Algérie

Les pharmaciens accusent


Une pénurie de médicaments provoquée. Les professionnels sont unanimes à parler, désormais, de rupture de stocks voulue sur le marché des médicaments qui est depuis plus de six mois en ébullition. Cette conclusion a été tirée juste après la décision du ministère de la Santé de signer les programmes d'importation bloqués depuis plusieurs mois. « Si cette rupture n'était pas voulue, comment expliquer alors la mise sur le marché de certains produits juste après que les importations aient été débloquées», fera remarquer un responsable du syndicat national des pharmaciens d'officines (SNAPO).

Pour parler de tous ces problèmes du médicament et de la profession, ce syndicat compte organiser, demain, une conférence de presse animée par son président, M. Fayçal Abed. Quelques jours après l'installation du nouveau ministre de la Santé, les pharmaciens veulent faire le point sur tous les dossiers qui sont restés en suspens au temps de l'ancien ministre Amar Tou et par la même entamer de nouvelles discussions avec le responsable du secteur notamment sur les nouvelles marges bénéficiaires qui ont provoqué un mécontentement général au sein de la corporation. « C'est la catastrophe et la ruine pour le pharmacien », selon le président du SNAPO.

En attendant une ouverture de dialogue entre les deux parties, les professionnels restent sceptiques sur le devenir de la profession et la résolution de la crise du médicament. Le problème demeure entier nous confient certains pharmaciens et distributeurs de produits pharmaceutiques. La vente concomitante, l'exclusivité du marché, le diktat des importateurs, l'augmentation de la facture du médicament et la non-maîtrise du marché par l'Etat laissent les professionnels pessimistes sur une éventuelle évolution dans le domaine.

« Tant qu'il y aura des ruptures de stocks, la facture du médicament va encore augmenter et ce n'est pas le tarif de référence qui va faire diminuer cette facture », a expliqué, hier, un distributeur de produits pharmaceutiques. Selon son estimation, la liste des produits en rupture est longue, actuellement, de plus de 150 produits.

Les médicaments pour les maladies cardio-vasculaires, du diabète, de l'hypertension, du cancer manquent toujours sur le marché et les quotas qui sont distribués de temps à autre ne répondent pas à la demande.

A titre d'exemple, indique le même interlocuteur, les médicaments qui sont prescrits pour les malades hypertendus ont été distribués en petites quantités, il y a quelques jours et vendus tout de suite après. «Avec ce médicament qui est très demandé, l'importateur nous impose d'autres produits qui connaissent une mévente. Chaque fois qu'une rupture est provoquée, c'est le stock des produits qui connaissent une mévente qui est écoulé », a tenu à préciser ce distributeur.

Quant aux autres médicaments très demandés tels que les corticoïdes, Tamgesic, pour les cancéreux, Célestène, un anti-inflammatoire, ils ne sont pas disponibles sur le marché. Ce sont les malades qui ont payé les frais de cette crise qui perdure. Malgré le cri de détresse lancé par plusieurs associations, des cancéreux, des diabétiques et des hémopathies sur la souffrance de ces malades, rien n'a été fait pour soulager leur douleur.

Pour une réorganisation, certains professionnels plaident pour la libération du marché et la levée de l'exclusivité des marchés. D'autres appellent les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités pour maîtriser le marché.


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