Algérie

Les petits pas de la réforme de la régulation financière mondiale


Les dirigeants des 20 plus grandes économies de la planète se retrouvent aujourd'hui et demain à Pittsburgh, au nord-est des Etats-Unis, pour tenter de mettre en place une nouvelle régulation financière internationale. La question de l'encadrement des bonus et celle des fonds propres des banques s'annoncent ardues en raison des profondes divergences qui opposent les Européens aux Américains. Concrètement, il est surtout attendu des participants à ce sommet de mettre en 'uvre leurs engagements pris en avril dernier à Londres, destinés à enrayer durablement la crise. Partant, il est à prévoir que la question lancinante de la réforme de la finance mondiale monopolise les débats ainsi que le souhaite M. Obama. Le président américain a d'ailleurs appelé à l'avance ses invités, dans un message de bienvenue, à élaborer un nouveau « code de la route » financier pour éviter que la crise survenue il y a une année jour pour jour ne se produise à nouveau. Les pays du G20 doivent aussi se pencher sur la question des paradis fiscaux, des fonds spéculatifs ou encore du rôle du Fonds monétaire international (FMI). Sur ces derniers points, les pays émergents, dont la Chine et le Brésil, entendent bien obtenir des engagements sur la réforme de la gouvernance du fonds où ils s'estiment sous-représentés. Cependant, leurs voix risquent fort de ne pas être entendues en raison du fait qu'ils assisteront au somment américain du G20 en rangs dispersés. Les grandes puissances émergentes comme la Chine, l'Inde, le Brésil et la Russie ont en effet rallié les Etats-Unis avec en tête des priorités sensiblement différentes. Si les trois premiers pays cités veulent des réformes pour peser davantage sur la gouvernance des marchés financiers, en ayant davantage voix au chapitre dans des institutions comme la Banque mondiale et le FMI, la Russie cherche en revanche beaucoup plus à renforcer le rôle des pays en développement. Moscou veut, en effet, s'assurer qu'il n'y a pas une accumulation des risques, comme cela s'est produit avant la crise économique mondiale survenue l'an dernier.Les Européens ont peur du changementDe leur côté, les Européens ' qui apparaissent complètement désintéressés par la réforme du FMI ' veulent obtenir une limitation des primes des banquiers alors que les Américains ne veulent absolument pas en entendre parler. Les observateurs présagent également un bras de fer sur la question des fonds propres des banques. Les Européens redoutent en effet que la mesure profite avant tout aux banques américaines. Eu égard au fait que la consommation américaine ne peut plus être, à elle seule, le moteur de l'économie internationale, les observateurs s'attendent à ce que les Etats-Unis proposent également un cadre de coopération macroéconomique renforcé destiné à mieux répartir les fruits de la croissance mondiale. La proposition, si elle venait à être adoptée, n'ira certainement pas pour déplaire aux pays en développement dans la mesure où le FMI sera chargé, dans cette éventualité, de veiller à ce que la structure de la croissance mondiale ne soit plus porteuse de déséquilibres. Mais au-delà des différends qui opposent les uns aux autres, l'ensemble des participants s'accorde sur la nécessité de continuer à appliquer jusqu'au bout les plans de sortie de crise pour restaurer les finances publiques des pays les plus touchés et, surtout, de ne pas baisser la garde malgré un début de reprise de l'économie mondiale. Il y a aussi un consensus pour que les banques centrales poursuivent leur politique monétaire accommodante. Cela tout en veillant, bien sûr, à ce que les pays ne tombent pas dans le piège du protectionnisme. Au moment où les pays luttent désespérément pour leur survie, le réflexe de défense exagéré développé par certains pays comme ceux de l'UE peut toutefois bien rendre le pari de Pittsburgh difficile à relever. Pourtant, tout le monde sait qu'il n'y a pas d'alternative au changement et à la réforme. Et pour une fois, il se peut bien que le salut vienne des Américains. Si c'est le cas, les Européens suivront probablement à petits pas. Mais ils suivront !
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