Algérie

Les pertes "sèches" de l'eau potable



Sans détour. Il l'a dit le 15 mars dernier devant les sénateurs. Il l'a redit, samedi dernier, à partir de Guelma où il était en visite. «L'alimentation en eau potable sera renforcée et meilleure dans toutes les communes du pays pour le mois du Ramadhan et l'été 2018» répète à qui veut l'entendre notre ministre des Ressources en eau, Hocine Necib. Il faut dire que l'été 2017 a été mal vécu par le secteur. Pas moins de 16 wilayas ont enregistré de sérieuses perturbations dans la distribution de l'eau potable. Quelles sont les causes' Lors d'une réunion qu'il avait tenue l'été dernier, durant ces perturbations, avec les directeurs de wilayas de son secteur et les directeurs des unités de l'Algérienne des eaux, le ministre voulait «mettre le doigt sur les vrais problèmes». En écoutant les exposés de ses représentants au niveau local. Il leur a interdit d'utiliser la langue de bois et lui dire la vérité, toute la vérité. Parmi les causes citées, il y a eu la vétusté des canalisations, les branchements illicites, les coupures de courant électrique, le manque de savoir-faire des régies communales, leur manque de moyens aussi, et enfin et dans certains cas seulement, il y avait l'insuffisance des quantités d'eau à distribuer. C'était il y a une année. Qu'est-ce qui a changé depuis pour étayer l'affirmation de samedi dernier du ministre qui assure que «la distribution sera nettement meilleure que l'année précédente»' Des opérations d'envergure inscrites dans le programme d'urgence qui a été arrêté suite aux pénuries dans les 16 wilayas, ont été entreprises. Ce qui a nécessité «d'énormes moyens financiers mobilisés par l'Etat» a précisé Necib. Il nous faut reconnaître que jusque-là si ce n'est pas tout à fait «la langue de bois», ce n'est pas encore la «maison de verre». Car l'une des principales causes surgit (sans en avoir l'air) au détour du discours du ministre. Très remonté, il annonce que «des mesures draconiennes» seront prises contre les voleurs d'eau. Il précise même que «3000 cas de branchement illicite ont été traduits en justice». Il s'agit, vous l'aurez compris, de cas découverts. Comme cela se passe sous terre, il n'est pas sûr que ce soit les seuls. Pour le savoir, il suffit de collationner les quantités mises en distribution et celles qui ont fait l'objet de facturation. Il y a un sérieux «trou» que tous les responsables attribuent aux fuites dues à la «vétusté des canalisations» qui nous font perdre, disent-ils, jusqu'à 50% de nos ressources. C'est trop facile. D'une part parce que ces fuites sont là depuis des décennies. Ensuite parce qu'il y a des fuites «visibles» et d'autres qui ne le sont pas. Il a même été question d'équipements pour détecter ces fuites «sèches». Comment, dans ce cas, pouvoir faire la différence entre les fuites et les branchements illicites' La réponse est à chercher dans cette énormité. Un responsable du secteur n'a pas hésité à affirmer, sur un plateau de la télévision publique, que la distribution intermittente était le meilleur moyen de lutter contre le gaspillage causé par les fuites. Génial!


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