Les petits pères du peuple
Dans le discours officiel, la population est montée au pinacle chantée et glorifiée. On l?affuble même d?une ample toison d?or. Professions de foi sirupeuses, excès de louanges. On s?épanche langoureusement sur ses qualités, ses mérites. Tel ministre qui bourlingue sous les feux des lampions pour n?importe quelle mission d?utilité publique. Aucune trémie n?est de trop pour se faire voir. Tel autre qui joue à l?abbé Pierre. En bon samaritain, il s?élance, court et vol au secours des sans-abri. Caméra à l?appui. La main sur le c?ur et la larme presque à l??il, il sème la charité. Tout est cousu de fil blanc, afin que les gens sachent et attestent. Mais dès lors, que cette population se rebiffe, proteste contre un sort qui n?a rien d?idyllique, le vernis du paternalisme et de la sollicitude se fissure. L?apôtre angélique devient moine bourru et acariâtre qui se fait prendre la main au collet. Par on ne sait quelle opération du Saint-Esprit, il affiche sa vraie nature. Matraque oblige, on recourt à un dialogue musclé qui laisse des traces et alimente la vindicte populaire. Le fossé se creuse et les inimitiés se renflouent. Pour les habitants de Bentalha, pour ne citer que le dernier épisode de la confrontation qui s?enracine, il est difficile de faire porter ses revendications aux petits pères du peuple. Janus aux deux visages. L?immuable côté cour et côté jardin qui régit le quotidien. Quand le ton monte, la caméra prend bien soin de s?éclipser. Les paroles mielleuses deviennent fiel. C?est l?empoignade que l?on justifie plus tard par un dessin maléfique concocté par une « main occulte ».
Posté Le : 02/02/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com