travers le territoire national interpellent le Premier ministre sur leur situation financière de "vulnérabilité extrême". Dans une longue lettre adressée au Premier ministre avec copie au président de la République, ces professionnels du médicament lancent un véritable SOS. L'interpellation des pharmaciens est, en fait, intervenue après avoir attendu vainement "une invitation" à une consultation intersectorielle sur l'impact économique de la pandémie de Covid-19, en application des instructions du chef de l'Etat.
À défaut d'être écoutés par un membre du gouvernement, les tenants des officines s'en sont remis au Premier ministre dans l'espoir que leurs doléances liées aux effets induits par l'épidémie, soit examinées et prises en compte. Organisés en Syndicat national des pharmaciens d'officine, les professionnels du médicament ont adressé à M. Abdelaziz Djerad un rapport assez circonstancié sur l'"état de santé" des officines qui font face à une importante baisse d'activité en ces temps de Covid-19.
Ils ont ainsi formulé un nombre de propositions pour atténuer les effets induits par les mesures de prévention et de lutte contre le coronavirus, prises par l'Etat. "Nous avons fait des propositions afin de permettre aux pharmaciens, fortement impliqués dans la lutte anti-corona, et plusieurs actions de solidarité nationale, de continuer à jouer leur rôle au sein du système de santé". En fait, ils attendent un "geste fort" de la part des pouvoirs publics.
Selon les rapports parvenus des différentes wilayas, le Snapo relève une baisse d'activité de l'ordre de 70% ces trois derniers mois. Alors que la pharmacie d'officine reste une activité "réglementée, par des prix et marges réduits, fortement liée aux conventions avec les différentes caisses de sécurité sociale". EIles sont également soumises au paiement des charges fixes (salaires, loyers, et autres charges fiscales et parafiscales), "tout en demeurant dans l'obligation d'assurer une continuité de service, et de garde de jour et de nuit".
En dépit de ces charges conjuguées à la forte baisse d'activité, les pharmaciens qui emploient, pas moins de 50 290 agents, sont soumis au régime d'imposition fiscale réel. Pour toutes ces raisons, les pharmaciens d'officine réclament une tolérance fiscale exceptionnelle. "Une réduction de 10 points. Un taux d'imposition à 1,10 au lieu du taux actuel qui est de 1,20". "Cette tolérance fiscale doit comprendre également la suppression du G50 à partir du mois de février 2020, et ce, jusqu'à la fin de la crise actuelle".
Même, l'administration fiscale conclut traditionnellement dans ses rapports à "l'impossibilité de dissimulation du chiffre d'affaires pour les officines pharmaceutiques", souhaite le Snapo. Les professionnels n'ont pas manqué de rappeler que le marché du médicament reste l'un des rares secteurs qui est régi par une réglementation soumise à des règles de déontologie, à l'exemple de celle qui régit l'officine par le décret exécutif n°92-276 de juillet 1992. "Les 10 986 pharmaciens contribuent, à eux seuls, au recouvrement de 20% de la TAP à l'échelle nationale".

58 millions d'ordonnances traitées annuellement
Sur un autre registre, les gérants de microentreprise de dispensation de médicaments et d'accompagnement des malades demandent l'intervention du gouvernement auprès des caisses de sécurité pour pouvoir récupérer leur dû. "Les paiements à vue des pharmaciens par les caisses de sécurité sociale dès le dépôt des ordonnances du tiers payant au niveau des centre payeurs n'étant pas appliqués par ces caisses selon l'article 20 du décret n°09-396".
Le système Chifa représente jusqu'à 90% du chiffre d'affaires des officines pharmaceutiques. En fait, les retards de paiement aggravent davantage la situation des officines dont certaines risquent une asphyxie financière. Les pharmaciens traitent annuellement plus de 58 millions d'ordonnances dans le cadre du tiers payant. Sur le plan économique, les auteurs de la lettre ont évoqué que les conditions d'exercice de la profession, sont devenues beaucoup plus difficiles qu'au cours des années 90.
Les pharmaciens se sont engagés ces dernières années dans des projets et objectifs de souveraineté nationale. "Tiers payant, système Chifa, tarif de référence, promotion du médicament générique , encouragement et développement de la production nationale, tout en subissant d'énormes charges sur le plan de l'investissement en moyen humains et matériels". Ce qui n'a pas été sans conséquences sur la fonctionnalité des officines.
Pour le Snapo, la croissance économique de l'activité de la pharmacie a connu un ralentissement inquiétant. Elle a chuté de 7% en 2014 à 2,7%.
Cependant, les charges fixes des officines ne cessent d'augmenter soit en termes de valeur et en volume en raison des nouvelles missions administratives dévolues aux pharmaciens, ce qui nécessite la mobilisation et le recrutement importants du personnel. "Les charges salariales ont explosé.
Le personnel employé qui s'occupait de l'encaissement des ventes au comptant s'est retrouvé à faire beaucoup plus de travail administratif avec paiement différé, passant par des opérations de saisie, de facturation, d'impression, de décollage et recollage de vignettes, de tri de factures, d'ordonnances, et de bordereaux d'envoi d'assurés sociaux aux structures de la sécurité sociale pour contrôle, activation des droits, fournitures de pièces administratives".
En fait, l'engagement social du pharmacien dans le cadre du tiers payant semble engendrer des dépenses supplémentaires qui pèsent lourdement sur le budget de la pharmacie. "L'officine qui avait deux ou trois employés, se voit obligée désormais de fonctionner, pour le même chiffre d'affaires, et pour moins de bénéfice et plus de charges, avec deux ou trois employés en plus". C'est dire que le conventionnement augmente "le risque de gestion au niveau de l'officine et diminue son seuil de rentabilité".
Sur un autre plan, les pharmaciens attirent l'attention du Premier ministre sur les marges de la vente des médicaments au détail par les officines pharmaceutiques. La marge moyenne réelle annuelle calculée selon le chiffre d'affaires réellement réalisé par chaque officine ne dépasse pas les 23%.
Ce qui constitue, selon le Snapo, une perte sèche de 10 points par rapport au décret exécutif n°98-44 du 1er février 1998 qui accordait une marge de 33%. Plus de 92% du chiffre d'affaires des ventes ne dépassent pas la marge bénéficiaire de 20%. Alors que près de 80% des médicaments sont cédés entre70 DA à 140 DA.

Hanafi H.
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