Algérie

LES PHARMACIENS CRIENT LEUR COLÈRE



«Nos médicaments moisissent dans les caves»
«Il n’y a pas un seul incinérateur agréé en Algérie», déplorent les pharmaciens. Des dizaines de tonnes de médicaments périmés se trouvent au niveau des officines, a révélé, hier, M.Fayçal Abed, président national du Syndicat des pharmaciens d’officine (Snapo). «L’incinération se faisait auparavant dans des décharges publiques. Aujourd’hui, nous ne faisons plus cette opération. Le département de l’environnement a, depuis l’année 2002, interdit l’incinération au niveau des décharges publiques en raison de la protection de la santé des citoyens et de l’environnement», a expliqué M.Abed, lors d’une conférence de presse animée au siège du syndicat.Il cite l’exemple des trois hangars du groupe pharmaceutique Saidal remplis de produits périmés. «Saidal a demandé l’installation d’un incinérateur mais la commune a refusé», dit-il. Le conférencier indique que les incinérateurs existent dans les hôpitaux, mais ces derniers incinèrent leurs produits. Cependant, il n’y a pas un seul incinérateur agréé en Algérie, déplore-t-il.«Le comble, ajoute M.Abed, est que les médecins inspecteurs ont pénalisé des pharmaciens pour détention de produits périmés!». Pour le chargé de la communication au Snapo, Messaoud Belambri, c’est normal qu’il y ait des produits périmés au niveau des pharmacies «car nous ne sommes pas sûrs de leur écoulement».Les syndicalistes s’inquiètent ainsi sur leur sort. «Nous avons demandé une audience au ministre de l’Environnement et celui de la Santé pour régler cette situation le plus rapidement possible.»Abordant le chapitre des psychotropes, M.Abed a appelé les autorités concernées à élaborer une liste officielle actualisée des psychotropes, et ce, afin de clarifier le classement de ces médicaments. «Il faut établir la liste de ces médicaments car, actuellement, il n’y a pas de liste officielle qui détermine ces produits pour que le pharmacien soit éclairé et prenne ces précautions», a précisé le président du Snapo. Il souligne que la seule liste qui existe est celle de 1990 donnant 12 produis psychotropes. «Cette liste doit être complétée», réclame-t-il.La liste des psychotropes n’est pas actualiséeEn outre, les syndicalistes contestent fortement les nouvelles marges bénéficiaires applicables à la production, au conditionnement et à la distribution des médicaments. La marge d’aujourd’hui n’encourage pas du tout le générique et va au contraire dans l’encouragement du princeps, estime M.Belambri.«Si nous calculons une marge brute, nous nous retrouvons à 12% ou 13% de marges bénéficiaires. Il n’y a pas de différence entre l’ancien et le nouveau systèmes. Ces marges sont faibles et risquent de causer la faillite des officines». Selon lui, pour promouvoir le générique, trois mesures connues à l’échelle internationale, doivent être instaurées comme cela se fait dans d’autres pays.Il s’agit, dit-il, de l’instauration d’un différentiel fixe, d’un forfait par boîte ainsi que de marges plus importantes. Or, s’insurge M.Belambri, aucune de ces mesures n’est adoptée dans l’actuel décret.«Le princeps et son générique se retrouvent dans le même panier avec les mêmes marges bénéficiaires et donc le générique continuera à être pénalisé car aucun opérateur ne peut tenir avec une marge de 17%. C’est une marge inacceptable», a-t-il contesté et d’ajouter «c’est le coup de grâce pour l’officine en Algérie».Il avertit ainsi sur les conséquences qui découleront de l’application de ce nouveau système des marges. «Si la marge n’est pas suffisamment rémunérante pour l’opérateur cela se répercutera sur les médicaments et nous conduira inéluctablement à des situations de pénurie», prévient le conférencier.Sur sa lancée, il enchaîne: «Avec ces nouvelles marges fixées par le décret exécutif adopté, le 27 mai dernier, en Conseil de gouvernement, nous allons assister à la disparition de certains produits au niveau de nos officines, chose qui aura un impact négatif sur l’accessibilité aux soins.»Ainsi, les pharmaciens estiment que le décret ne peut être mis en vigueur dans sa forme actuelle et réclame sa révision.Le texte du décret en question stipule que plus le coût du produit est réduit plus la marge bénéficiaire du pharmacien ou du distributeur est importante et inversement. La marge bénéficiaire pour un médicament qui coûte 200DA est estimée à 17% pour le grossiste et à 70% pour le détaillant alors que l’ancienne loi qui régissait ce domaine qui date de l’année 1998 instituait une marge de 20% pour les médicaments qui coûtent plus de 150 Da. Face à cette situation, le Snapo a adressé des correspondances au ministre de la Santé et à celui du Commerce.M.Abed a affirmé aussi avoir communiqué un rapport détaillé à la chefferie du gouvernement retraçant la situation réelle des officines sur plusieurs aspects et appelant la révision de ce décret, signalant que le Snapo ´´ne restera pas indifférent et est prêt à mener une action nationale´´ en cas d’absence de dialogue et de considération à ses doléances.En outre, concernant l’inspection, les syndicalistes soulignent que les praticiens inspecteurs «méconnaissent» la loi.«Par exemple, les inspecteurs menacent les pharmacies de fermeture parce que ces dernières effectuent les analyses médicales». A noter que le conseil national du Snapo se tiendra mercredi prochain.


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