Algérie

Les petits footballeurs, la formation et... Godot


Les petits footballeurs, la formation et... Godot
Qu'il y ait un match de football entre l'équipe nationale et une équipe étrangère et c'est tout le pays qui est pris de fièvre et qui retient son souffle. Tout s'arrête, il n'y a qu'une chose qui compte : le match. Le silence s'abat sur les villes, les rues sont moins grouillantes. La balle ronde est la plus adulée, que ce soit au sein des grandes villes ou dans les villages, c'est la chose la mieux partagée. Ce ne sont pas seulement les matchs internationaux qui accaparent les esprits, les rencontres nationales sont l'objet d'une passion folle. Des débats entre adultes, au sein des cafés et jusque sur les lieux de travail, jusqu'aux discussions de gamins habités trop vite par le football. A peine sevrés qu'ils tapent dans le ballon et qu'ils connaissent déjà tous les noms de joueurs nationaux et internationaux et qu'ils savent tout des compétitions des leagues européennes et qu'ils en sont fans. Ils en apprennent également toutes les techniques qu'ils se plaisent à mettre en pratique' dans la rue. Car ce sont les trottoirs et la chaussée - avec tous les risques induits- qui s'offrent à ces footballeurs en herbe à défaut d'un site approprié. L'accès aux stades communaux est exclu s'ils ne font pas partie de l'équipe locale, seule admise sur les lieux et seule à bénéficier du budget de la municipalité qui semble ne pas voir l'intérêt de donner l'opportunité à tous les petits passionnés de foot de jouer dans un cadre organisé. Elle est bel et bien révolue, l'époque où la rue était le vivier des équipes dont les responsables puisaient parmi les plus doués qu'ils voyaient à l''uvre. Bien des compétences finissent par se fondre au milieu de l'aphasie et de l'indifférence de ceux qui sont censés les «dénicher» pour, en même temps, leur donner leur chance d'évoluer de manière structurée et de doter les équipes de jeunes talents en mesure d'apporter un plus. Les calculs et les magouilles ont sérieusement entaché le sport roi qui s'appauvrit de plus en plus en termes de joueurs haut de gamme, formés dès la petite enfance. A défaut, on se résout à battre le rappel en direction des binationaux dont on attend qu'ils redorent le blason de l'équipe nationale. Des joueurs qu'on applaudit ou qu'on conspue et dont on dit qu'ils manquent de motivation, selon la qualité de leurs performances sur le terrain. Tout en continuant toutefois à ignorer ces graines de joueurs qui emplissent les quartiers, les responsables dédaignant la formation. D'ailleurs, ni l'école (les trois paliers confondus) ni l'université ne fournissent les équipes, ces infrastructures ayant tourné le dos au sport depuis longtemps. On s'étonne après cela que les résultats ne cessent de dégringoler et on regarde ailleurs que là où il faut regarder pour trouver les failles. En attendant que les responsables du sport se réveillent un jour pour voir où se trouve le mal - comme qui attendrait Godot - réjouissons-nous des performances d'une équipe «d'importation» lorsqu'elle gagne et flagellons-la quand elle est défaillante.
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